Demain, la couverture santé universelle pour tous les Africains

19 septembre 2019 par Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali

Un million de personnes dans le monde n’ont pas accès aux soins de santé de base faute de moyens financiers ou de proximité des services. Derrière ce chiffre, l’on peut imaginer les difficultés auxquelles doivent faire face, chaque jour, dans les pays en développement, les personnes les plus vulnérables – femmes enceintes, enfants, personnes âgées ou vivant en milieu rural – et la détresse qui est la leur.

En février 2019, j’ai eu l’honneur de lancer la réforme de santé la plus ambitieuse de l’histoire de mon pays. Celle-ci a acté la gratuité totale des soins primaires pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, ainsi que le déploiement et la formation de dizaines de milliers d’agents de santé communautaires pour agir au plus près de 18 millions de Maliens, disséminés sur un immense territoire.

Cette réforme historique, nous l’avons conçue grâce à l'appui sans faille de nos partenaires : le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Fondation Bill et Melinda Gates, la Banque Mondiale, Gavi et l’ONG Muso. Elle est actuellement mise en œuvre graduellement, sur une période de 3 ans, appuyée par un financement annuel de 120 millions de dollars.

La transformation du secteur de la santé au Mali est un moment extraordinaire pour notre pays qui lutte depuis longtemps pour contenir les maladies infectieuses évitables, et dont le taux de mortalité maternelle et infantile est l’un des plus élevés au monde. L’expérience pilote menée dans le quartier de Yirimadio, à la périphérie de Bamako, nous a démontré que rapprocher les services de santé au plus près des populations est un facteur déterminant dans l’éradication des épidémies. Nous y avons disséminé des agents de santé communautaires, formés pour faire du porte à porte, identifier tout symptôme de maladies infantiles telles que le paludisme, la diarrhée et la pneumonie et rediriger les cas critiques vers les cliniques. Bilan : le nombre de décès d'enfants de moins de cinq ans est passé de 148 pour mille à sept pour mille en 7 ans. Protéger les plus vulnérables est fondamentale et notre ambition est maintenant de reproduire ce modèle à l’échelle nationale. 

Au-delà des résultats immédiats attendus, notre démarche se veut aussi un premier pas vers la mise en place d’une couverture sanitaire universelle pour tous les Maliens et Maliennes. Notre vision est en effet celle d’un Etat providence qui jouerait pleinement son rôle en assumant l’essentiel des dépenses de santé de sa population. Il incombe à toute nation, quel que soit son niveau de revenu ou de développement, d’investir dans la santé pour améliorer l’accès à des soins essentiels de qualité et abordables pour tous. Non seulement est-ce juste, mais cela relève également de notre propre intérêt. Dans cette mission, avoir des partenaires comme le Fonds mondial est essentielle. Le Fonds mondial est le principal investisseur multilatéral dans la mise en place de systèmes pérennes pour la santé et investit pour éliminer les obstacles à la santé et garantir un approvisionnement constant et fiable en produits et services de santé. En octobre, nous avons une occasion unique de renouveler notre engagement aux côtés du Fonds mondial puisqu’il tiendra sa conférence de reconstitution des ressources dans le but de recueillir de nouveaux fonds et de mobiliser les partenaires pour en finir avec les maladies et accélérer les progrès vers la couverture sanitaire universelle.

Investir dans la santé est une priorité évidente et un fondement essentiel du développement économique de notre pays et de notre continent. La plus grande force de l’Afrique réside dans son formidable dynamisme démographique, son capital humain. Donnons à notre jeunesse les moyens d’exister, de grandir et de réussir.