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Publié le : 24 septembre 2024

La résistance aux antimicrobiens

Le défi

La résistance aux antimicrobiens compte aujourd’hui parmi les dix plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale. Il est question de résistance aux antimicrobiens lorsque, au fil des mutations, les microbes causant les maladies finissent par ne plus réagir aux médicaments censés les éliminer. Le phénomène amenuise l’efficacité des antibiotiques et des autres médicaments antimicrobiens, ce qui accroît les risques de propagation d’infections incurables. Les conséquences – des maladies graves et des mortalités élevées – pourraient submerger les systèmes de santé.

La résistance aux antibiotiques affecte disproportionnément les personnes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, à commencer par les pays d’Afrique subsaharienne, région la plus lourdement touchée par la résistance aux antimicrobiens. La pharmacorésistance menace déjà des traitements couramment utilisés contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Les infections bactériennes sont la deuxième cause d’hospitalisation parmi les personnes vivant avec le VIH, après les maladies liées au sida. Les patients atteints du VIH et de la tuberculose fréquentent plus souvent les services de santé, ce qui augmente leur risque de contracter des infections. En outre, les erreurs de diagnostic de la tuberculose et du paludisme occasionnent un recours excessif aux traitements antibiotiques, qui est un facteur contribuant à la résistance aux antimicrobiens.

La résistance aux antimicrobiens est également un problème d’équité dans le domaine de la santé. Des personnes meurent faute d’accès à des antibiotiques vitaux et à des tests de diagnostic permettant de prescrire les bons médicaments, ou parce qu’elles manquent d’information à leur sujet. Tant que chaque individu ne jouira pas d’un accès équitable aux outils, aux services et à l’information vitaux pour sa santé, les maladies continueront de se propager par delà des frontières, et la résistance continuera d’affaiblir les outils que nous utilisons pour les combattre, menaçant l’humanité entière.

Notre riposte

La stratégie du Fonds mondial pour la période 2023-2028 établit le rôle essentiel que nous avons à jouer en matière de résistance aux antimicrobiens. Nos investissements directs dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme (comme le dépistage, le diagnostic précoce, le traitement, la prévention, la prise en charge et le soutien) contribuent à atténuer la résistance aux médicaments contre ces maladies et à d’autres antimicrobiens, notamment en améliorant les capacités de diagnostic. Cette contribution est complétée par nos investissements de longue date dans le renforcement des systèmes de santé et la préparation et la riposte aux pandémies, ainsi que par notre soutien aux efforts de surveillance et de diagnostic des nouvelles menaces, des nouveaux agents pathogènes et des variants dangereux.

Des systèmes de santé résilients pour affronter la résistance aux antimicrobiens

Face aux risques grandissants de résistance aux antimicrobiens, il devient impératif de renforcer les systèmes de santé et communautaires. Le Fonds mondial est la plus importante organisation multilatérale qui offre des subventions pour le renforcement des systèmes de santé et communautaires. Au cours de la période 2023-2025, nous investissons environ 2 milliards de dollars US1 par année dans ce domaine.

La prévention et le contrôle des infections sont un élément clé du renforcement des systèmes de santé et des systèmes communautaires, car ils sont d’excellents moyens d’endiguer la propagation de la résistance aux antimicrobiens. Plus de 74 millions de dollars US de nos investissements pour la période 2023-2025 proviennent de notre dispositif de riposte au COVID-19 (C19RM) et sont spécifiquement alloués à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Nous visons notamment l’amélioration des réseaux de laboratoires, la surveillance de la résistance aux antimicrobiens et la prévention et le contrôle des infections.

Le Fonds mondial soutient également des projets ciblés au moyen d’investissements limités en gestion centralisée, qui contribuent à prévenir et à contrôler la propagation de la résistance aux antimicrobiens. En 2022, nous avons lancé le projet STELLAR dans le but de stimuler le renforcement à long terme des systèmes de laboratoire dans un groupe de pays africains. Ces activités contribueront à renforcer la préparation à la lutte contre la résistance aux antibactériens.

