Méthodologie

Le Fonds mondial s’est engagé à faire preuve de transparence au sujet des données qu’il utilise, des méthodologies qu’il emploie, des résultats qu’il communique et de l’impact réalisé par le partenariat. Il est également désireux d’exposer le raisonnement qui sous-tend ses approches, autant que les limites de celles-ci. L’indice de transparence Aid Transparency Index 2022 a reconnu les systèmes rigoureux du Fonds mondial et son engagement envers la transparence en accordant à l’organisation la mention « Bien ».

Note sur les résultats programmatiques

Une approche de partenariat pour la communication des résultats

L’approche de communication des résultats et de l’impact du Fonds mondial a été élaborée par le partenariat lui-même, sous la direction du Conseil d’administration, des partenaires techniques et d’autres parties prenantes.

L’objectif premier du Fonds mondial est de mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme d’ici 2030 dans les pays où il investit. Pour préparer sa stratégie pour la période 2017-2022, le Fonds mondial a mené, en 2015 et 2016, une vaste consultation auprès du partenariat sur la communication des résultats et la mesure de l’impact des investissements de l’organisation dans les programmes nationaux. Il a été décidé par consensus que les résultats globaux des pays étaient la meilleure référence pour la mesure des progrès par rapport aux cibles fixées dans la stratégie du Fonds mondial pour la période 2017-2022 ainsi que vers l’atteinte de l’objectif ultime : mettre fin aux trois maladies d’ici 2030. Ce sont donc les résultats des pays qui sont le point de départ de toute évaluation de la performance du Fonds mondial. Cette approche a été reprise dans la stratégie du Fonds mondial pour la période 2023-2028. L’objectif du Fonds mondial est de garantir le succès des programmes nationaux dans lesquels il investit avec d’autres bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, et de compléter les contributions nationales des pays.

Pour les raisons évoquées ci-dessus, le Fonds mondial publie les résultats globaux des pays dans lesquels il investit, plutôt que ceux de projets ou d’interventions spécifiques. Cette approche reflète l’un de ses principes fondamentaux : soutenir des stratégies et des programmes nationaux de santé visant à atteindre des objectifs à l’échelle du pays. En utilisant les résultats globaux des pays, le Fonds mondial peut montrer l’impact des programmes qu’il finance avec le concours des partenaires nationaux et internationaux. Ces résultats indiquent si les pays sont sur la voie de l’élimination des trois maladies à l’horizon 2030. Cette approche écarte le risque que les réalisations de programmes spécifiques appuyés par le Fonds mondial soient célébrées alors que le pays dans son ensemble stagne ou régresse. En outre, l’utilisation des résultats globaux des pays prévient toute attribution indue d’une part de l’impact à tel ou tel acteur. La plupart des interventions et des programmes appuyés par le Fonds mondial sont de nature mixte, faisant intervenir des ressources nationales et des investissements du Fonds mondial. Plusieurs font également intervenir d’autres donateurs externes. Attribuer les résultats à différents partenaires participant au même programme comporte nécessairement une part d’arbitraire et ignore la nature interdépendante des interventions de santé publique.

Par exemple, dans un programme national de traitement du VIH, le Fonds mondial peut fournir les antirétroviraux et appuyer le travail de sensibilisation communautaire, le PEPFAR peut financer les interventions cliniques et les tests en laboratoire, et le gouvernement peut financer la chaîne d’approvisionnement et les infrastructures. Dans cette situation, la contribution de chaque partenaire est indispensable au fonctionnement du programme. L’analyse de scénarios où l’on écarte la contribution de l’un des bailleurs de fonds en conservant celle des autres serait probablement trompeuse ou demanderait que l’on pose des hypothèses arbitraires. Fidèle à son approche collaborative de financement des programmes, le Fonds mondial estime que, lorsque les gouvernements, les partenaires bilatéraux, les partenaires techniques et lui-même contribuent au même programme, tous devraient citer les mêmes résultats.

La communication des résultats globaux des pays offre une perspective d’ensemble et permet au Fonds mondial de concevoir des interventions qui maximisent sa contribution à l’atteinte des objectifs globaux de chacun des pays pour les trois maladies.

