Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose : des attentes élevées

24 mai 2018

Une prochaine réunion de haut niveau des Nations Unies consacrée à la tuberculose fait naître l’attente que les efforts déployés pour en finir avec la tuberculose prennent un tournant décisif en 2018. Profitant des coulisses de la 71e Assemblée mondiale de la Santé, le Fonds mondial s’est entretenu avec des ministres de la santé du monde entier. Ils se sont dit optimistes d’assister à une étape charnière de la lutte contre la tuberculose en 2018, ainsi que pour les efforts mis en place pour concrétiser l’Objectif de développement durable n°3, qui vise à permettre à tous de vivre en bonne santé et à promouvoir le bien-être de tous.

Nous souhaitons que ce soit les chefs d’État qui assistent à la réunion de haut niveau des Nations Unies. Nous voulons qu’ils viennent personnellement. La question de la tuberculose déborde désormais clairement du champ de compétences des ministres de la santé, du fait des trop nombreux déterminants politiques, économiques et sociaux liés à la maladie. La première chose que les chefs d’État doivent faire, c’est de venir en personne. La deuxième consistera à prendre un engagement autour des cinq demandes que j’ai énoncées dans mon discours – l’une d’entre elles étant de s’engager à allouer 0,1 pour cent du produit national brut à la recherche et au développement pour la tuberculose. Nous avons besoin de nouveaux outils, faute de quoi nous ne changerons rien [à la situation] même si nous accélérons le rythme de nos efforts actuels. Dès lors qu’ils seront venus et se seront engagés envers ces « demandes », nous rentrerons chez nous et nous entamerons la mise en œuvre, à commencer par une mobilisation des sociétés pour qu’elles s’unissent à cet effort. C’est comme cela que nous commencerons à en finir avec la tuberculose.

Voici les « cinq demandes » que M. Motsoaledi a présentées à un débat des ministres de la santé des BRICS lors de l’Assemblée mondiale de la Santé :

  1. atteindre toutes les personnes en comblant les lacunes en matière de diagnostic, de traitement et de prévention de la tuberculose
  2. faire évoluer la riposte à la tuberculose pour la rendre équitable, fondée sur les droits et centrée sur les personnes
  3. accélérer la conception de nouveaux outils essentiels pour en finir avec la tuberculose
  4. investir les fonds nécessaires pour en finir avec la tuberculose
  5. s’engager à faire preuve d’un leadership mondial décisif et responsable, notamment en faisant régulièrement rapport aux Nations Unies et en procédant à des examens réguliers

La réunion de haut niveau des Nations Unies est importante. Toute question qui mérite l’attention des chefs d’État est importante. Si les pays parviennent à obtenir l’engagement des chefs d’État et de gouvernement, nous pouvons aboutir à une riposte mondiale coordonnée au problème majeur que la tuberculose continue de poser. Avec un engagement politique, il sera possible de trouver les moyens nécessaires. Cela signifie qu’il appartiendra désormais aux chefs d’État et de gouvernement de rendre des comptes. Cela signifie aussi qu’ils voudront suivre la façon dont les choses évoluent et les progrès que les pays réalisent face au fléau que représente la tuberculose. Il est important de noter que cette réunion de haut niveau est susceptible d’amener une hausse des moyens financiers. J’espère que cela permettra de sauver les millions de vies sur lesquelles la tuberculose prélève aujourd’hui son tribut.

Cela fait trop longtemps que l’Inde combat la tuberculose et il est désormais temps d’en finir avec elle. Le Premier ministre Narendra Modi a lancé un appel pour que l’Inde vienne à bout de la tuberculose d’ici 2025, soit cinq ans avant la date visée par les Objectifs de développement durable.

Nous attendons de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies qu’elle aboutisse à de nouvelles stratégies pour aller au-devant des personnes vulnérables. Nous attendons également une orientation technique à l’appui de médicaments plus efficaces, de manière à pouvoir faire rapidement reculer la maladie. En ce qui concerne l’Inde, nous sommes disposés à partager nos expériences en termes de médicaments, d’orientation et d’appui technique. Le Premier ministre Modi a indiqué que si nos pays voisins souhaitaient de médicaments de première intention contre la tuberculose, l’Inde était disposée à les mettre gratuitement à disposition. Nous attendons également des autres pays qu’ils prennent un engagement politique sans équivoque, en particulier les pays voisins très fortement touchés par la maladie. Ces pays devront aller de l’avant, car la tuberculose y est également très présente. L’Inde peut être une source d’inspiration pour d’autres pays voisins fortement touchés. Nous voulons que les États dont c’est le cas adoptent une stratégie agressive en la matière.

