Communiqués de presse

Les partenaires du Fonds mondial entrevoient la possibilité de freiner considérablement les maladies qu’il combat

10 avril 2013

BRUXELLES - Pendant deux jours, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a réuni ses donateurs et d'autres partenaires afin d'examiner de quelle manière une augmentation des ressources pour la période 2014/2016 pouvait considérablement freiner ces trois maladies et permettre de les maîtriser totalement.

Les délégués à cette réunion ont pris connaissance de l'évaluation des besoins à l'échelle planétaire. Ils ont également pu apprécier les progrès récents dans les domaines de la science et de la mise en œuvre, progrès susceptibles de renforcer l'impact des investissements du Fonds mondial afin de soutenir les partenaires qui luttent contre ces maladies. Il s'agit, au final, de supprimer ces fléaux de la liste des menaces qui pèsent sur la santé internationale.

L'hôte de cette réunion, Andris Piebalgs, Commissaire européen chargé du Développement, a lancé un appel aux pays émergents et au secteur privés afin qu'ils renforcent leur soutien. Le Ministre délégué français chargé du Développement, Pascal Canfin, a pour sa part lancé un vibrant plaidoyer en faveur d'une génération débarrassée du sida.

Des spécialistes de la santé ont en outre indiqué aux participants que de nombreux pays pouvaient obtenir un impact plus marqué en se concentrant sur les points sensibles, là où la maladie est la plus concentrée, ou en agissant avant qu'elle soit hors de contrôle.

« Si nous ne saisissons pas cette occasion, nous traînerons ces maladies sur des générations, a déclaré Mark Dybul, le Directeur exécutif du Fonds mondial. De telles occasions ne se présentent pas très souvent. Nous pouvons changer le monde comme jamais auparavant et c'est précisément la raison pour laquelle nous sommes sur cette planète. »

Le Fonds mondial a présenté une évaluation des besoins pour 2014/2016 d'où il ressort qu'en recueillant 15 milliards de dollars US - auxquels viendraient s'ajouter les financements d'autres sources -, il serait possible d'infléchir radicalement les taux d'incidence et de mortalité liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Cette évaluation a été menée en association avec des partenaires techniques de l'OMS, de l'ONUSIDA et des partenariats Faire reculer le paludisme et Halte à la tuberculose.

« Nous aurons besoins d'engagements soutenus envers le Fonds mondial, des engagements que la Commission européenne est disposée à prendre, malgré les problèmes que nous éprouvons à obtenir de l'argent en cette période difficile », a indiqué M. Piebalgs lors de cette conférence qui s'est achevée mercredi.

« Toutefois, a-t-il ajouté, pour persuader les donateurs historiques de maintenir leur soutien au Fonds mondial, les économies émergentes et le secteur privé doivent assumer une part plus importante des coûts liés à la lutte contre ces maladies. Nous devons relancer l'idée d'origine qui veut que les contributions classiques et les autres s'attirent mutuellement. »

Il a également appelé de ses vœux un changement de culture, demandant que l'on abandonne la riposte d'urgence en faveur d'une action plus pérenne. « L'objectif à moyen terme est d'intégrer la riposte à ces trois maladies dans les systèmes nationaux et internationaux en place, et notamment dans des stratégies nationales viables et exhaustives. »

Le Fonds mondial vient de lancer un nouveau modèle de financement qui encourage et aide les pays à intégrer leurs investissements consacrés à la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme à leurs stratégies nationales générales de santé et à renforcer leurs systèmes de santé.

Depuis que le Fonds mondial a été créé en 2002, la Commission européenne l'a financé à hauteur de 1,48 milliard de dollars US, ce qui en fait le troisième donateur de l'organisation.

Le Fonds mondial et ses partenaires estiment qu'ajoutée à d'autres financements - dont 37 milliards de dollars US provenant des pays maîtres d'œuvre et 24 milliards d'autres sources internationale -, une contribution de 15 milliards de dollars au Fonds mondial permettrait de couvrir près de 90 pour cent des besoins mondiaux en ressources pour lutter contre les trois maladies, besoins estimés au total à 87 milliards de dollars US.

Selon les prévisions présentées lors de la conférence, il a apparaît qu'avec un financement suffisant, plus de 18 millions d'adultes pourraient être mis sous traitement antirétroviral d'ici 2016, contre 8 millions aujourd'hui. De même, près de 6 millions de personnes atteintes de tuberculose pourraient avoir la vie sauve et le lourd tribut payé chaque année au paludisme baisserait de 196 000 personnes de plus.

En mettant nos efforts en commun, nous pourrions aussi prévenir plus d'un million de nouvelles infections à VIH chaque année, et donc économiser des milliards de dollars en prise en charge et en traitement à long terme.

Pour Anita Asiimwe, Ministre d'État en charge de la Santé publique au Rwanda, son pays, qui a atteint l'accès universel au traitement antisida, constitue un exemple de ce qu'il est possible d'obtenir en utilisant de façon judicieuse les moyens alloués aux programmes de santé. « Le secret consiste à travailler lorsque le besoin se fait sentir. »

Pascal Canfin, Ministre délégué français chargé du Développement, a insufflé une note d'optimisme dans un discours positif prononcé lors de la conférence. Il a rappelé que l'idée d'une génération libérée du sida relevait de la pure utopie lorsque le Fonds mondial a vu le jour, voilà plus de dix ans, avant de conclure : « Nous voulons que ce rêve devienne réalité ».

M. Canfin a également souligné l'ironie du sort qui veut que bon nombre des principaux soutiens du Fonds mondial connaissent des problèmes financiers sans précédent alors même que les progrès scientifiques donnent à la communauté internationale les moyens de maîtriser ces trois maladies.