Le 26 juin 2024
GENÈVE / PORT-AU-PRINCE – Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial) a approuvé plus de 1,8 million de dollars US de financement d’urgence pour fournir au plus vite des services de prévention du VIH et de la tuberculose aux victimes et personnes survivantes de violences fondées sur le genre, aux personnes déplacées et aux autres groupes vulnérables. Les fonds d’urgence viennent s’ajouter à la subvention de 85 millions de dollars US s’étalant sur trois ans, qui a débuté le 1er janvier 2024.
« L’escalade dramatique des violences fondées sur le genre en Haïti depuis que le pays s’est encore plus enfoncé dans la crise le 29 février dernier a eu des conséquences immédiates gravissimes pour la santé et a augmenté le risque de transmission du VIH, a déclaré Jaime Briz de Felipe, gestionnaire principal de portefeuille au Fonds mondial. Les violences fondées sur le genre sont des violations graves des droits humains ainsi qu’un outrage à l’égalité des genres. »
Selon les données disponibles, entre janvier et mars 2024, 1 793 actes de violences fondées sur le genre, desquels 75 % étaient des violences sexuelles, ont été déclarés par les prestataires de services du sous-groupe dédié aux violences fondées sur le genre. Seulement 25 % des victimes et personnes survivantes ayant déclaré de telles violences ont bénéficié d’une prise en charge médicale dans les 72 heures faisant suite à l’incident.
« La disponibilité de sang non contaminé à transfuser sans danger pour éviter la transmission du VIH et des hépatites est une autre priorité », a ajouté Jaime Briz de Felipe.
Les fonds d’urgence seront utilisés aux fins suivantes :
Selon la Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, une augmentation de 53 % du nombre de victimes a été enregistrée au premier trimestre de 2024 par rapport à la période précédente, avec environ 2 500 personnes tuées ou blessées par des gangs.
On estime que 33 % de la population a été exposée à des violences entre le 29 février 2024, lorsque les gangs ont pris le contrôle du pays, et le 24 mai. En date de juin, on estime que plus de 578 000 personnes ont été déplacées en Haïti, dont 185 000 personnes déplacées dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Des attaques armées ont visé des structures de santé et des pharmacies, mettant encore plus à mal le système de santé. On estime que 20 % seulement des structures de santé de Port-au-Prince fonctionnent, tandis que l’Hôpital de l’Université d’État, le plus grand du pays, reste fermé pour des raisons de sécurité.
C’est la deuxième fois qu’un financement d’urgence est attribué à Haïti. En 2021, 1 million de dollars US avait été consacré à une campagne de prévention et de traitement d’urgence du paludisme dans les départements les plus durement touchés par le terrible tremblement de terre.
Depuis la création du Fonds mondial en 2002, un total de 603 millions de dollars US a été investi dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme en Haïti. Ces investissements ont également contribué au renforcement du système de santé du pays.
Alors que la prévalence du VIH est restée stable, les nouvelles infections à VIH ont diminué de 59 % entre 2010 et 2021, et les décès liés au sida ont eux diminué de 72 % au cours de la même période. En ce qui concerne la tuberculose, l’incidence de la maladie a diminué de 18 % entre 2015 et 2021, mais les décès survenus au cours de cette période ont augmenté de 9,5 %.
La subvention VIH/Tuberculose du Fonds mondial en cours vise à réduire la transmission, la morbidité et la mortalité du VIH et de la tuberculose au niveau national au cours de la période 2024-2026. Les priorités de cette subvention comprennent l’extension des services de prévention, de dépistage, de traitement et de prise en charge différenciés du VIH au moyen d’une approche centrée sur la personne et communautaire, et l’amélioration du dépistage de la tuberculose, de la détection de la tuberculose pharmacorésistante, de la gestion des cas de tuberculose, de la recherche des cas contacts et du suivi du traitement.
La crise actuelle entrave la réalisation des objectifs de la subvention. Le pays est confronté à des difficultés de mise en œuvre, y compris des perturbations dans la fourniture des services, un accès limité aux zones contrôlées par les gangs, des difficultés de transport dues à l’insécurité et à la pénurie, des ressources humaines insuffisantes et l’augmentation des coûts de l’activité économique.