Communiqués de presse

Rapport sur les résultats du Fonds mondial : 70 millions de vies ont été sauvées, mais les progrès sont menacés

Le nouveau rapport met en lumière de grandes avancées dans la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais nous met en garde : sans un engagement et des investissements renouvelés, les progrès durement acquis pendant des décennies risquent d’être anéantis. La huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial doit être réussie si l’on souhaite conserver une trajectoire qui mènera à l’élimination de ces maladies mortelles.

Le 10 septembre 2025

GENÈVE – Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial) a publié aujourd’hui son Rapport sur les résultats annuel, qui annonce le franchissement d’un jalon extraordinaire : 70 millions de vies ont été sauvées depuis sa création en 2002.

En moins d’un quart de siècle, le partenariat du Fonds mondial – grâce au leadership des gouvernements nationaux, des communautés touchées et des agentes et agents de santé de première ligne – a réduit le taux de mortalité combiné du sida, de la tuberculose et du paludisme de 63 %, et le taux d’incidence combiné de 42 %.

« Ces résultats montrent qu’avec des outils efficaces, de solides partenariats et un investissement soutenu, nous pouvons mettre la santé mondiale sur la bonne voie, a affirmé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. Mais dans un contexte géopolitique en évolution rapide, il n’y a pas de place pour la complaisance. La communauté de la santé mondiale doit agir plus rapidement pour se défragmenter, éliminer les doubles emplois et faciliter la tâche des pays qui collaborent avec nous. Le Fonds mondial s’est engagé à opérer des changements audacieux pour maximiser l’impact de chaque dollar investi, répondre aux besoins changeants des pays et accélérer la transition vers des systèmes de santé dirigés et financés par les pays. » 

Le rapport atteste du retour sur investissement significatif qu’obtient le partenariat du Fonds mondial, et souligne la constante progression de la lutte contre les trois maladies : nombre record de personnes sous thérapie antirétrovirale pour le VIH, traitement d’un nombre record de personnes atteintes de la tuberculose et intensification continue des efforts de prévention du paludisme.

VIH et sida

En 2024, dans les pays où le Fonds mondial investit, 88 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique, 79 % de ces personnes étaient sous thérapie antirétrovirale et 74 % des personnes sous thérapie antirétrovirale avaient une charge virale indétectable. De plus, 85 % des femmes enceintes vivant avec le VIH étaient sous thérapie antirétrovirale. Il s’agit des niveaux les plus élevés jamais enregistrés pour chacun de ces indicateurs. L’utilisation de la prophylaxie préexposition (PrEP) pour la prévention du VIH est montée en flèche : en 2024, 1,4 million de personnes ont bénéficié de la PrEP dans les pays où le Fonds mondial investit, soit une augmentation de 325 % par rapport à 2023. Fin 2024, le Fonds mondial s’est engagé à faire bénéficier 2 millions de personnes du lénacapavir, un médicament injectable de prévention du VIH très prometteur.

Dans les pays où le Fonds mondial investit, le taux de mortalité liée au sida a diminué de 82 % et le taux d’incidence du VIH a diminué de 73 % depuis 2002, année de création du Fonds mondial.

Mais le VIH demeure l’une des principales maladies infectieuses et une menace importante pour la sécurité sanitaire mondiale. En 2024, on dénombrait 630 000 décès liés au sida et 1,3 million de nouvelles infections à VIH dans le monde, soit environ 3,5 fois plus que la cible mondiale pour 2025 (moins de 370 000 nouvelles infections).

Tuberculose 

En 2023, la couverture du traitement de la tuberculose (toutes formes confondues) dans les pays où le Fonds mondial investit s’est élevée à 75 % – le plus haut niveau à ce jour, alors qu’elle était de 45 % en 2010 – et 44 % des personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante ont commencé un traitement. Cette même année, 88 % des personnes ayant commencé un traitement pour la tuberculose ont été traitées avec succès et 91 % des personnes vivant avec le VIH atteintes de la tuberculose étaient sous thérapie antirétrovirale. Au cours des dernières années, le partenariat du Fonds mondial a intensifié l’accès à des outils innovants, comme la détection assistée par l’intelligence artificielle et les radiographies thoraciques numériques au moyen d’un appareil portatif, dans les pays les plus touchés par la tuberculose, ce qui permet de diagnostiquer, de traiter et de guérir un plus grand nombre de personnes. 

Les efforts déployés depuis 2002 pour assurer un accès équitable aux services de prévention, de dépistage et de traitement, pour détecter et traiter les personnes atteintes de la tuberculose « manquant à l’appel », pour lutter contre la tuberculose pharmacorésistante et pour réduire les prix des produits de lutte contre la maladie ont permis de réduire le taux de mortalité de 57 % et le taux d’incidence de 28 %.

Mais la tuberculose demeure la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Selon les estimations, elle a tué 1,3 million de personnes en 2023, et la tuberculose pharmacorésistante demeure une grave menace pour la sécurité sanitaire mondiale. Les systèmes de santé fragilisés, les conflits et les pressions économiques menacent d’effacer les gains acquis au cours des deux dernières décennies.

Paludisme 

En 2023, dans les pays où le Fonds mondial investit, l’accès à une moustiquaire imprégnée d’insecticide a atteint 61 %, avec un taux d’utilisation de 53 % chez les personnes à risque. Il s’agit des niveaux les plus élevés à ce jour. Plus de 95 % des personnes présentant des signes et des symptômes du paludisme ont été testées.

