« Le Rwanda a pratiquement tout perdu – infrastructure, ressources humaines, même la confiance des gens. Nous avons dû rebâtir le pays à partir de rien », explique Diane Gashumba, la ministre de la Santé du Rwanda. « Nous avons dû sensibiliser les gens, faire en sorte que chacune et chacun participe à cet effort de reconstruction du pays. Ce qui a fait la différence, c’est que nos dirigeants ont décidé d’investir dans la population, de construire en s’appuyant sur les communautés. »
Entre 1990 et 2017, l’espérance de vie au Rwanda a progressé de 33 ans – une avancée plus rapide que celle de n’importe quel autre pays africain.

Depuis 1990, la mortalité des moins de 5 ans a baissé des deux tiers et la mortalité maternelle des trois quarts, tandis que le pourcentage de femmes qui accouchent en établissements de santé est passée de moins de 40 pour cent à plus de 90 pour cent aujourd’hui.
Nichole Sobecki / VII pour le Fonds mondial
D’autres chiffres sont tout aussi impressionnants : le nombre de nouvelles infections à VIH est passé de 13 000 en 2014 à 7 400 en 2018 et celui des personnes vivant avec le virus et bénéficiant d’un traitement antirétroviral a connu une forte hausse, passant de 3 pour cent en 2004 à 83 pour cent en 2017.
Chose exceptionnelle, plus de 91 pour cent des habitants du pays ont une assurance-maladie, pour la plupart par les Mutuelles de santé, un plan d’assurance communautaire.
Comment le pays a-t-il pu se relever si rapidement après de telles difficultés ? Une partie des réponses sont à chercher dans la façon dont le Rwanda a investi dans la santé de sa population.
Très tôt dans le processus de reconstruction, les dirigeants rwandais ont décidé qu’il fallait œuvrer avec plus d’énergie et plus de rapidité pour sauver des vies, peut-être parce que le pays en avait perdu tellement en si peu de temps. À la fin du génocide, en juillet 1994, les infrastructures sanitaires avaient été anéanties.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses solutions de santé faisant appel aux technologies de pointe, comme la livraison de matériel médical par drones dans des villages isolés. Cependant, la technologie ne s’arrête pas aux drones et prend d’autres formes, notamment un système de gestion de l’information en continu qui communique en temps réel des messages concernant des cas sanitaires précis jusqu’au sommet de la hiérarchie du Ministère de la Santé – depuis les agents de santé communautaire jusqu’à la ministre.
Madame Gashumba explique que le gouvernement a, d’emblée, reconnu que la santé était au cœur des priorités de reconstruction du pays. Une grande part des investissements de santé est allée à l’embauche et au déploiement de plus de 58 000 agents de santé communautaire qui passent de village en village à la recherche de quiconque présente des signes de maladie – fortes fièvres ou toux persistante – afin de mettre ces personnes en relation avec les services de soin et de traitement.
Quand on parle de surveillance des maladies par les agents de santé communautaire, tout est pratiquement dit : il s’agit d’être à l’affût du moindre signe de maladie. C’est là le cœur même de l’action de santé communautaire, un élément essentiel à la lutte contre des maladies infectieuses comme la tuberculose et le paludisme. Formant la première ligne de défense contre les maladies au sein de sa communauté, Esther Mukagatare investit une part importante de son temps à chercher des personnes atteintes de tuberculose qui pourraient avoir échappé aux mailles des systèmes de santé. Son salon fait office de cabinet de consultation d’où elle opère un triage sommaire et, parfois, réalise des tests pour des maladies comme le paludisme.