Il peut être difficile de suivre la propagation du COVID-19 dans les communautés. Avec les confinements et les restrictions, moins de personnes ont accès aux établissements de santé. La peur d’être contaminées peut les dissuader à avoir recours aux soins, malgré l’apparition de symptômes. Dans ce contexte, l’accès aux soins ne peut être garanti que si les agents de santé se rendent dans les communautés afin de fournir des informations sanitaires, et de rechercher les patients présentant des symptômes du COVID-19 et d’autres maladies pour les orienter vers des services de dépistage et de traitement.
La collaboration avec le secteur privé a permis la production d’outils novateurs pour aider les agents de santé à détecter et à tracer les cas de COVID-19 et à prévenir la propagation du virus. Au Mali, une application numérique appelée MaliKaKeneya aide les agents de santé communautaires à trouver des patients potentiellement porteurs du COVID-19 et à les orienter afin qu’ils se fassent dépister et traiter. L’application est alimentée par la plateforme Community Health Toolkit développée par Medic, une organisation à but non lucratif qui crée des outils numériques à source ouverte pour aider les agents de santé communautaires à fournir des soins équitables et accessibles, en temps voulu.
En septembre 2020, sous la direction du département de la Santé et du Développement social du Mali, un partenariat entre le Fonds mondial, la Clinton Health Access Initiative (CHAI) et le partenaire de mise en œuvre en matière de santé Muso a lancé un projet pour riposter au COVID-19 en utilisant l’application MaliKaKeneya dans six communes de Bamako. En tant que partenaire principal, le Fonds mondial a soutenu le recrutement et la formation des agents à Bamako et il les a munis d’équipements de protection individuelle (EPI) et de téléphones portables pour utiliser l’application.
L’application fonctionne sur les téléphones portables et les tablettes, et peut être mise à jour hors ligne lorsque le réseau est limité. L’application fournit un protocole permettant d’identifier les symptômes du COVID-19 et guide les agents de santé communautaires dans le dépistage du virus. Étant donné que des symptômes comme la fièvre et la toux peuvent également être des signes du paludisme ou de la tuberculose, les agents de santé communautaires peuvent dépister ces maladies en même temps. En utilisant l’application, les agents de santé communautaires peuvent se connecter et voir la liste des ménages dans leur communauté. Ils suivent ensuite le protocole pour orienter les patients potentiels vers des services de dépistage. De cette manière, les agents de santé communautaires peuvent fournir les premiers soins sur le pas de la porte des patients et ainsi rompre la chaîne de transmission locale de la maladie. L’application fournit aussi des formations aux agents de santé communautaires, ce qui est particulièrement important pendant une pandémie au cours de laquelle les interactions en face à face sont restreintes.
Durant ce projet, 564 agents de santé communautaires au total - également appelés « ASC Sentinelles » - étaient munis de l’application MaliKaKeneya qui leur a permis de dépister les cas suspects de COVID-19, de paludisme, de pneumonie et de tuberculose, d’orienter les patients vers des services de dépistage, de fournir des soins de base et de faire passer des messages promouvant la santé.
« C’était une bonne initiative », a déclaré Adama Konate, un agent de santé communautaire faisant partie du projet. « L’application nous a aidés dans nos activités quotidiennes, et nous a permis de travailler facilement dans le contexte de la pandémie. »
L’initiative a été couronnée de succès et a obtenu des retombées positives. À la fin de 2020, les agents de santé communautaires déployés avec l’application ont rendu visite à plus de 500 000 foyers dans toutes les communes de Bamako et identifié plus de 30 000 personnes malades, dont 980 étaient suspectées porteuses du COVID-19. Lors du suivi fait avec leur agent de santé communautaire, 347 de ces cas suspects ont signalé avoir réalisé un dépistage du COVID-19, et 187 ont obtenu un résultat positif.
Comme l’application est utilisée pour plusieurs maladies, les agents de santé communautaires ont intégré les services et ont été en mesure d’orienter plus de 8 000 personnes avec des symptômes de la pneumonie et plus de 800 personnes avec des symptômes de la tuberculose vers les centres de santé les plus proches.
Il existe de nombreux outils numériques différents utilisés au Mali. Le gouvernement a donc décidé d’élaborer une feuille de route pour la numérisation de la santé communautaire au moyen d’une approche holistique. La première étape a été une analyse approfondie de la situation de la santé numérique au niveau communautaire et des outils utilisés sur le terrain, en plaçant le patient au cœur des activités. À cet effet, plusieurs ateliers participatifs ont été organisés avec les parties prenantes concernées afin d’établir les besoins prioritaires et une liste de tous les outils numériques disponibles dans le pays. Les résultats de ces ateliers, comparant les besoins fonctionnels et les contraintes techniques identifiés par les acteurs et la couverture fonctionnelle et technique des outils ont permis de déterminer la meilleure option.
Cette analyse approfondie de la situation a permis de déterminer en toute objectivité que la plateforme Community Health Toolkit gérée par Medic était la meilleure option, sur la base des besoins fonctionnels et des critères techniques définis et validés par tous. Cette décision a été confortée par le succès du projet. Fort de cette expérience, le ministère de la Santé du Mali a à présent sélectionné le Community Health Toolkit comme outil numérique national officiel pour les agents de santé communautaires.
Grâce à des partenariats innovants, le Mali s’engage à investir dans la santé communautaire et à veiller à ce que les agents de santé communautaires soient équipés d’outils numériques pour améliorer la rapidité, la qualité et l’équité des soins fournis. Ces solutions numériques aideront à garantir que personne ne soit laissé pour compte et à soutenir les communautés à se préparer et à riposter efficacement aux crises sanitaires existantes et à celles à venir.