Communiqués de presse

Le Fonds mondial entrevoit la fin du paternalisme

11 décembre 2013

LE CAP, Afrique du Sud – Pour Mark Dybul, le Directeur exécutif du Fonds mondial, le paternalisme qui assombrit les relations entre pays riches et pauvres dans le domaine de la santé internationale cède le pas à une ère de partenariat qui doit beaucoup à l’idéal défendu par Nelson Mandela.

Dans une allocution prononcée en clôture de la 17e Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), M. Dybul a rendu un vibrant hommage au dirigeant sud-africain, précisant que Nelson Mandela avait « brisé le silence qui entourait le VIH en Afrique, mais également partout dans le monde. »

« Cette semaine, mettons enfin un terme au paternalisme dans le monde », a ajouté M. Dybul.

Il a exhorté chacun à faire sien l’idéal de Mandela de voir un monde où chaque être humain serait le maître de sa destinée. Nelson Mandela a pris la parole en 2000 lors d’une réunion de la Société internationale sur le sida organisée à Durban. Beaucoup y ont vu un tournant dans le combat mené en faveur d’un accès généralisé au traitement contre le VIH, ce qui a jeté le fondement de la création du Fonds mondial, deux ans plus tard.

Cette année, la conférence ICASA se tenait au Cap sous le thème « Maintenant plus que jamais : vers l’objectif zéro », ce qui témoigne bien d’un climat d’optimisme de plus en plus marqué pour affirmer que la pandémie de VIH peut être ramenée au rang d’endémie de faible ampleur ne posant plus de risque pour la santé publique.

M. Dybul a également lancé un appel pour que la prochaine conférence ICASA ajoute la tuberculose – la principale cause de décès parmi les patients atteints du VIH – à son nom, de manière à ce que cette maladie « reçoive toute l’attention qu’elle mérite ».

« Le VIH et la tuberculose sont comme des jumeaux maléfiques et nous avons le pouvoir et la responsabilité de les séparer et de les vaincre », a-t-il indiqué.

Les temps sont révolus où « des gens d’ailleurs » venaient dire aux pays d’Afrique comment faire face au sida, à la tuberculose et au paludisme. « Vos résultats ont fait voler en éclats les mythes paternalistes de ce qui devrait et pourrait être fait », a déclaré M. Dybul.

Plus tôt dans la journée, le juge Edwin Cameron, qui siège à la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud, a déclaré que l’exclusion sociale était l’un des principaux obstacles à une victoire contre la pandémie de VIH.

« L’exclusion sociale demeure la source de résistance le mieux ancrée de l’épidémie, a ajouté le juge Cameron. Elle instille l’opprobre, la crainte, l’inhibition, l’inaction et le silence. »

Le juge Cameron, qui a été le premier haut fonctionnaire sud-africain à rendre publique sa séropositivité, a déclaré que le traitement réservé aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes était honteux en Afrique : « Trente-huit pays d’Afrique continuent de persécuter ceux qui, comme moi, ont une préférence pour les personnes du même sexe. »

Le président de la conférence ICASA, Robert Soudré, a indiqué pour sa part que les pays africains ne pouvaient continuer de dépendre indéfiniment de l’aide extérieure pour assurer le traitement contre le VIH.

« Plus de 80 pour cent des médicaments sont financés par des sources extérieures, ce qui doit cesser, a ainsi déclaré M. Soudré. Nos pays devront dégager des ressources propres et les gouvernements devront compter avant tout sur eux-mêmes. »

Et d’ajouter : « Arriver à ce qu’il n’y ait plus d’exclusion sociale devrait être notre objectif partout dans le monde, et notre continent ne peut faire exception. »

Pour M. Dybul, même s’il n’existe pas de remède miracle susceptible d’enrayer la pandémie de VIH, il est essentiel de s’attaquer aux bastions de résistance de l’infection chez les femmes et les jeunes filles, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les professionnels du sexe, les consommateurs de drogues par injection et la population carcérale.

« Si nous voulons apporter une solution à cette épidémie, nous devons cibler ces bastions. Nos outils sont à la disposition des plus vulnérables, ce qui suppose d’ouvrir la famille humaine à tous ses membres, a-t-il indiqué. Arrêtons de croire en un remède miracle pour enfin arrêter cette épidémie. »