Pour compléter la communication des résultats globaux des pays, le Fonds mondial dresse des profils plus détaillés pour les pays à fort impact, c’est-à-dire les pays qui enregistrent la plus lourde charge de morbidité. Ces profils sont mis à jour régulièrement et peuvent être consultés sur le site de l’Explorateur de données (en anglais).

Le Fonds mondial met également à disposition des données ouvertes sur l’état d’avancement des subventions, accessibles sur le Service de données du Fonds mondial (en anglais). Les données de notre portefeuille sont accessibles au moyen de notre interface de programmation d’applications (API), où des ensembles de données et des rapports sont disponibles en téléchargement. L’API est disponible sur le Service de données.

Performance des investissements du Fonds mondial

Bien qu’il mesure sa performance à l’aune des résultats des pays, le Fonds mondial mesure et communique également la performance de programmes et d’interventions spécifiques qu’il subventionne. Cet exercice assure l’optimisation des ressources et le suivi de la performance de ses investissements. Le Manuel des indicateurs clé de performance du Fonds mondialtélécharger en English ] (Key Performance Indicators Handbook) pour la stratégie 2023-2028 établit les modalités de communication des indicateurs clés de performance au Conseil d’administration pour une série de paramètres couvrant des domaines dépendant de la performance des investissements du Fonds mondial, comme la performance de programmes individuels au regard des jalons et des cibles de la subvention qui ont été convenus, les taux d’absorption, la satisfaction des engagements de cofinancement, les indicateurs de la chaîne d’approvisionnement, la performance des indicateurs d’équité / genre / droits humains, le soutien à la prestation de services de haute qualité centrés sur la personne, l’avancement de la préparation aux pandémies et les initiatives d’orientation du marché des produits de santé.

Le Fonds mondial fournit également des informations financières et programmatiques additionnelles propres aux pays pour compléter ses rapports périodiques sur les résultats des pays et les indicateurs clés de performance. Cet exercice permet aux parties prenantes de voir comment les investissements du Fonds mondial s’imbriquent avec les investissements des gouvernements et d’autres partenaires dans les pays à fort impact. Les profils des résultats des pays à fort impact peuvent être consultés sur le site de l’Explorateur de données du Fonds mondial.

Investir dans la qualité des données des pays

Le Fonds mondial investit dans le renforcement des systèmes d’information sanitaire des pays, un investissement indispensable à la disponibilité en temps opportun de données de qualité sur le VIH, la tuberculose et le paludisme. Les priorités du Fonds mondial en matière de systèmes d’information sanitaire sont les suivantes :

  1. appuyer les capacités nationales et infranationales d’analyse, d’interprétation et d’utilisation des données ;
  2. renforcer les fondements et la gouvernance de systèmes nationaux de données interopérables ;
  3. optimiser des niveaux plus avancés de numérisation en fonction du contexte du pays et de son niveau de préparation (en utilisant, par exemple, des profils de maturité).

Au cours du cycle de subvention 2021-2023, le Fonds mondial a investi plus de 150 millions de dollars US par année dans le renforcement des systèmes de santé numérique et d’information sanitaire dans les pays. L’objectif était d’améliorer la disponibilité, la qualité et l’agilité des données, et de faciliter ainsi l’interprétation et l’utilisation des données et des informations sanitaires. En outre, le Fonds mondial a aidé les programmes nationaux de santé de plus de 80 pays à appliquer des modèles de transmission de la maladie et des outils d’établissement des coûts pour renseigner la préparation de plans stratégiques nationaux et de demandes de financement, et permettre ainsi une allocation stratégique des ressources dans les interventions, les régions et les groupes de population afin de maximiser l’impact. Le Fonds mondial a également aidé des partenaires techniques à institutionnaliser les évaluations de l’impact dans le cadre des programmes nationaux. Par exemple, l’ONUSIDA a intégré les évaluations de l’impact à ses ateliers de renforcement des capacités pour l’estimation de la charge de morbidité.

