Il faut une action urgente pour en finir avec le VIH, la tuberculose et le paludisme

18 septembre 2018 par Peter Sands

Nous réalisons des progrès extraordinaires dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, mais il reste encore bien trop de personnes qui meurent de ces maladies, que l’on peut parfaitement prévenir. Pour en finir avec ces épidémies, nous devons accroître les investissements, accélérer l’innovation et maintenir en permanence notre attention sur l’impact.

Commençons par la bonne nouvelle. Un rapport montre que le partenariat du Fonds mondial a sauvé 27 millions de vies, tout en mettant en place des systèmes résistants et pérennes pour la santé. Ce rapport explique de quelle manière nous avons abaissé les taux de mortalité et d’infection et met en évidence l’effet catalyseur des financements internationaux dès lors qu’ils sont investis dans des programmes intelligents et efficaces.

Ces résultats s’appuient sur les progrès réalisés ces dix dernières années. Ainsi, le nombre de décès dus au sida a chuté de moitié depuis 2005. De nouveaux médicaments antituberculeux ont considérablement amélioré les résultats du traitement, même pour la tuberculose pharmacorésistante. De même, l’incidence du paludisme a fortement baissé grâce à l’association de moustiquaires imprégnées d’insecticide et d’une amélioration du diagnostic et du traitement.

Pourtant, cela ne suffit pas. Ces avancées ne doivent pas faire oublier que les millions de décès causés par les maladies infectieuses ont des conséquences terribles pour les familles et les communautés et entraînent un coût élevé pour les sociétés. À l’échelle mondiale, les taux d’infection à VIH ne baissent pas assez vite et restent extrêmement élevés parmi certaines populations-clés, à l’image des adolescentes et des jeunes femmes. Certes, nous progressons en matière de diagnostic, de traitement et d’observance des soins, mais il nous faut en faire davantage pour enrayer les nouvelles infections.

La tuberculose continue de tuer 1,6 million de personnes chaque année, plus que n’importe quelle autre maladie infectieuse. Pour en finir avec cette épidémie, il nous faudra diagnostiquer et traiter beaucoup plus de cas. Nous devrons aussi faire mieux en matière de repérage et de traitement des formes de la maladie résistantes aux médicaments, dont la menace terrifiante plane sur la sécurité sanitaire mondiale. La réunion de haut niveau que l’Assemblée générale des Nations Unies consacrera à la tuberculose à la fin de ce mois offre à la communauté internationale une occasion unique de changer radicalement la donne à ce sujet.

On ne peut également que s’inquiéter de voir le nombre de cas de paludisme repartir à la hausse après avoir reculé pendant plus de dix années consécutives. Un nombre non négligeable de pays sont en bonne voie pour éliminer le paludisme, comme le Paraguay qui a célébré plus tôt cette année le fait d’être certifié exempt de la maladie. Néanmoins, une résistance accrue aux insecticides et aux médicaments, des facteurs environnementaux, des déficits de financement et des questions d’ordre démographique entraînent de graves difficultés dans les pays les plus fortement touchés.

Pour concrétiser l’objectif de développement durable d’en finir avec l’épidémie d’ici 2030, il nous faut agir de toute urgence pour venir à bout de ces difficultés. La solution passera par une redynamisation de l’engagement politique pour mobiliser davantage de fonds, tant à l’international qu’au niveau de chaque pays. Nous devons sans cesse affiner nos démarches : mieux tirer parti de l’innovation, axer davantage nos programmes sur les personnes, les systématiser et les rendre plus pérennes, et cibler nos interventions en fonction de données chiffrées. Nous devons redire notre détermination à lever les obstacles liés au genre et aux droits humains qui font le terreau des épidémies. Enfin, nous devons reconnaître que la lutte contre les épidémies fait partie intégrante de l’action menée en faveur de la couverture sanitaire universelle et qu’elle est l’une des pierres angulaires de la sécurité sanitaire mondiale et un élément essentiel du programme général de développement durable.

Nous avons en point de mire, mais pas encore totalement à notre portée, la perspective de libérer les communautés du fardeau que leur imposent le VIH, la tuberculose et le paludisme. Aucun mot ne serait trop fort pour évoquer le caractère exceptionnel d’une telle réussite et l’incidence qu’elle aurait en termes de vies sauvée, de bien-être des populations et de développement socio-économique général. Venir à bout du sida, une maladie qui n’est apparue qu’il y a une trentaine d’années, qui a tué plus de 35 millions de personnes et pour laquelle nous n’avons encore ni vaccin, ni moyen de guérison ; vaincre la tuberculose, la maladie infectieuse la plus meurtrière à l’heure actuelle ; éliminer le paludisme, probablement la maladie qui a le plus de morts à son actif depuis des siècles : voilà qui serait véritablement historique.