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Publié le : 08 juillet 2025

Pérennité, transition et cofinancement

En retrouvant une croissance économique, les pays à revenu faible ou intermédiaire regagnent une plus grande capacité d’investissement dans leurs systèmes de santé. Ils s’affranchissent progressivement de leur dépendance aux donateurs et aux financements externes et évoluent vers des systèmes de santé qui sont entièrement financés et gérés au niveau national. Cette dynamique mérite d’être encouragée, mais il convient d’aider les pays à opérer cette transition graduelle qui leur permettra de se passer du financement des donateurs afin d’obtenir un impact durable dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Une réduction abrupte de l’aide extérieure risquerait d’anéantir des progrès durement acquis, en particulier dans les pays aux revenus les plus faibles où la charge de morbidité est la plus élevée.

Protéger, en collaboration avec les pays, les gains et les progrès durement acquis contre les trois maladies est un aspect fondamental de l’approche du Fonds mondial. Le renforcement de la pérennité demande un investissement soutenu qui réduit le fardeau des maladies tout en amenant les pays, à mesure qu’ils gagnent en autonomie, à assumer une part croissante du financement et des responsabilités dans la lutte contre ces maladies en tant qu’épidémies.

À terme, il faudra que des systèmes de santé durables et pleinement financés par les pays, avec leurs propres ressources, soient mis en place.

Guidé par la politique en matière de pérennité, de transition et de cofinancementtélécharger en English ] , modifiée en 2024, le partenariat du Fonds mondial adopte une démarche globale pour promouvoir la pérennité. À ce titre, il appuie la mise à l’échelle des nouvelles technologies et de la prestation des services, il catalyse une utilisation mieux ciblée et plus efficace du financement national, il renforce son alignement sur les systèmes nationaux (et sa mise en œuvre à travers ces systèmes) et il encourage les pays à préparer de solides plans nationaux de pérennité et de transition les conduisant progressivement à assumer pleinement le leadership de leurs ripostes nationales.

Principaux axes d’action du Fonds mondial en matière de pérennité et de transition : 

  • Aider les pays à renforcer leurs plans de financement et de gestion de la riposte nationale, notamment au moyen de plans de pérennité et de transition adaptés au contexte qui leur est propre ;
  • Soutenir la mobilisation des ressources nationales et les autres investissements nationaux dans les systèmes de santé et les ripostes des pays, notamment en conditionnant une partie des subventions du Fonds mondial à des exigences de cofinancement ;
  • Encourager l’adoption de solutions innovantes pour mobiliser de nouvelles ressources et les exploiter pleinement en appui aux systèmes de santé, notamment à l’aide du financement mixte, de l’initiative Debt2Health ou d’autres mécanismes financiers ;
  • Déployer des efforts spécifiques pour préparer la transition et soutenir les transitions responsables, en particulier pour les pays à revenu élevé ayant une charge de morbidité faible. Ce travail consiste notamment à déterminer un calendrier de transition pour améliorer la prévisibilité des processus du Fonds mondial dans ce domaine. Un financement de transition peut aussi être alloué aux programmes de pays qui ne sont plus éligibles au soutien du Fonds mondial afin de les aider à s’affranchir en douceur des financements de l’organisation.
  • Aider les pays à relever les défis qui se posent en matière de pérennité pour les populations clés et vulnérables et à lever les obstacles structurels à l’accès aux services de santé ;
  • Plaider en faveur de transformations programmatiques et financières, indispensables à la pérennité des ripostes nationales ;
  • Harmoniser davantage les subventions du Fonds mondial aux systèmes nationaux, notamment en aidant les pays à améliorer la gestion de leurs finances publiques ;
  • Aider les pays à dégager des gains d’efficacité et à optimiser leurs ripostes aux maladies afin de maximiser l’impact des ressources existantes.

Renforcement de la pérennité

Le Fonds mondial entend par « pérennité » la capacité d’un programme de santé ou d’un pays à maintenir et à intensifier la couverture des services à un degré adapté à son contexte épidémiologique. Cette approche permet de maîtriser de manière permanente un problème de santé publique et de soutenir les efforts d’élimination des trois maladies, même après l’interruption du financement externe par le Fonds mondial et d’autres donateurs extérieurs importants.

En pratique, la pérennité dépend de nombreux facteurs, qui varient eux-mêmes en fonction du pays et appellent à une riposte adaptée au contexte national. Pour conserver les progrès accomplis et lever les obstacles en matière de pérennité, il est nécessaire de considérer la réalité financière, programmatique et politique propre à chaque pays. Le Fonds mondial encourage et accompagne tous les pays de manière à ce que la pérennité soit ancrée dans leurs ripostes nationales et la conception de leurs subventions.