Notes sur les méthodes d’estimation du nombre de vies sauvées par les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme soutenus par le Fonds mondial

Pour dénombrer les vies sauvées par les programmes qu’il finance, le Fonds mondial emprunte les méthodes actuellement utilisées par ses partenaires techniques (voir les détails ci-dessous), qui suivent les recommandations d’un comité d’experts réuni en juillet 2014 pour aborder les problèmes méthodologiques liés à l’estimation des vies sauvées. Le comité était composé de sommités dans le domaine, de partenaires techniques et d’autres organisations de la santé mondiale, dont le PEPFAR, l’OMS, l’ONUSIDA, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme et le Partenariat Halte à la tuberculose. Le comité a formulé plusieurs recommandations destinées à améliorer la méthode de calcul du nombre de vies sauvées employée par le Fonds mondial, et publié un compte rendu détaillé de sa réunion : Groupe d'experts sur l'impact sanitaire des investissements du Fonds mondial, Genèvetélécharger en English ] (Expert Panel on Health Impact of Global Fund Investments, Geneva). De plus, l’examen stratégique 2015 (Strategic Review 2015), réalisé à la demande du Groupe technique de référence en évaluation, un comité indépendant, puis examiné et approuvé par le Comité de la Stratégie du Conseil d’administration du Fonds mondial, a conclu que le modèle utilisé par le Fonds mondial pour mesurer l’impact était satisfaisant.

Afin d’offrir un soutien et des conseils en continu, le Fonds mondial a également mis sur pied un groupe d’orientation pour la modélisation composé de partenaires techniques, dont l’OMS et l’ONUSIDA, d’experts en modélisation provenant d’institutions universitaires de premier plan et d’autres partenaires. Ce groupe d’experts fournit régulièrement des conseils et un soutien technique sur les modèles de transmission des maladies utilisés par le Fonds mondial, décrit en détail les problèmes méthodologiques concernant la mesure de l’impact et de l’efficacité des programmes soutenus par le Fonds mondial et aborde les limites des approches actuelles.

Sources des données

Chaque année, l’OMS et l’ONUSIDA publient des estimations actualisées de la charge de morbidité du VIH, de la tuberculose et du paludisme et produisent une estimation du nombre de vies sauvées par les programmes nationaux de santé pour les trois maladies. Le nombre de vies sauvées indiqué dans le Rapport 2023 sur les résultats du Fonds mondial fait référence au portefeuille de pays dans lesquels le Fonds mondial investit depuis sa création. Il est basé sur les dernières estimations de l’OMS sur les vies sauvées par les programmes de lutte contre la tuberculose et le paludisme et les dernières estimations de l’ONUSIDA et d’Avenir Health sur les vies sauvées par les programmes de lutte contre le VIH. Les calculs sont décrits dans la section suivante.

Méthode de calcul

Le nombre de vies sauvées en une année dans un pays est estimé en soustrayant le nombre de décès enregistré du nombre de décès qui aurait été enregistré dans un scénario contrefactuel où les interventions clés de lutte contre les maladies n’auraient pas été menées.

Durant la période définie par uppercase tau symbol, le nombre de vies sauvées est estimé comme suit :

Delta D x Taureprésente les décès imputables à la maladie évités et Uppercase X symbol représente les différentes maladies, soit :

  • VIH
  • Tuberculose chez les personnes séronégatives au VIH[1]
  • Paludisme

Pour le rapport publié en septembre 2023, uppercase tau symbol représente les années civiles complètes 2005-2022 inclusivement.

Dans chacun des cas, et pour chaque maladie, le nombre de décès évités est la différence entre le nombre de décès enregistré sous deux scénarios durant la période uppercase tau symbol calculée comme suit :

Où :
est un modèle pour la maladie Lowercase x symbol dans le pays , qui représente l’évolution observée de l’épidémie ; représente le même modèle estimé dans le scénario contrefactuel, c’est-à-dire l’absence de lutte contre la maladie (les dérivations de ces modèles pour chaque maladie sont décrites ci-après) ; est le nombre de décès dans l’année Lowercase t symbol dans l’un ou l’autre des modèles ; est l’ensemble de pays compris dans le portefeuille du Fonds mondial pour la maladie Lowercase x symbol.

est la fraction de l’impact à l’échelle nationale pour une maladie donnée et pour une année donnée dans le pays qui est indiquée dans les rapports du Fonds mondial. Jusqu’à la fin de 2016, le Fonds mondial n’indiquait le nombre total de vies sauvées dans un pays que si une série de critères relatifs aux résultats programmatiques communiqués étaient satisfaits. Parmi ces critères, on comptait un seuil minimum de décaissement du Fonds mondial dans les programmes spécifiques, soit en chiffres absolus ou en pourcentage des dépenses publiques officielles. Depuis 2017, après consultation du Conseil d’administration et des partenaires clés, une approche entièrement contributive est appliquée, c’est-à-dire que le nombre total de vies sauvées est compté par année et par pays où le Fonds mondial investit. Ainsi, est une fonction indicatrice montrant si les résultats d’un pays donné sont inclus dans une année donnée, alors que .

