Un motif incarnant le passé, le présent et une promesse : une renaissance
J’étais enceinte de mon premier enfant lorsque l’on m’a diagnostiqué une tuberculose pharmacorésistante. Pendant des années, j’avais reçu de mauvais diagnostics. En un instant, toute la joie que je ressentais de devenir mère s’était transformée en peur et en tourment.
J’ai immédiatement commencé un traitement éreintant et été avertie des nombreuses complications qui pouvaient en découler. On m’a mise à l’isolement, en me disant que je représentais un danger pour mon bébé. Les personnes qui me procuraient des soins m’ont transmis la honte.
J’ai accouché toute seule, dans une salle d’isolement vitrée. Pas de contact, pas de réconfort – juste de la douleur, du silence et de la honte. Quelques instants après sa naissance, mon fils a été emmené à la nurserie de l’hôpital et je ne l’ai pas revu pendant cinq jours. Avait-il suffisamment à manger ? Est-ce qu’on le prenait dans les bras lorsqu’il pleurait ?
J’ai pensé à tous les moments privilégiés que la tuberculose pharmacorésistante m’avait volés. Les derniers jours de ma grossesse, je rêvais de rencontrer mon bébé, des liens que j’allais pouvoir créer avec lui, de l’allaiter une fois qu’il serait né. Tous ces moments précieux que je n’aurais pas eus. Je n’ai jamais ressenti de douleur aussi vive, d’impuissance aussi grande de toute ma vie.
Mais dès que j’ai pu prendre mon fils dans mes bras, tout a changé. Alors que je me battais pour survivre, le traitement épuisant que je prenais n’était plus une punition, il était devenu un cadeau. Soudain, j’avais une deuxième chance de vivre et d’être mère.
Les mauvais diagnostics que j’ai reçus et la tuberculose pharmacorésistante que j’ai contractée ne sont malheureusement pas si rares. La tuberculose pharmacorésistante est une crise de santé mondiale croissante, aggravée par la fragilité des systèmes de santé, l’interruption des financements et la stigmatisation. Chaque année, 10 millions de personnes contractent la tuberculose. Bien que l’on puisse la prévenir et en guérir, plus de 1,2 million de personnes succombent à la tuberculose chaque année, ce qui en fait la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde.
Grâce au partenariat du Fonds mondial, je suis l’une des 65 millions de vies qui ont été sauvées. Aujourd’hui, j’ai trois enfants et je suis en bonne santé. Mais mon histoire ne s’est pas arrêtée à ma survie.
Le motif de mon hijab symbolise mon parcours. Les éclats de verre tournoyants symbolisent l’isolement de mon accouchement, la fragilité de ma survie et la honte dont je me suis libérée. Les comprimés, amers, représentent le traitement éreintant qui m’a sauvé la vie. Et les fleurs qui éclosent contre toute attente nous rappellent que l’espoir peut naître n’importe où. J’ai puisé ma force dans les déchirements dont j’ai souffert.
Ce motif est un remarquable rappel que la douleur que j’ai endurée m’a donné une raison d’être, celle d’aider les autres à guérir de la tuberculose. Ce motif raconte mon histoire, mais il représente aussi ma communauté. Les mères qui craignent d’être trop faibles pour guérir. Les patients qui luttent encore en silence.
Nous pouvons mettre fin à la tuberculose. Alors pourquoi des millions de personnes souffrent-elles encore ? Pourquoi des millions de personnes meurent-elles encore d’une maladie que l’on peut prévenir et guérir ?
Ce combat est le nôtre : pour les mères, les familles, les communautés. Pour la dignité, la santé et l’espoir. Nous ne pouvons pas nous arrêter maintenant. Ensemble, nous ne devons rien lâcher pour gagner ce combat.
Merci à Anindita Rahardjo d’avoir créé ce motif pour rendre hommage à l’histoire d’Ani.