À la réunion de haut niveau des Nations Unies consacrée à la tuberculose, les dirigeants et les partenaires doivent venir avec des solutions pour aider les pays à localiser les cas manquant à l’appel. L’écart est énorme entre les estimations faites par les partenaires de la santé mondiale et les cas que nous parvenons effectivement à repérer sur le terrain. Pour en finir avec la maladie, il est essentiel de trouver ces cas manquant à l’appel.

S’agissant de l’Objectif de développement durable n°3, le Burkina Faso a lancé plusieurs initiatives visant à lever les obstacles qui entravent l’accès aux soins de santé – un accès qui est essentiel aux populations les plus vulnérables pour en finir avec les épidémies. Les principaux ingrédients qui nous ont permis d’engranger des succès contre le VIH sont : un leadership politique ferme, d’importantes ressources nationales et des systèmes de santé communautaire solides. Nous appliquons ces enseignements aux autres maladies afin de concrétiser l’Objectif de développement durable n°3. Un conseil d’experts a été mis sur pied au sein du Ministère de la Santé dans le but de suivre de près nos progrès et de garantir que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre cet objectif.

À la réunion de haut niveau des Nations Unies, les pays devraient venir avec des stratégies pour accroître le financement alloué à la tuberculose, en particulier à partir de sources locales. Les pays dépendent beaucoup de financements internationaux provenant de partenaires comme le Fonds mondial. Nous devons nous poser la question de savoir comment nous allons financer ces programmes sur le plan local. Il n’est pas bon de dépendre fortement d’investissements internationaux, car cela n’offre aucune garantie de pérennité. Nous ne sommes pas en train de dire que les partenaires internationaux devraient interrompre leurs financements, mais nous devons garantir la pérennité des programmes en imaginant de bonnes solutions pour lever des fonds au niveau national. Au Swaziland, nous testons ce modèle pour le paludisme en invitant le monde des affaires à s’associer à nous. Nous devons faire de même avec la tuberculose. La fiscalité des produits du tabac est une autre question qu’il conviendrait d’aborder à cette réunion. Les taxes peuvent limiter l’accès au tabac et alléger le poids que fait pèser la maladie sur nos établissements de santé. Par ailleurs, l’argent que nous obtenons ainsi nous aidera à acheter les médicaments et les produits dont nous avons besoin pour mettre en œuvre les programmes de lutte contre la tuberculose.

Les dirigeants présents à la réunion de haut niveau des Nations Unies en septembre devront s’accorder sur des mesures concrètes pour renforcer les systèmes de santé dans le monde et mettre à disposition les outils dont chaque pays a besoin pour contenir et traiter les cas de tuberculose. Nous perdrons les avancées réalisées dans la lutte contre la tuberculose si nous ne nous occupons pas efficacement de la santé des populations migrantes. Nous constatons que les migrants sont de plus en plus nombreux à être infectés par une forme multirésistante de la tuberculose. C’est là la véritable menace. Les pays d’Afrique centrale, dont le Cameroun, sont confrontés à d’importants flux migratoires des campagnes vers les villes, mais également entre pays limitrophes.

L’accès universel à des soins de santé de qualité est au cœur de notre stratégie pour atteindre l’Objectif de développement durable n°3. Il est primordial de veiller à ce que les populations les plus vulnérables – les enfants et les femmes – aient accès aux services de santé essentiels. Les principaux axes de notre plan prévoient l’élargissement des services de préventions pour le VIH, la tuberculose et le paludisme, la prise en charge de la malnutrition infantile et la lutte contre la discrimination des personnes vivant avec le VIH. Nous attendons 2019 avec impatience, car cette année sera celle du lancement officiel de la couverture sanitaire universelle au Cameroun.

La tuberculose sévit depuis des millénaires. Nous avons besoin d’un engagement politique ferme de la part des responsables de haut niveau qui ont la possibilité de prendre des décisions susceptibles d’avoir une incidence réelle sur la santé publique. En tant que spécialiste des maladies pulmonaires, la tuberculose me touche de façon très personnelle. Le Paraguay appuie cette réunion sans réserve et, en tant que pays, nous allons redire notre engagement à éliminer la tuberculose d’ici 2030. Les Objectifs de développement durable offrent l’occasion d’améliorer la santé publique dans bien des directions en unissant tous les échelons des autorités publiques, les communautés locales, le secteur privé et les ONG, de manière à ce que nous puissions aussi tenir compte des déterminants sociaux de la santé. Pour améliorer la santé, les personnes et les communautés doivent être au cœur des efforts menés.