Modèles spécifiques aux maladies

Cette section offre un survol des modèles utilisés par les partenaires techniques pour estimer le nombre de vies sauvées.

VIH

Des informations détaillées sur les modèles AIM et GOALS de Spectrum peuvent être consultées ici.

: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations publiées par le modèle AIM de l’ONUSIDA.

: Ce modèle est identique à aux exceptions suivantes :

Avant 2017 :

  • Le modèle AIM est utilisé.
  • On postule que la couverture du traitement antirétroviral est nulle chaque année.

Après 2017 :

  • Le modèle GOALS est utilisé, sauf si le pays n’avait pas de modèle GOALS, auquel cas son modèle AIM est utilisé à la place.
  • On postule que la couverture du traitement antirétroviral est nulle en 2017 et les années ultérieures.
  • Les valeurs des paramètres relatifs aux « comportements à risque » de l’année 2015 sont utilisées pour les années ultérieures.

Tuberculose

Pour estimer le nombre de décès évités par les interventions de lutte contre la tuberculose, on compare le nombre de décès imputables à la tuberculose enregistré au nombre de décès imputables à la tuberculose qui aurait été enregistré en l’absence d’un traitement contre la tuberculose (et sans traitement antirétroviral associé au traitement de la tuberculose dans le cas des personnes séropositives au VIH). Le deuxième nombre peut être estimé de façon prudente comme le nombre de cas incidents multiplié par le taux de létalité estimé de la tuberculose non traitée. On emploie pour ce calcul les taux de létalité des cas séronégatifs au VIH seulement, afin d’éviter de compter deux fois les décès évités chez les patients tuberculeux séropositifs au VIH. L’estimation du nombre de décès évités est prudente, car elle ne tient pas compte de l’impact des services de lutte contre la tuberculose ni de la disponibilité du traitement antirétroviral sur le taux d’incidence de la tuberculose, pas plus qu’elle ne tient compte des impacts indirects de ces interventions sur les niveaux d’infection, le nombre de cas et la mortalité en aval (des informations détaillées sur les méthodes employées par l’OMS pour estimer la réduction de la charge de morbidité et les décès évités peuvent être consultées ici).

: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations de réduction de la charge de morbidité et de décès évités publiées par le Programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS.

: Ce modèle est identique à à l’exception suivante :

  • Le taux de létalité pour tous les cas est égal à celui des cas non traités (scénario d’absence de traitement) sans impact sur la transmission ou d’autres dynamiques de la maladie.

est seulement défini par rapport au nombre de décès, dérivé comme suit :

Theta symbol est le taux de létalité parmi les cas non traités. (Noter que cette valeur est la même pour tous les pays et toutes les périodes.)

Paludisme

La méthode de l’OMS est appliquée pour le calcul des décès évités. Celle-ci consiste à comparer la mortalité annuelle estimée du paludisme avec les taux de mortalité du paludisme par habitant à risque en l’an 2000.

: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations publiées par le Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS.

: Ce modèle est identique à aux exceptions suivantes :

  • Une recrudescence de l’épidémie jusqu’au niveau estimé (rétrospectivement) pour l’an 2000.

est seulement défini par rapport au nombre de décès, dérivé comme suit :

est le ratio entre la population à risque à l’an Lowercase t et la population à risque à l’an 2000, selon le modèle de simulation du paludisme de l’Imperial College London, Uppercase Y zero lowercase c ; ainsi :

 est le nombre de personnes vivant dans des zones à risque de paludisme estimé par l’OMS.

Des notes sur la méthode d’estimation des résultats des investissements du Fonds mondial visant à atténuer les impacts du COVID-19 peuvent être consultées icitélécharger en English | Français ] .

[1] Pour la tuberculose, les modèles se limitent à la tuberculose chez les personnes séronégatives au VIH ; les résultats chez les personnes séropositives au VIH atteintes de la tuberculose sont comptés dans les statistiques du VIH seulement.