Cofinancement

L’approche de cofinancement du Fonds mondial consiste à poser comme condition à l’octroi des subventions un engagement des pays à investir des ressources nationales supplémentaires en faveur des programmes de santé. Le cofinancement encourage les pays à assumer davantage la responsabilité de la conception et de la gestion de leurs programmes. Il les incite à accroître le financement de certaines interventions programmatiques essentielles à l’impact et contribue à obtenir de meilleurs investissements en santé et dans les systèmes communautaires.

Pour soutenir ces objectifs, le décaissement d’au moins 15 % de la somme allouée à un pays (voire plus, dans certains cas) est conditionnel à un engagement suffisant du pays envers le cofinancement et au respect de cet engagement au cours de la mise en œuvre de la subvention.

Transition

Le Fonds mondial est convaincu qu’il est essentiel, à terme, que les pays puissent financer et gérer de manière autonome leurs programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. En travaillant avec eux main dans la main, il planifie activement leur transition vers l’affranchissement de ses financements.

Le Fonds mondial définit la transition comme le mécanisme par lequel un pays ou une composante dans le pays s’oriente vers le financement et la mise en œuvre complets de ses programmes de lutte contre les trois maladies en s’affranchissant du soutien du Fonds mondial. Dans une transition réussie, les acquis de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sont maintenus et intensifiés, le cas échéant, même après l’arrêt du soutien extérieur.

Les composantes de maladie s’affranchissent totalement du soutien du Fonds mondial quand elles ne sont plus éligibles aux financements, quand elles s’en affranchissent volontairement, ou quand elles se sont vu allouer une somme pour la dernière fois. Les préparatifs en vue de la transition peuvent également être affectés par la baisse des sommes allouées par le Fonds mondial ou celles d’autres partenaires d’investissement, qui contraint parfois des pays à assumer progressivement des volets essentiels de la riposte nationale avant l’arrêt du financement du Fonds mondial. Pour cette raison, le Fonds mondial encourage les pays à planifier suffisamment en avance la transition qu’ils entendent amorcer.

Il ressort des enseignements tirés qu’une transition réussie prend du temps et nécessite des ressources. Pour la préparer, il est essentiel de conduire une planification précoce et volontariste. Le Fonds mondial aide les pays à intégrer les questions relatives à la transition dans la préparation de leur demande de financement et la conception et la mise en œuvre de leurs subventions, dans les processus nationaux de planification (en prévoyant notamment une planification et des évaluations de la transition, si cela est pertinent) et dans la gestion générale de leurs ripostes nationales.

Le Fonds mondial soutient activement les pays afin qu’ils préparent leur transition, et il fournit parfois un financement de transition à ceux qui perdent leur éligibilité afin de leur garantir un affranchissement moins abrupt. Pour bénéficier d’une meilleure prévisibilité de ses financements, il peut également déterminer un calendrier de transition pour les pays éligibles. À cet égard, le Fonds mondial publie régulièrement une listetélécharger en English ] des composantes de maladie qui devraient s’affranchir de son soutien du fait de potentiels changements de catégorie de revenu.

Mécanismes de financement innovant

Le Fonds mondial rapproche les pays de différents partenaires – bailleurs de fonds pour le développement et la santé, donateurs multilatéraux, investisseurs du secteur privé, philanthropes et organisations de la société civile – pour élaborer et mettre en œuvre des mécanismes de financement concrets et innovants afin de renforcer la mobilisation des ressources et d’obtenir un impact plus marqué dans sa lutte contre les trois maladies. Ces solutions complètent ses propres subventions ainsi que les dépenses nationales, conformément à la stratégie du Fonds mondial

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Financement mixte

Au Fonds mondial, le financement mixte décrit le mécanisme qui consiste à combiner des fonds de subvention à des fonds provenant de banques multilatérales et d’autres institutions financières. Cette approche contribue notamment à un meilleur alignement des partenaires de développement. Le financement mixte peut aussi aider les pays à mettre en place des systèmes de santé plus solides, plus résistants et mieux équipés pour lutter contre les trois maladies au travers d’interventions de santé essentielles, par exemple pour élargir l’accès au traitement, réformer les régimes d’assurance-maladie sociale ou faire bénéficier les populations vulnérables de soins vitaux. Il complète le financement conventionnel du Fonds mondial, basé sur les subventions, et s’inscrit dans son approche globale visant à mobiliser des ressources supplémentaires pour la santé et la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.

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Échanges dette-santé (Debt2Health)

Démarré en 2007, le programme Debt2Health permet aux pays créditeurs et débiteurs de convertir – ou d’échanger – une partie d’une dette en investissements vitaux dans le domaine de la santé. Actuellement ciblés sur la conversion de la dette officielle bilatérale, tous les échanges sont négociés de manière souple et indépendante en partenariat avec le Fonds mondial, et sont conçus pour répondre aux besoins des pays créditeurs et débiteurs.

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