Communiqués de presse

Nouveau modèle de financement : l’Amérique latine mobilise les partenariats

10 avril 2014

QUITO, Équateur – La semaine dernière, des membres de la société civile, des fonctionnaires d’État et des partenaires techniques d’Amérique latine ont participé à des discussions passionnées lors d’une réunion régionale visant à déterminer la meilleure manière de lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans le cadre du nouveau modèle de financement mis en œuvre par le Fonds mondial.

Environ 200 participants de 13 pays de la région ont pris part à ces discussions. Nombre d’entre eux étaient d’avis que la solution la plus efficace pour maîtriser et éradiquer ces maladies était de concentrer les actions sur les populations les plus vulnérables. La participation de la société civile et des populations les plus touchées, ainsi que la viabilité des programmes, ont figuré parmi les principaux sujets de la réunion.

Carina Vance, ministre de la Santé publique de l’Équateur, a appelé à la participation active des personnes touchées par les trois maladies.

« Les résultats de la lutte contre le VIH s’obtiendront non seulement grâce aux ressources budgétaires, mais aussi par la participation sociale et l’élaboration conjointe de politiques », a-t-elle expliqué.

Le nouveau modèle de financement a été conçu pour tenir au mieux la promesse de partenariat à l’origine de la création du Fonds mondial en 2002, l’objectif étant de rendre les subventions plus efficaces et plus performantes afin que la prévention, les soins et les traitements soient mis à la disposition du plus grand nombre possible de personnes. Pour parvenir à cet objectif, chaque pays doit s’approprier la lutte et accorder une place prépondérante aux droits de l’homme.

Cesar Núñez, directeur de l’équipe d’appui régionale de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine, a affirmé que le nouveau modèle de financement permettait de s’attacher à ce que les personnes marginalisées aient accès à la prévention et à un traitement. Selon lui, la lutte contre la discrimination et contre la stigmatisation est essentielle pour mettre un terme à l’épidémie.

« Aujourd’hui, même si l’on sait que les personnes sous traitement anti-VIH ne peuvent pas transmettre la maladie, elles sont toujours marginalisées et stigmatisées. On constate encore une crainte et un rejet infondés à leur égard », a assuré M. Núñez.

D’après l’ONUSIDA, en 2012, 1,5 millions de personnes vivaient avec le VIH en Amérique latine. Le nombre de nouveaux cas a diminué de 9 % entre 2001 et 2012. L’épidémie est concentrée, avec une prévalence beaucoup plus importante chez les personnes transgenres, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les professionnelles du sexe.

Lors de la réunion, plusieurs membres de la société civile, d’organisations religieuses et de groupes représentant les personnes vivant avec la maladie et les populations les plus touchées se sont exprimés sur la grande place accordée au dialogue au niveau du pays dans le cadre du nouveau modèle de financement, et comment celle-ci permet des partenariats plus étroits et une riposte sanitaire plus participative.

« Les populations vulnérables ne sont pas le problème. Elles font partie de la solution », a ainsi affirmé Javier Hourcade Bellocq, représentant de la région Amérique latine et Caraïbes au sein de l’Alliance internationale contre le VIH/sida.

Orlando Montoya, de l’organisation équatorienne Equidad, qui défend la cause des LGBT dans la région, a ajouté : « Nous sommes en train d’inverser la pyramide pour nous concentrer sur les populations vulnérables ».

Amira Herdoiza, directrice exécutive du groupe Kimirina, a utilisé l’image suivante : « Le nouveau modèle de financement va nous permettre de nous intéresser à chaque arbre qui nécessite de l’attention, plutôt qu’à la forêt dans son ensemble ».

Le révérend Felipe Adolf, président de l’instance de coordination nationale de l’Équateur et du Conseil des églises protestantes d’Amérique latine, a expliqué que les droits de l’homme sont un élément essentiel de la lutte contre les maladies.

« On ne peut aborder la prévention au travers du prisme de la religion ou de la politique. Il faut le faire sous l’angle du respect des droits de l’homme », a-t-il affirmé.

Dans le cadre du nouveau modèle de financement, le Fonds mondial va allouer près de 600 millions USD à l’Amérique latine et aux Caraïbes pour la période 2014-2016, soit un montant supérieur à celui alloué à la région au cours des quatre dernières années.

Mirta Roses Periago, membre du Conseil d’administration du Fonds mondial pour la région Amérique latine et Caraïbes, a encouragé les pays à classer leurs investissements par ordre de priorité et à les aligner avec les stratégies et plans de santé nationaux.

« Nous avons là l’occasion de mettre en œuvre des programmes très performants », a déclaré Mme Roses Periago.

Pendant trois jours, dans un mélange d’accents des Andes, des Caraïbes et d’autres régions, des participants de Bolivie, de Colombie, du Costa Rica, de Cuba, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Panama, du Paraguay, du Pérou, de République dominicaine, du Salvador et de l’Équateur ont donné leur avis sur les moyens d’utiliser les subventions de façon optimale.

Le Salvador, un des premiers pays candidats au nouveau modèle de financement, a partagé son expérience en tant que candidat de la première phase avec les pays qui s’apprêtent à élaborer une note conceptuelle.

« Le premier conseil que j’ai à donner est le suivant, a confié Ana Isabel Nieto, coordonatrice du programme national du Salvador en matière de lutte contre le VIH/sida et présidente de l’instance de coordination régionale d’Amérique centrale.

« Ne laissez pas aux pays donateurs la responsabilité de la lutte contre les maladies. Ce devoir, c’est chacun de nos pays qui doit l’assumer ».