Le combat héroïque de Francis, 12 ans, contre la tuberculose pharmacorésistante

02 mai 2022

À l’école, des camarades de classe surnommaient Francis « TB boy ».

Ces taquineries sont l’un des nombreux souvenirs douloureux que le jeune garçon de 12 ans conserve de son combat de plusieurs années contre la tuberculose, une maladie mortelle, mais traitable.

L’oncle de Francis, Stanley Aisaga, déclare : « Nous n’avons jamais abandonné et, aujourd’hui, Francis est en santé. »

Francis, ses parents et ses quatre frères et sœurs vivent à Inawabui, un village dans la province Centrale de Papouasie–Nouvelle-Guinée. Son père gagne tout juste assez d’argent pour subvenir aux besoins de la famille en vendant des noix d’arec et de la moutarde.

C’est en 2014, alors qu’il n’avait que cinq ans, que Francis a commencé à éprouver des symptômes de la maladie. Après une série de rendez-vous à l’établissement de santé de la localité, Francis a reçu un diagnostic de tuberculose. Il a été hospitalisé pour des traitements pendant des périodes allant jusqu’à plusieurs mois, mais son état de santé n’est jamais complètement revenu comme avant.

En 2020, l’état de Francis s’est gravement détérioré. Son père l’emmena alors à l’hôpital général de Port Moresby, la capitale de la Papouasie–Nouvelle-Guinée. C’est là qu’est tombé le diagnostic de tuberculose multirésistante. Francis a été pris en charge sous un régime thérapeutique agressif comprenant de douloureuses injections quotidiennes. Il a été hospitalisé quatre mois.

« Il souffrait constamment et ne voulait plus recevoir d’injections », relate son oncle Stanley.

Mais Francis a tenu bon. Il a enfin obtenu son congé de l’hôpital et poursuivi un traitement oral à la maison. Il devait se rendre à la capitale une fois par mois seulement, pour la cueillette de ses médicaments et le suivi du traitement par un médecin.

Le diagnostic de la tuberculose chez les enfants est complexe : les symptômes de la tuberculose sont souvent semblables à ceux d’autres maladies infantiles, et la collecte d’échantillons n’est pas toujours aisée avec des enfants.

Dans le monde en 2020, quelque 1,1 million d’enfants de moins de 15 ans ont contracté la tuberculose, et 226 000 en sont morts.

La Papouasie–Nouvelle-Guinée compte parmi les 30 pays les plus lourdement touchés par la tuberculose et la tuberculose multirésistante. Les dernières données, qui remontent à 2020, indiquent que près du quart des patients tuberculeux déclarés (soit environ 6 200 personnes) étaient des enfants.

Bien qu’heureux d’avoir quitté l’hôpital, Francis était loin d’en avoir fini avec cette maladie mortelle. Il devait prendre jusqu’à 10 comprimés par jour, et sa famille avait du mal à couvrir les frais de ses rendez-vous mensuels à l’hôpital.

« C’était tout un défi, mais il voulait que son fils aille mieux. Alors, malgré toutes les difficultés, son père a continué d’emmener Francis à l’hôpital », explique l’oncle Stanley.

Heureusement, Francis et sa famille ont été mis en contact avec John Gana, responsable du programme de lutte contre la tuberculose de HOPE Worldwide - Papouasie–Nouvelle-Guinée, une organisation qui est subventionnée par le Fonds mondial, au même titre que Vision Mondiale - Papouasie–Nouvelle-Guinée, pour appuyer le programme national de lutte contre la tuberculose.

John Gana, responsable du programme de lutte contre la tuberculose de HOPE Worldwide - Papouasie–Nouvelle-Guinée
Le Fonds mondial / Roan Paul

Lorsque Francis et son père venaient se procurer les médicaments pour le mois, John leur offrait le soutien nécessaire pour couvrir les frais de transport, des coupons échangeables contre de la nourriture et des conseils de santé pour toute la famille.

En février dernier, 18 mois après le diagnostic de tuberculose multirésistante, les médecins ont confirmé que Francis avait terminé son traitement et qu’il n’avait pas à revenir à l’hôpital avant six mois.

Le Fonds mondial, en partenariat avec des donateurs comme le ministère des Affaires étrangères et du Commerce de l’Australie, s’attache à renforcer le programme national de lutte contre la tuberculose de la Papouasie–Nouvelle-Guinée.

Il s’agit notamment d’améliorer la détection et le diagnostic des cas de tuberculose pharmacorésistante en fournissant des appareils de diagnostic et des cartouches GeneXpert, d’améliorer les infrastructures du laboratoire central et des laboratoires provinciaux, et d’assurer le transport adéquat des échantillons.

Les investissements du Fonds mondial en Papouasie–Nouvelle-Guinée contribuent également à l’achat et à la distribution de médicaments de première et de deuxième intention contre la tuberculose et à l’élaboration et à la mise en œuvre de services communautaires dans 12 provinces à forte incidence de la maladie. L’un des objectifs est de former les agents de santé au soin des enfants atteints de la tuberculose, comme Francis.  

Francis devant la maison familiale à Inawabui, un village de la province Centrale de la Papouasie–Nouvelle-Guinée.
Le Fonds mondial / Roan Paul