Un motif incarnant le passé, le présent et une promesse : après la pluie
Mon père est mort du paludisme quand j’avais quatre ans. Plus tard, le paludisme a tué ma nièce encore bébé, et a failli emporter ma mère. J’ai frôlé la mort moi aussi. Tout ça à cause du paludisme.
J’ai grandi dans une communauté rurale. Toute mon enfance, je l’ai passée à jouer dehors, dans des jardins qui changeaient au gré des saisons. Pendant des mois, nous attendions que la pluie vienne redonner vie à notre paysage desséché. Lorsqu’elle arrivait enfin, nous étions soulagés – mais aussi terrifiés. Elle était toujours accompagnée du paludisme. Alors que les fleurs de tournesol réapparaissaient dans la savane, la maladie revenait dans nos maisons.
Nous n’avions pas les moyens d’aller à l’hôpital. Alors nous nous rabattions sur les remèdes de la rue et des médicaments bon marché, qui étaient souvent contrefaits – parfois même toxiques. Le remède de prédilection de mon père pour soulager la fièvre était une infusion de feuilles d’armoise. La fièvre revenait souvent, frappant toute la maisonnée… elle volait l’énergie, la joie et parfois des vies.
Enfant, j’ai toujours cru que le paludisme était inévitable. Que c’était dans l’ordre des choses. Plus tard, j’ai appris la vérité. Le paludisme peut être prévenu et traité – mais si les soins de santé sont inaccessibles, il est mortel.
Mon père n’aurait pas dû mourir. Ma nièce n’aurait pas dû mourir. Ma mère n’aurait pas dû frôler la mort. Ma communauté n’avait pas à souffrir, saison après saison.
Ce n’est pas la maladie qui les a tués. C’est la pauvreté. C’est le manque d’accès à des informations fiables et dignes de confiance, à des moyens de prévention et à un traitement. Cette révélation m’a brisé le cœur – et a allumé une flamme en moi.
Aujourd’hui, je poursuis des études pour devenir médecin. J’ai aussi fondé une organisation communautaire dont le but est de diffuser des informations sur les bons moyens de prévention et de traitement, et de faciliter l’accès aux soins. Mon objectif est d’apporter un véritable changement dans les communautés comme la mienne – et de mettre fin à une souffrance que je connais trop bien.
Le motif de mon dashiki symbolise mon histoire. Gouttes de pluie, fleurs de tournesol, ondes de vie et de mort. Ce motif est à l’image de ma vie – et de la ronde des saisons, d’où j’ai puisé la force de transformer ma douleur en action.
Grâce au partenariat du Fonds mondial, des millions de personnes dorment aujourd’hui à l’abri d’une moustiquaire – y compris ma famille et moi-même. Ce n’est qu’une des nombreuses interventions qui contribuent à protéger les gens du paludisme.
Pourtant, le paludisme tue encore un enfant presque chaque minute. L’élimination de cette maladie sauverait la vie de millions d’enfants et de femmes enceintes – et aiderait des communautés et des pays entiers à prospérer.
Ce combat est le nôtre. Pour chaque vie perdue, et pour toutes les vies que nous pouvons encore sauver. Pour les familles. Pour l’équité. Pour un avenir où personne ne meurt d’une piqûre de moustique.
Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Ensemble, nous ne devons rien lâcher pour gagner ce combat.
Merci à Abraham Babajide Cole d’avoir créé ce motif pour rendre hommage à l’histoire de Nuradeen.