Le financement mixte associe des fonds de subvention à des financements provenant de banques multilatérales et d’autres institutions financières. Il participe à renforcer l’alignement et la coordination entre les partenaires de développement et aide les pays de mise en œuvre à mettre en place des systèmes de santé plus solides, plus résistants et mieux équipés pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Il soutient parallèlement des interventions de santé essentielles, comme l’élargissement de l’accès aux traitements, la réforme des régimes d’assurance-maladie ou l’atteinte des populations vulnérables.

Le financement mixte complète le financement conventionnel du Fonds mondial au moyen de subventions et s’inscrit dans son approche globale visant à mobiliser des ressources supplémentaires pour la santé et pour la lutte contre les trois maladies. L’organisation peut ainsi recourir à différents mécanismes financiers pour atteindre ses objectifs, ce qui lui permet d’obtenir des emprunts pour le secteur social et de collaborer plus étroitement avec d’autres partenaires financiers pour renforcer les systèmes de santé et communautaires et lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

Les transactions de financement mixte ne contribuent pas uniquement à élargir l’éventail des ressources à la disposition du Fonds mondial : elles bénéficient aussi à d’autres institutions partenaires. Lorsque celles-ci envisagent d’investir dans les systèmes de santé, elles peuvent compter sur l’expertise unique du Fonds mondial en matière de lutte contre les trois maladies et de renforcement des systèmes de santé.

Le financement mixte en chiffres

  • Au total, quatorze investissements ont été réalisés au titre du financement mixte.
  • Un total de 215 millions de dollars US ont été investis au moyen de financements mixtes, une somme complétée à hauteur de 3,5 milliards de dollars US par les investissements provenant de partenaires et de pays.
  • En Inde et en Indonésie, des mécanismes de rachat de prêts ont permis de débloquer près de 700 millions de dollars US en faveur du secteur de la santé à travers plusieurs investissements du Fonds mondial à hauteur d’environ 60 millions de dollars US.

Études de cas de financement mixte

Améliorer l’accès à la gestion des cas de paludisme et au traitement préventif du paludisme pendant la grossesse

Le Fonds mondial a contribué 22,9 millions de dollars US à une opération de financement mixte avec le Soudan du Sud totalisant environ 375 millions de dollars US en financement de donateurs. Ces financements élargissent l’accès à un ensemble de services de santé et de nutrition de base, dont la gestion des cas de paludisme et le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse. Ils assurent en outre un meilleur alignement des partenaires pour la riposte dans les contextes d’intervention difficile et devraient améliorer la couverture programmatique de la lutte contre le paludisme, car ils permettent d’étendre les services primaires à davantage de communautés, de renforcer des systèmes de santé essentiels à une riposte durable et de réaliser des gains d’efficacité, notamment pour la coordination de la planification, la distribution de médicaments, ou encore les interventions en cas d’inondations ou d’autres situations complexes.

Atteindre les populations migrantes pour leur apporter des services vitaux de lutte contre le VIH

Depuis 2013, la crise économique qui touche le Venezuela a provoqué des déplacements de population vers la Colombie voisine. Selon les estimations de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), près de 2,8 millions de migrants vénézuéliens vivaient en Colombie en septembre 2024. Si beaucoup d’entre eux bénéficient d’une couverture de santé grâce à leur statut temporaire de protection, ils font aussi face à des obstacles susceptibles de restreindre leur plein accès aux soins.

Le Programme pour un accès amélioré des populations vulnérables à des services de santé efficaces et une résilience renforcée des systèmes de santé (Program for Improved Access to Effective Health Services for the Vulnerable and Enhanced Health System Resilience) centralise 300 millions de dollars US de la Banque mondiale et 5 millions de dollars US du Fonds mondial. En partenariat avec le gouvernement de la Colombie, ce programme vise à renforcer le système de santé du pays et prévoit notamment certaines mesures pour atteindre les populations migrantes et leur apporter des services vitaux de lutte contre le VIH.

La contribution du Fonds mondial a participé à mettre en place un indicateur de décaissement pour évaluer la capacité des personnes migrantes à accéder à des services complets de lutte contre le VIH, comme la thérapie antirétrovirale. Elle s’ajoute à l’investissement global du Fonds mondial pour combattre le VIH en Colombie, qui a notamment pour priorité de soutenir les populations clés et vulnérables qui se heurtent à des obstacles pour accéder aux services de santé.