Les communautés mobilisées pour la surveillance et le contrôle des maladies

Les communautés sont en première ligne de la riposte aux flambées épidémiques. Il est essentiel que celles-ci, de même que les organisations de la société civile, participent activement à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Par l’intermédiaire de deux projets d’investissements limités en gestion centralisée, le Fonds mondial facilite la participation des communautés à des activités de préparation aux pandémies, au niveau national et infranational, qui intègrent l’équité en santé, les droits humains et l’égalité des genres :

  • Le projet de participation communautaire à la préparation et à la riposte aux pandémies Communities in Pandemic Preparedness and Response – Community Engagement (COPPER CE) partage entre huit pays (Cameroun, Cambodge, Indonésie, Kenya, Libéria, Nigéria, Philippines et Sierra Leone) des investissements totalisant environ 2 millions de dollars US pour la période 2024-2025.
  • Un projet de suivi dirigé par la communauté partage entre 15 pays (Burkina Faso, Cameroun, Haïti, Kenya, Libéria, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigéria, Philippines, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Leone et Zambie) des investissements totalisant 2 millions de dollars US pour la période 2024-2025.

Le Fonds mondial est le plus grand investisseur individuel dans les médicaments et les diagnostics de qualité garantie pour les pays à revenu faible ou intermédiaire, avec des investissements annuels de 2,5 milliards de dollars US dans les produits de santé. Nous avons tiré parti de nos capacités d’orientation des marchés pour négocier à la baisse le prix d’instruments de laboratoire, de réactifs et de produits servant à la détection de la résistance aux antimicrobiens qui sont utilisés contre des infections bactériennes courantes, et non seulement contre la tuberculose pharmacorésistante. Notre mécanisme d’achat groupé représente 25 % du marché mondial des traitements antirétroviraux contre le VIH. Plus de 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent le plus récent traitement antirétroviral à base de dolutégravir. Nos investissements ciblent la surveillance de la résistance aux antirétroviraux contre le VIH, ainsi que le maintien des personnes vivant avec le VIH sous un traitement optimisé qui maintient la suppression de la charge virale et qui prévient l’apparition de la résistance.

Les principaux atouts du Fonds mondial dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sont sa capacité à mettre en œuvre efficacement des subventions ciblées et son soutien au renforcement des systèmes de santé et communautaires. Nos capacités inégalées d’orientation des marchés, notre expertise en matière d’achats groupés dans plus de 80 pays et nos partenariats de longue date avec des fournisseurs de produits de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme favorisent l’équité d’accès à des produits de santé de qualité garantie.

Pour une efficacité maximale, toute nouvelle initiative d’accès en lien avec la résistance aux antimicrobiens devra s’appuyer sur les plateformes existantes, comme le mécanisme d’achat groupé et le modèle de financement par subventions du Fonds mondial.

La riposte mondiale à la résistance aux antimicrobiens repose sur des partenariats et des actions sur plusieurs niveaux, et le Fonds mondial est prêt à poursuivre son travail avec ses partenaires pour s’attaquer à cette menace pour la santé mondiale.

La résistance aux antimicrobiens : une menace grandissante pour la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme

Nous comptons sur les antibiotiques pour traiter tout un éventail d’infections potentiellement mortelles. Mais les bactéries évoluent et deviennent plus résistantes aux médicaments dont nous disposons. Des infections autrefois guérissables sont devenues incurables.

La résistance aux antimicrobiens est l’une des menaces pour la santé publique qui grandit le plus rapidement. Chaque année, plus de cinq millions de décès sont associés à la résistance aux antimicrobiens. Il s’agit de la troisième cause de mortalité dans le monde. Les personnes vivant avec le VIH, la tuberculose et le paludisme sont particulièrement vulnérables aux infections dont la résistance aux traitements est grandissante.

Le partenariat du Fonds mondial investit dans des systèmes de santé solides, capables de diagnostiquer les maladies avec précision et de prescrire les bons antibiotiques pour les traiter, ainsi que dans de nouveaux médicaments efficaces contre les bactéries résistantes et émergentes.

Nous pouvons vaincre la résistance aux antimicrobiens – et mettre tout le monde, partout, à l’abri des maladies infectieuses.

[1] Ce chiffre repose sur la méthodologie du Comité de la Stratégie récemment approuvée, qui intègre les investissements directs dans les systèmes résistants et pérennes pour la santé (SRPS) et les contributions aux SRPS par le biais des investissements dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme (SRPS « contributifs »). Le montant est dérivé des budgets des subventions approuvées et signées et des investissements catalytiques en lien avec les SRPS, et comprend le C19RM. Cette méthodologie ne tient pas compte des frais de fonctionnement du Secrétariat du Fonds mondial.