Les efforts déployés depuis 2002 pour soutenir les agentes et agents de santé communautaires et les solutions locales, pour renforcer l’accès au dépistage, au traitement et aux options de prévention, pour accélérer le déploiement à grande échelle de moustiquaires imprégnées d’insecticide à double principe actif et pour lutter contre la résistance aux médicaments et aux insecticides ont permis de réduire le taux de mortalité de 51 % et le taux d’incidence de 26 %.

La cible de l’élimination du paludisme est à notre portée, comme l’ont prouvé le Suriname et le Timor-Leste, certifiés exempts de paludisme par l’Organisation mondiale de la Santé en 2025. Mais la multiplication des conflits, les perturbations causées par les phénomènes météorologiques extrêmes et la résistance croissante aux antipaludéens et aux insecticides compliquent les efforts de la lutte contre la maladie. À ce stade, toute diminution des engagements permettrait à la maladie de regagner du terrain avec une intensité dévastatrice, mettant en danger les plus vulnérables – à commencer par les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes – et menaçant la sécurité sanitaire mondiale.

Renforcement des systèmes de santé et sécurité sanitaire mondiale 

En 2024, le Fonds mondial a investi 2,7 milliards de dollars US dans les systèmes de santé et la surveillance des maladies pour la détection, la surveillance et le contrôle des nouvelles flambées épidémiques dans plus de 100 pays. Cela fait du Fonds mondial la principale source de subventions externes à l’appui de la préparation et de la riposte aux pandémies. Ces investissements – notamment ceux visant le renforcement des réseaux de laboratoires et de diagnostic – améliorent non seulement les ripostes nationales au VIH, à la tuberculose et au paludisme, mais également la détection et la gestion des co-infections, comme l’hépatite B, l’hépatite C et le papillomavirus humain. En outre, ils ont augmenté les capacités nationales de dépistage sécuritaire de maladies à haut risque comme la mpox, les maladies à virus Ebola et à virus Marburg et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.

Dans un même temps, le Fonds mondial a aidé les pays à poursuivre le développement de leurs capacités à long terme, afin que ceux-ci puissent maintenir l’élan de la lutte contre les trois maladies et poursuivre le renforcement des systèmes de santé et communautaires. Cette aide comprend des investissements dans les capacités de planification et de coordination nationales, les infrastructures et les capacités des chaînes d’approvisionnement, les ressources humaines pour la santé et les systèmes de données. Ces efforts garantissent que les investissements du Fonds mondial obtiennent des résultats pérennes et de grande envergure, qui aident les pays à progresser vers l’autosuffisance. Depuis 2002, 52 programmes de lutte contre les maladies (VIH, tuberculose et paludisme) dans 38 pays sont parvenus à s’affranchir du soutien financier du Fonds mondial. D’ici 2026, 12 autres programmes dans 8 pays devraient accomplir une transition semblable vers l’autonomie financière.

Interventions face aux conflits et à l’insécurité 

En 2024, les conflits généralisés et l’insécurité ont continué de menacer les progrès de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme à l’échelle mondiale. ​Les contextes fragiles – une réalité pour 16 % de la population mondiale – portent une charge de morbidité disproportionnée, soit près des deux tiers des cas de paludisme, le quart des cas de tuberculose et 17 % des nouvelles infections à VIH.

Que ce soit en Ukraine, au Soudan, en Syrie ou ailleurs, le Fonds mondial veille à ce que les services de santé essentiels et les traitements vitaux continuent d’atteindre les personnes qui en ont besoin dans des contextes de crise humanitaire. L’an dernier, l’Afghanistan, le Bangladesh, l’Éthiopie, Haïti et le Mozambique ont été les principaux bénéficiaires du fonds d’urgence du Fonds mondial, une réserve servant à financer le déploiement rapide de ressources dans des contextes fragilisés afin d’assurer la continuité des programmes et des services de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

Cependant, ces gains sont en péril. Le déclin du financement international et des crises qui s’entrechoquent, comme le surendettement, les conflits, les déplacements de populations et l’érosion des droits humains, menacent la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme – et avec elle, la sécurité sanitaire mondiale – et mettent des millions de vies en jeu. 

La huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial 

La huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial – lancée en février 2025 sous le leadership conjoint de l’Afrique du Sud et du Royaume-Uni – est un moment clé pour la santé mondiale.

La reconstitution des ressources doit être réussie si l’on souhaite conserver l’élan de la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et empêcher une résurgence qui ramènerait le monde des dizaines d’années en arrière. Un investissement urgent et ciblé est nécessaire pour éviter des conséquences humaines, sociales et économiques dévastatrices. 

L’Australie, l’Espagne, le Luxembourg et la Norvège ont déjà annoncé des promesses de dons, tout comme la Fondation du Fonds d’investissement pour l’enfance (CIFF) et Takeda, des partenaires du secteur privé. Ces engagements mettent conjointement en évidence un rythme qui s’accélère et une détermination mondiale à sauver des vies et à vaincre les maladies infectieuses les plus meurtrières de la planète.

La réussite de la reconstitution des ressources permettrait au partenariat du Fonds mondial de sauver jusqu’à 23 millions de vies durant la période 2027-2029 et de réduire, d’ici 2029, le taux de mortalité combiné du sida, de la tuberculose et du paludisme de 64 % par rapport aux niveaux de 2023, tout en renforçant les systèmes de santé et communautaires pour lutter contre les nouvelles flambées épidémiques et accélérer le cheminement vers l’autonomie.