Communiqués de presse

L’ONUSIDA et le Fonds mondial craignent qu’une nouvelle loi adoptée au Nigeria entrave la riposte au sida

14 janvier 2014

GENÈVE — L’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme se disent très préoccupés par une nouvelle loi adoptée au Nigeria qui risque de nuire gravement à l’accès aux services de lutte contre le VIH pour les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres (LGBT). Il en résulte que ces personnes, mais aussi leurs organisations, les activités qu’elles mènent et les personnes qui les soutiennent seront davantage passibles de sanctions pénales.

Ces nouvelles dispositions légales pourraient empêcher les personnes LGBT d’accéder aux services essentiels de lutte contre le VIH, alors même qu’elles peuvent être fortement exposées au risque de contracter le virus. Cette évolution menace la réussite du Plan présidentiel de riposte globale au VIH et au sida que le Président Goodluck Jonathan a lancé voilà moins d’un an.

Les répercussions de ce texte de loi sur la santé, le développement et les droits de l’homme sont potentiellement désastreuses. L’homosexualité est déjà un délit au Nigeria et ces nouvelles dispositions prévoient de nouvelles sanctions pour les personnes LGBT, leurs organisations et leurs activités. Ainsi, le texte stipule : « Toute personne qui s’inscrit à un club, une société ou une organisation homosexuelle, qui en assure le fonctionnement ou qui y participe, ou toute personne qui, directement ou non, affiche publiquement une relation amoureuse avec une personne du même sexe au Nigeria se rend coupable d’un délit passible d’une peine de dix ans de prison. »

Tombent également sous le coup de la loi toute personne ou groupe de personnes qui soutiennent « l’inscription, le fonctionnement et le maintien de clubs, sociétés et organisations, ou les manifestations ou réunions à caractère homosexuel au Nigeria ». Là encore, la peine encourue est de dix ans de prison.

Les dispositions de la loi risquent de renforcer l’homophobie et la discrimination, de justifier le refus d’offrir des services de lutte contre le VIH et d’encourager la violence sous le prétexte d’une orientation sexuelle et d’une identité de genre réelles ou perçues. Elles pourraient également se retourner contre les organisations qui s’attèlent à fournir aux personnes LGBT des services de prévention et de traitement de VIH.

À l’échelle mondiale, le Nigeria arrive en deuxième position en ce qui concerne l’ampleur de l’épidémie de VIH. Ainsi, on estime qu’en 2012, 3,4 millions de personnes vivaient avec le virus dans le pays. En 2010, les estimations situaient la prévalence nationale du VIH à 4 pour cent pour la population générale, et à 17 pour cent chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

En 2011, dans la Déclaration politique des Nations Unies sur le VIH/sida, tous les États membres de l’ONU se sont engagés à lever les obstacles juridiques dans ce domaine et à adopter des lois qui protègent les populations vulnérables au VIH.