Le 31 juillet 2022
MONTRÉAL – Dans un rapport [ télécharger en English | Español | Français | Русский ] publié aujourd’hui à l’occasion de la 24e Conférence internationale sur le sida, le Fonds mondial a dévoilé les résultats des activités appuyées par « Lever les obstacles », une initiative novatrice lancée en 2017 dans le but d’aider 20 pays*, au moyen d’un soutien financier et technique, à s’attaquer au rejet social et à la discrimination, à la criminalisation et à d’autres obstacles liés aux droits humains qui ralentissent encore aujourd’hui la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
« Les interventions biomédicales, à elles seules, ne suffisent pas à combattre une maladie aussi redoutable. C’est l’une des leçons les plus importantes que nous avons tirées de l’histoire de la lutte contre le VIH, affirme Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. Il faut aussi s’attaquer aux injustices qui rendent certaines personnes particulièrement vulnérables à la maladie et les empêchent d’accéder aux services de santé dont elles ont besoin. Il en va de même pour la tuberculose, le paludisme et d’autres maladies, y compris le COVID-19. »
Dans le contexte du VIH et de la tuberculose, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les travailleuses et travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues injectables, les personnes vivant avec le VIH et les personnes incarcérées ou évoluant dans des milieux fermés sont marginalisés, souvent criminalisés, et confrontés à diverses atteintes à leurs droits humains qui entravent leur accès à des services de santé.
La principale conclusion des évaluations à mi-parcours de l’initiative, réalisées entre 2019 et 2021, est que tous les pays participant à l’initiative « Lever les obstacles » ont réalisé des progrès dans l’élimination des obstacles liés aux droits humains qui entravent l’accès aux services de lutte contre le VIH, avec une augmentation moyenne de 0,9 point par rapport à leur note de référence sur une échelle de 0 à 5. Toutefois, même les cinq pays les mieux notés (3,7 pour l’Ukraine, 3,5 pour la Jamaïque, 3,3 pour le Botswana, 3,1 pour le Sénégal et 3,1 pour le Kenya) n’atteignent pas le seuil de 4,0 indicateur d’une riposte nationale complète. La Sierra Leone (+1,7), la Jamaïque (+1,6), le Cameroun (+1,3) et le Mozambique (+1,3) ont enregistré les plus fortes améliorations.
Tous les pays participants ont également affiché des progrès en matière de lutte contre la tuberculose. Les notes à mi-parcours des programmes de lutte contre la tuberculose variaient entre 2,8 (Ghana) et 0,2 (Sierra Leone), avec une augmentation moyenne de 0,6 par rapport à la note de référence. Pour de nombreux pays, l’élimination des obstacles liés aux droits humains qui entravent l’accès aux services de lutte contre la tuberculose nécessitait l’élaboration de nouvelles interventions, et les progrès constatés dans l’évaluation à mi-parcours témoignent d’une expansion rapide de celles-ci. Les plus fortes hausses ont été enregistrées en Ukraine (+1,1) et en Côte d’Ivoire (+1,5).
Les évaluations à mi-parcours montrent que le COVID-19 a freiné l’initiative « Lever les obstacles » dans de nombreux pays. Toutefois, elles révèlent aussi que le travail de soutien aux droits humains dans le contexte du VIH a contribué aux approches fondées sur les droits visant le COVID-19. Dans quelques pays, des assistants juridiques communautaires ont bénéficié d’un soutien pour aborder les violations des droits humains survenant pendant les confinements. De nombreuses mesures novatrices ont été prises pour que les populations clés continuent de recevoir des services malgré les confinements ou les quarantaines. Plusieurs pays ont mené des activités de sensibilisation communautaire visant la prévention de la violence fondée sur le genre pendant les périodes de confinement.
Une autre ronde d’évaluations, prévue pour la fin de 2022 et le premier semestre de 2023, couvrira jusqu’à cinq années d’activités et procurera un aperçu approfondi des résultats et de l’impact de l’initiative « Lever les obstacles » dans les pays participants.
Le financement du Fonds mondial pour les droits humains est sans précédent. Dans les 20 pays participant à l’initiative « Lever les obstacles », les investissements du Fonds mondial dans les programmes de droits humains ont plus que décuplé, passant de quelque 10 millions de dollars US à plus de 130 millions de dollars US. Jamais un tel financement n’avait été consenti à l’appui de programmes exhaustifs visant à lever les obstacles liés aux droits humains qui entravent l’accès aux services de santé.
« L’expérience de l’initiative “Lever les obstacles” démontre qu’un financement et un soutien technique suffisants amènent un grand nombre de parties prenantes à combiner et à renforcer leurs efforts et, ainsi, à réaliser des progrès tangibles dans l’élimination d’obstacles de longue date, conclut Peter Sands. Ce soutien est essentiel si l’on souhaite vaincre le VIH, la tuberculose et le paludisme, mettre en place des systèmes pour la santé véritablement inclusifs qui ne laissent personne de côté et permettre à toutes les personnes, dans tous les pays, de faire valoir leur droit à la santé et au bien-être. »
Le Fonds mondial fournit 30 % du financement international des programmes de lutte contre le VIH (12 % de l’ensemble des ressources disponibles) et, en date de juin 2021, avait investi 22,7 milliards de dollars US dans des programmes de prévention, de diagnostic et de traitement du VIH/sida et 3,8 milliards de dollars US dans des programmes combinés de lutte contre la tuberculose et le VIH. Dans les pays où le Fonds mondial investit, les décès liés au sida ont diminué de 65 % ces 20 dernières années.
Les États-Unis seront les hôtes de la septième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, qui se tiendra à New York du 19 au 21 septembre 2022. S’il disposait d’au moins 18 milliards de dollars US au terme de sa reconstitution des ressources, le Fonds mondial, avec ses partenaires, pourrait obtenir les résultats suivants : réduction des nouvelles infections à VIH de 68 % (entre 2020 et 2026), soit de 1,1 million à 348 000 ; réduction des décès liés au sida de 59 %, soit de 579 000 à 239 000 ; réduction des taux d’incidence et de mortalité du VIH de 71 % et de 63 % respectivement ; réduction de l’incidence du VIH de 72 % chez les adolescentes et les jeunes femmes dans les pays les plus touchés ; et 28 millions de personnes sous traitement antirétroviral en 2026, pour une couverture du traitement de 91 %.
* Les 20 pays participant à l’initiative « Lever les obstacles » sont : Afrique du Sud, Bénin, Botswana, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Honduras, Indonésie, Jamaïque, Kenya, Kirghizistan, Mozambique, Népal, Ouganda, Philippines, République démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Leone, Tunisie et Ukraine