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Les leaders religieux africains appellent à un Fonds mondial intégralement financé

Le 05 juin 2025

Les leaders religieux interconfessionnels africains et les personnes touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme ont lancé un appel urgent aux gouvernements et aux pays donateurs pour qu’ils s’engagent à l’occasion de la huitième reconstitution des ressources du Fonds mondial. Cet appel a lieu dans un contexte de difficultés croissantes en matière de financement de la santé mondiale, qui ont mis en danger la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sur le continent africain.

Lors d’une réunion du Conseil œcuménique des Églises qui s’est tenue en mai à Nairobi, au Kenya, les participants originaires d’Afrique du Sud, de Côte d’Ivoire, du Kenya, du Malawi, du Nigéria, d’Ouganda, de République démocratique du Congo, du Togo, de Zambie et du Zimbabwe ont appelé au financement intégral du Fonds mondial, qu’ils ont qualifié d’impératif à la fois moral et économique.

« Les personnes les plus touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme ne survivront pas si le Fonds mondial n’est pas intégralement financé. Il est du devoir moral de l’Église de veiller à ce que ces ressources et ces fonds soient mis à disposition », a déclaré le révérend chanoine Gideon Byamugisha, cofondateur du Réseau international des leaders religieux vivant avec le VIH/sida ou personnellement touchés par le VIH/sida (INERELA+).

« Il ne s’agit pas que de décès. Il s’agit de décès inutiles, de rêves gâchés et d’avenirs perdus qui ne le seraient pas si les partenariats d’investissement dans la santé comme le Fonds mondial bénéficiaient d’un soutien adéquat et d’une reconstitution des ressources suffisante. Lorsque notre santé se dérobe, les possibilités de prospérité et de développement se dérobent avec elle à l’échelle des individus, des familles, des communautés locales, des pays et des continents. Elles se dérobent à l’échelle mondiale », a-t-il ajouté.

Nelson Otwoma, le directeur exécutif du Réseau national d’autonomisation des personnes vivant avec le VIH/sida au Kenya (NEPHAK), a fait remarquer : « Nous élevons la voix de peur que les personnes qui tiennent les ficelles de la bourse n’oublient notre sort et ne nous ramènent là où nous en étions il y a 21 ans dans la lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose. »

Dans l’argumentaire d’investissement de sa huitième reconstitution des ressources, le Fonds mondial appelle à une mobilisation d’au moins 18 milliards de dollars US pour la période 2027-2029. La révérende Jane Ng'ang'a, conseillère en matière de défense des politiques auprès du Réseau pharmaceutique œcuménique, a souligné qu’un Fonds mondial intégralement financé n’était pas seulement un devoir moral de protéger les personnes vulnérables, mais aussi la première ligne de défense contre la résistance aux antimicrobiens.

« Sans antirétroviraux, sans médicaments contre la tuberculose et sans médicaments contre le paludisme, nous serons confrontés à des dangers de taille. Les gens pourraient se tourner vers des médicaments alternatifs, et ceux déjà sous traitement, s’il est perturbé, commenceront à ne plus pouvoir l’observer, et nous nous retrouverions face à une augmentation de la résistance aux antimicrobiens. Cela signifie que ce sont surtout les personnes les plus vulnérables, dont l’accès à un traitement serait insuffisant, qui en souffriraient. »

Les participants ont publié une déclaration reconnaissant le rôle primordial du Fonds mondial. On y lisait, entre autres : « Il offre une plateforme aux communautés touchées, promeut la transparence et permet un dialogue entre les parties prenantes. »
Ils ont reconnu la nécessité d’une gestion nationale de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, tout en appelant à une solidarité mondiale. Ils ont exhorté leurs gouvernements à revoir les budgets alloués à la santé, à augmenter les financements nationaux et à prendre progressivement en charge les programmes précédemment soutenus par les donateurs internationaux.

« Les organisations confessionnelles sont essentielles à la réussite du Fonds mondial. Elles gèrent des hôpitaux dans les zones difficiles d’accès, offrant des services abordables aux communautés vulnérables », a déclaré Maurine Murenga, membre du Comité technique sur les questions de genre en matière de VIH et de sida au sein du Réseau des défenseurs du Fonds mondial (GFAN) Afrique. « Les leaders religieux sont également des personnes de confiance, capables d’influencer les gouvernements et de plaider pour qu’ils honorent leurs promesses de financement et investissent dans les ressources nationales pour la santé. »

Les participants ont exhorté leurs gouvernements, les pays donateurs et le secteur privé à renforcer leur engagement en faveur du Fonds mondial, en veillant à ce que sa reconstitution des ressources soit couronnée de succès, seul moyen de continuer à honorer la valeur de chaque vie et de faire progresser le bien-être de toutes et tous.