Pour mettre fin au paludisme, nous devons promouvoir l’équité en matière de santé

25 avril 2024 par Scott Filler, directeur de l’Équipe Paludisme au Fonds mondial

La lutte contre le paludisme est à un tournant décisif. Ces dernières années, les progrès que nous avons accomplis dans la lutte contre la maladie se sont arrêtés, en particulier dans les pays où la charge de morbidité du paludisme est élevée.

Confrontés à de nouveaux défis comme le changement climatique, les conflits et la résistance croissante aux médicaments antipaludiques et aux insecticides, nous risquons de voir s’inverser les progrès réalisés au cours des vingt dernières années contre la maladie. Nous devons agir de toute urgence, en renforçant la collaboration et en investissant davantage de ressources pour éviter tout recul.

Le thème de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme cette année, équité en matière de santé, genre et droits humains, est on ne peut plus approprié. Il nous rappelle que pour protéger les acquis de la lutte contre le paludisme et mettre fin à la maladie une fois pour toutes, nous devons nous efforcer de promouvoir l’équité. Pour y parvenir, nous devons délibérément nous concentrer sur les personnes les plus touchées par le paludisme et déployer davantage d’efforts pour les aider à lutter contre la maladie. Plus nous concentrerons nos ressources sur les personnes qui en ont vraiment besoin, plus nous aurons de chances de vaincre le paludisme.

Dans une volonté d’investir dans les régions où les besoins sont les plus importants, les pays africains doivent être au centre de nos efforts. L’Afrique subsaharienne, où l’on compte près de 94 % de tous les cas de paludisme et 95 % des décès imputables à la maladie, porte la plus grande charge de morbidité du paludisme. Les populations des régions rurales d’Afrique vivant dans la pauvreté sont les plus touchées par la maladie. Au sein de ces populations, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes sont les premières victimes. Selon les estimations, quatre décès liés au paludisme sur cinq dans la région Afrique de l’OMS concernaient des enfants de moins de cinq ans en 2022. À travers le monde, les personnes réfugiées, les personnes migrantes, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et les communautés indigènes sont disproportionnellement touchées par la maladie. Pour vaincre le paludisme, la première étape consiste à garantir un accès équitable aux outils vitaux pour toutes ces populations.

Ces outils comprennent les dernières moustiquaires imprégnées d’insecticide à double action, qui sont plus efficaces contre les moustiques ayant développé une résistance aux moustiquaires standard. D’autres outils comprennent la chimioprévention du paludisme saisonnier pour les enfants de moins de cinq ans, le traitement préventif intermittent pour protéger les femmes enceintes de la maladie et la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticide à effet rémanent, qui consiste à recouvrir d’insecticide les murs et les autres surfaces d’une maison. Récemment, deux nouveaux vaccins – le RTS,S et le R21 – sont venus s’ajouter à la liste. Combinés et déployés dans les régions où les besoins sont les plus importants, ces outils peuvent changer la donne dans la lutte contre le paludisme. Pour qu’ils soient plus efficaces, ils doivent être utilisés conjointement dans le cadre de plans nationaux complets de lutte contre le paludisme. 

Nous devons également trouver de meilleurs moyens de renforcer les systèmes de santé et les systèmes communautaires qui soutiennent la fourniture de ces outils vitaux. Le principe d’équité réside au cœur du fonctionnement optimal des systèmes de santé. En investissant dans le renforcement des soins de santé primaires et dans l’atteinte de la couverture sanitaire universelle, nous pouvons faire en sorte que chaque personne, où qu’elle vive, puisse accéder à des services de prévention et de traitement de qualité dont elle a besoin pour lutter contre le paludisme et le vaincre, sans subir de difficultés financières.

Pour mettre fin au paludisme une fois pour toutes, nous devons nous concentrer sur l’élimination des obstacles à l’atteinte de l’équité en matière de santé.