En Guinée, le financement au niveau local ouvre la voie à une meilleure santé communautaire

Le 20 mai 2025

En Afrique, les systèmes de santé communautaires constituent un pilier essentiel de la santé publique. Ils permettent de fournir des services de santé vitaux aux communautés, même dans les régions les plus reculées. Toutefois, un important déficit de financement – 4,4 milliards de dollars US par an – limite leur portée, leur qualité et leur stabilité à long terme. Il est primordial de combler ce déficit et d’assurer un financement pérenne des systèmes de santé communautaires pour garantir la sécurité sanitaire sur l’ensemble du continent.

Les agentes et agents de santé communautaires, qui travaillent en première ligne de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, sont au cœur de ces systèmes de santé locaux. Ce sont eux qui identifient les maladies à un stade précoce, favorisent l’observance du traitement et atteignent les populations souvent laissées pour compte par le système de santé conventionnel. Mais bien souvent, ces agentes et agents de santé essentiels ne sont ni rémunérés ni soutenus, et le financement de leur travail vital est fragmenté et, dans de nombreux cas, à court terme.

En Guinée, cette situation commence à changer. Le solide engagement du gouvernement a été galvanisé par le financement catalytique du projet Building Integrated Resilience for Community Health (BIRCH), soutenu par le Fonds mondial, qui vise à renforcer la résilience intégrée pour la santé communautaire. Mis en œuvre en partenariat avec Africa Frontline First, le projet BIRCH aide 22 pays africains à accroître le financement de la santé communautaire et à renforcer les systèmes de santé.

Débloquer 18 millions de dollars US pour la santé communautaire

En Guinée, le projet BIRCH est mis en œuvre par Santé intégrée, qui fournit un soutien technique au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique ainsi qu’au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. Ce partenariat a permis d’identifier efficacement les besoins de financement de la santé et de renforcer l’élaboration de propositions de budget et de financement pour le soutien du Fonds mondial.

Les résultats sont déjà remarquables. La vision de la Guinée en matière de santé communautaire s’aligne parfaitement sur les priorités du Fonds mondial. Ainsi, 18 millions de dollars US des investissements du Fonds mondial pour la période 2023-2025 en Guinée soutiennent la santé communautaire. Il s’agit d’une étape importante pour un pays où, jusque là, les agentes et agents de santé communautaires ne disposaient pas de suffisamment de fonds et étaient largement ignorés par les principaux flux de financement de la santé mondiale.

Un engagement national en faveur de la pérennité et de systèmes locaux solides

S’il est essentiel de garantir un financement national, les progrès pérennes dépendent de la solidité des systèmes de santé à tous les niveaux, en particulier au niveau local, où les services de première ligne sont fournis. Pour soutenir cet objectif, un forum a été organisé en avril 2024 à Conakry, en Guinée, afin d’aborder les principaux défis liés à la prestation de services de santé communautaires. L’évènement a réuni des représentants du gouvernement, de la société civile, des partenaires techniques et financiers et des agentes et agents de santé communautaires, et a débouché sur un engagement ferme du gouvernement d’intégrer le financement des agentes et agents de santé communautaires dans les budgets municipaux.

Cet engagement s’est rapidement concrétisé. En octobre 2024, une initiative pilote a été lancée pour intégrer la santé communautaire à l’investissement et la planification à l’échelle locale dans 10 communes rurales des régions de Kindia et Mamou. Les fonctionnaires locaux ont bénéficié d’un soutien au renforcement des capacités pour intégrer la santé communautaire dans leurs budgets. L’élan prend de l’ampleur – deux communes (Soyah et Saramoussaya) ont déjà alloué des fonds pour les salaires des agentes et agents de santé communautaires. Deux autres communes (Damakania et Porédaka) s’y attellent actuellement, et l’on s’attend à ce que les autres communes suivent.

La gestion locale rend la santé communautaire plus visible dans les espaces de prise de décision et donne aux municipalités les moyens de mobiliser leurs propres ressources – comme les taxes locales ou les prélèvements sur les entreprises. En décentralisant le financement de la santé communautaire, la Guinée jette les bases d’un système plus résilient et dirigé par le pays – un système qui peut progressivement s’affranchir de l’aide extérieure et évoluer vers la pérennité à long terme.

À une époque où l’aide internationale se réduit et où les gains en santé durement acquis sont menacés, les progrès de la Guinée en matière de santé communautaire sont particulièrement significatifs. Ces efforts témoignent d’une reconnaissance croissante du rôle crucial joué par les agentes et agents de santé communautaires et de la nécessité de mettre en place des systèmes qui soutiennent durablement leur travail.

La Guinée est un excellent exemple de la manière dont un financement intelligent, un leadership national fort et un partenariat technique efficace peuvent se conjuguer pour apporter des améliorations réelles et durables en faveur de la santé communautaire.