Le Fonds mondial a joué depuis 20 ans un rôle décisif dans la réduction du fardeau des pandémies qui ont freiné le développement de l’Afrique. Mais, après des années de progrès, la pandémie de Covid-19 nous a fait reculer. Il faut absolument reprendre le contrôle. C’est ce qui est en jeu lors de la conférence de reconstitution du Fonds mondial, qui sera organisée, du 18 au 21 septembre prochains, à New York, par le président Joe Biden. Nous espérons collecter au moins 18 milliards de dollars, une somme qui devrait permettre de réduire la mortalité des trois maladies (Sida, tuberculose et paludisme) de 64 % d’ici 2026. Avec la flambée de l’inflation à l’échelle mondiale, c’est le strict minimum nécessaire.
Le Covid-19 a démontré le lien étroit qui existe entre la santé et l’économie. Il faut en tirer la leçon. Les pays africains doivent allouer davantage de ressources au secteur de la santé, mais aussi optimiser l’utilisation des ressources allouées. Pour atteindre ce but, il faut construire des systèmes de santé solides, dépenser de manière efficace et assurer un accès équitable aux soins de santé sur la durée. Les pays africains devront respecter les engagements d’Abuja en mobilisant davantage de ressources pour le secteur de la santé.
C’est l’objectif de notre action. Le dicton selon lequel aucun de nous ne sera en sécurité tant que nous ne le serons pas tous ne devrait pas être un simple slogan. Le Fonds mondial a de bons antécédents en matière d’investissement dans des systèmes de santé résilients et durables pour parvenir à une couverture sanitaire universelle. En outre, il agit comme un catalyseur pour un financement durable de la santé, notamment grâce à une mobilisation accrue des ressources nationales. Il aborde également les droits de l’homme et les obstacles liés au genre, qui empêchent les plus pauvres et les plus vulnérables d’accéder aux soins de santé.
La pandémie a clairement démontré la nécessité de donner un sens à la sécurité sanitaire mondiale en assurant une meilleure préparation et une meilleure équité. Le monde a manqué à la fois de préparation et d’équité. Nous avons besoin d’une plus grande coopération mondiale, y compris au niveau régional : depuis le partage d’informations sur la santé jusqu’à la résolution des problèmes des chaînes d’approvisionnement mondiales.
De plus, la pandémie du Covid-19 a révélé l’inefficacité des filets de protection sociale pour protéger les populations vulnérables. D’où la nécessité de concevoir de nouvelles approches pour renforcer les filets de protection sociale et adapter les réponses en fonction de l’évolution des circonstances. Les investissements actuels doivent être utilisés à bon escient pour construire un système de santé plus résilient et capable de résister aux chocs.
Dans les pays riches, comme dans les pays pauvres, le Covid-19 a été un test de résistance majeur non seulement pour les systèmes de santé, mais aussi pour la gouvernance et les structures sociales. La première chose à faire est de rétablir la confiance, y compris dans les chaînes d’approvisionnement telles que celles des vaccins. Les pays vont maintenant se pencher sur la sécurité et la fiabilité.
Nous devons repenser la structure sanitaire actuelle sur la base des leçons tirées de la pandémie de Covid-19. Cela nécessitera de réduire la fragmentation du paysage institutionnel mondial de la santé et de renforcer la coordination et la collaboration au sein de l’ensemble de l’architecture mondiale de la santé pour faire face aux chocs futurs.
La future architecture mondiale de la santé devrait promouvoir des approches innovantes pour aider les pays à fournir des solutions intégrées de santé et de développement. Celles-ci devront inclure l’élargissement du soutien à la fabrication de médicaments et de vaccins, dans le cadre des initiatives régionales telles que l’Agence africaine des médicaments (AMA) et le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique).
Cette interview est d’abord parue dans Jeune Afrique.