Transformer la lutte contre la tuberculose en complétant les financements

Deuxième pays le plus touché par la tuberculose dans le monde, l’Indonésie représente à elle seule 8 % des cas à l’échelle mondiale.

La lutte contre la tuberculose y est essentiellement soutenue par des financements nationaux, qui ont considérablement augmenté ces dernières années. Pourtant, il subsiste un important déficit de financement et des réformes essentielles sont nécessaires dans le domaine de la santé. Pour contribuer à lever ces obstacles, le Fonds mondial, la Banque mondiale et le gouvernement indonésien ont collaboré au rachat d’un prêt afin d’améliorer la couverture, la qualité et l’efficacité de la lutte contre la maladie dans le pays.

Avec un investissement de 21,1 millions de dollars US, le Fonds mondial a aidé le gouvernement de l’Indonésie à développer et à approuver un projet de la Banque mondiale de 300 millions de dollars US destiné à stimuler d’importantes réformes de la santé et à renforcer la riposte nationale à la tuberculose.

En complément du financement continu assuré par les subventions du Fonds mondial, l’initiative vise à soutenir des réformes du système de santé au niveau infranational, notamment en matière de financement des soins primaires, d’engagement avec le secteur privé et de santé numérique, des objectifs qui ne pourraient être atteints uniquement au moyen de subventions.

Intégrer la prise en charge du VIH et de la tuberculose dans le système de soins de santé primaires

Ces dernières années, la République démocratique populaire lao a accompli des progrès significatifs dans les services de santé et de nutrition, mais les taux de mortalité maternelle et de sous-alimentation chronique chez l’enfant restent parmi les plus élevés de la région. Le pays affiche une charge de morbidité élevée pour la tuberculose et fait face à une épidémie de VIH concentrée. Si les programmes nationaux de lutte contre le VIH et la tuberculose ont beaucoup progressé au cours des dernières années et enregistrent des taux de succès thérapeutique élevés, il leur reste difficile de recenser les cas manquants dans les milieux qui échappent à leurs radars et les zones difficiles d’accès.

Pour aider à résoudre cette problématique, le Fonds mondial a commencé dès 2020 à soutenir le projet gouvernemental d’accès aux services de santé et de nutrition baptisé HANSA (Health and Nutrition Services Access Project). À ce titre, il a conclu un accord de cofinancement parallèle réunissant 36 millions de dollars US, auquel il participe à hauteur de 10 millions de dollars US aux côtés de la Banque mondiale (23 millions de dollars US) et du gouvernement australien (3 millions de dollars US). Mis en œuvre par le ministère de la Santé de la République démocratique populaire lao et des organisations de la société civile, le projet HANSA a permis d’aider les femmes, les enfants et les personnes vivant dans des zones difficiles d’accès ainsi que les populations clés et vulnérables à accéder à des services de santé et de nutrition essentiels, y compris aux programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose. Grâce à ce partenariat unique, le projet HANSA a renforcé les soins de santé primaires, notamment en améliorant l’intégration des services de lutte contre les deux maladies.

Compte tenu du succès du premier projet HANSA, une seconde phase a été lancée en 2024, HANSA 2. Totalisant 62 millions de dollars US, elle s’attaque aux problèmes de longue date qui entravent l’accès des communautés rurales aux services de santé, plus particulièrement pour les femmes et les enfants appartenant à des populations ethniques et les personnes que les programmes ne parviennent pas à atteindre. La République démocratique populaire lao, dans le cadre d’un investissement conjoint avec la Banque mondiale, Gavi, l’Alliance du Vaccin et le gouvernement australien, investit la totalité des 17,5 millions de dollars US alloués par le Fonds mondial pour la période 2024-2026 dans le projet HANSA 2.

Le projet HANSA 2 a toujours pour vocation de soutenir l’amélioration de la qualité des services de santé et de nutrition en République démocratique populaire lao ainsi que l’accès à ces services dans les zones mal desservies du pays. Cette initiative permettra de renforcer la prévention contre la tuberculose et la couverture de son traitement, et d’améliorer l’accès aux services de lutte contre le VIH pour les populations clés et les personnes vivant avec le VIH et le sida. HANSA 2 poursuivra également son soutien à l’intégration des services de lutte contre la tuberculose et le VIH dans le système de soins de santé primaires et à l’établissement de systèmes de santé résilients face au climat. D’autres partenaires de la santé mondiale contribueront également au programme en apportant une assistance technique.