Le Paraguay, un exemple pour la région en matière de santé publique

11 juin 2018 par Dr Carlos Ignacio Morínigo Aguilera, ministre de la Santé du Paraguay

La certification de l’élimination du paludisme au Paraguay constitue la reconnaissance méritée du travail mené à bien pendant plus de cinquante ans dans ce pays d’Amérique du Sud. C’est également la preuve d’un engagement en faveur du niveau de santé le plus élevé et un exemple de ce qu’il est possible de réaliser en matière de santé publique à l’aide de stratégies de gestion globales, en renforçant la surveillance, en formant les professionnels de la santé et en faisant participer les communautés les plus touchées.

Le Paraguay a enregistré ses dernières flambées épidémiques en 1999 et en 2000, avec près de 9 000 cas, mais le dernier cas de transmission autochtone a été signalé en 2011. Le Programme national de lutte contre le paludisme, qui relève du Service national d’éradication du paludisme (SENEPA), a axé sa stratégie sur le renforcement des capacités locales, avec la collaboration de bénévoles travaillant dans des unités de santé de la famille dans les zones d’endémie.

La participation de ces 5 000 collaborateurs bénévoles dans les communautés les plus isolées du pays, notamment les communautés autochtones, constitue l’une des plus grandes réussites de cet effort d’élimination du paludisme. Parmi les initiatives menées à bien par l’équipe pluridisciplinaire, citons : l’installation d’unités de diagnostic du paludisme dans les zones communautaires les plus exposées au risque et les plus vulnérables, ce qui permet d’obtenir un diagnostic à partir de l’examen d’une goutte de sang dans les 24 heures qui suivent la détection des cas suspects ; le signalement immédiat des cas dans les 24 heures ; le début rapide du traitement, dans les 24 heures qui suivent le diagnostic ; et le suivi personnalisé de chaque cas, auquel vient s’ajouter l’enquête et le contrôle du foyer d’infection dans les 24 heures qui suivent le diagnostic.

Le renforcement de la surveillance dans les zones frontalières des personnes venant de régions endémiques a été un autre outil essentiel pour avancer dans la procédure de certification, dans la mesure où les frontières du pays connaissent un flux constant de populations.

La collaboration entre les divers secteurs et acteurs nationaux et internationaux a été primordiale, tout comme le soutien de plus en plus marqué du secteur privé et l’aide apportée par des organismes comme le Fonds mondial, qui a financé un projet destiné à soutenir la préparation des stratégies d’intervention pour pouvoir renforcer le système de veille sanitaire et offrir une approche intégrée au travers du Ministère de la Santé publique.

Dans les écrits de feu Augusto Roa Bastos, notre auteur le plus célèbre, le Paraguay a longtemps été une île entourée de terres au cœur du continent. Cependant, le Paraguay peut aujourd’hui servir d’exemple à ses voisins. Notre modèle de gestion intégré, auquel participent l’ensemble des acteurs de la santé et des communautés touchées, pourrait servir dans la région des Amériques pour lutter contre d’autres maladies.

Les Objectifs de développement durable offre l’occasion d’améliorer la santé publique dans plusieurs directions, en regroupant tous les échelons des autorités publiques, les communautés locales, le secteur privé et les ONG afin de prendre en considération les déterminants sociaux de la santé et de placer les personnes et les communautés au cœur de nos stratégies.

Dans cette optique, le Paraguay est très attaché à pérenniser ses stratégies de santé sur le long terme. C’est ainsi que le Ministère de la Santé du Paraguay s’attèle au renforcement du cadre juridique avec la loi relative à la tuberculose, la mise en place des conseils nationaux du sida et de la tuberculose et la participation du secteur privé.

« La réussite du Paraguay prouve qu’il est important d’investir dans des systèmes de santé solides et durables et je suis heureux que le Fonds mondial ait pu y contribuer. Nous devons rester vigilants et empêcher la réapparition de la maladie, mais il nous faut aussi célébrer cette victoire »
Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial