Le 10 mai 2024
ARUSHA – Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial), des organisations de la société civile africaines et les communautés touchées de façon disproportionnée par les maladies infectieuses se sont réunis hier à l’occasion de la 18e conférence internationale sur l’adaptation communautaire au changement climatique (CBA18) à Arusha, en Tanzanie, afin de réitérer leur ferme volonté d’intensifier leur collaboration en vue de bâtir et de renforcer des systèmes de santé résilients face au changement climatique.
Les participants à la CBA18 échangeront leurs expériences et leurs pratiques exemplaires en matière d’adaptations communautaires et locales au changement climatique. Ils exploreront ensemble des moyens de mettre en pratique les principes d’adaptation locale visant la résilience face au climat pour l’avenir.
Le changement climatique aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes, les migrations forcées, la détérioration de la qualité de l’air et l’insécurité alimentaire, hydrique et économique, autant de facteurs qui ont des impacts négatifs sur la santé. Un mois avant la CBA18, une nouvelle sécheresse menaçait de famine des millions de personnes dans le sud de l’Afrique, tandis que le Kenya et la Tanzanie étaient frappés par des inondations, deux phénomènes liés à El Niño.
Le changement climatique représente la menace la plus importante pour la mission du Fonds mondial – mettre fin au VIH, à la tuberculose et au paludisme et bâtir des systèmes résistants et pérennes pour la santé. À l’occasion de la COP28, le Fonds mondial a annoncé que plus de 70 % de ses financements – soit plus de neuf milliards de dollars US au cours des trois prochaines années – seront alloués aux 50 pays les plus vulnérables au climat pour soutenir leurs programmes de santé, qui doivent également composer avec la crise climatique.
À la CBA18, le Fonds mondial et ses partenaires – ALMA, EANNASO, HEPS Uganda, ITPC, Lensational, RAME et Speak Up Africa – ont animé deux sessions : « Des communautés résilientes pour un avenir en bonne santé » et « La place de la participation communautaire et du plaidoyer dans l’espace décisionnel en matière de climat et de santé. » Sur le thème de la convergence du changement climatique et de la santé, les participants ont échangé sur les interventions, les approches et les outils de santé adaptés au climat susceptibles d’accroître la résilience des systèmes de santé communautaire.
« Le débat sur le climat est un débat sur la santé, car les menaces climatiques, comme les inondations, ont des répercussions sur les systèmes de santé pour les populations les plus vulnérables, surtout en Afrique, a affirmé Prince Ansah, gestionnaire de programme, Ghana CDKN. Dans bien des cas, des infrastructures hospitalières, des réseaux routiers, des fournitures médicales essentielles et des ressources humaines déjà limités ont été anéantis par les inondations, et les impacts touchent des milliers de personnes. Si sauver des vies humaines est la priorité du débat sur le climat, alors les besoins en matière de soins de santé doivent en faire partie intégrante. »
S’ils ont salué les progrès réalisés par les initiatives dirigées par les communautés contre le paludisme dans les pays, les participants craignent que le changement climatique menace directement les efforts de contrôle et d’élimination de la maladie. Les changements dans les régimes de précipitations, de température et d’humidité se traduisent par l’apparition du paludisme dans des régions qui ne sont pas préparées et mal équipées pour prévenir, détecter et traiter le paludisme, comme les hauts plateaux du Kenya et de l’Éthiopie.
« L’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA) milite pour que les questions du changement climatique et de la santé, y compris le paludisme et les maladies tropicales négligées, demeurent en tête des priorités des chefs d’État et des leaders des gouvernements africains, a affirmé Aloyce Urassa, scientifique en santé publique et président du Comité consultatif des jeunes de l’ALMA. Nous cherchons à aider les pays à intégrer les indicateurs du changement climatique et de la santé dans les tableaux de bord de la redevabilité, du plaidoyer et de l’action. »
Les participants ont également abordé la question des inégalités climatiques, soulignant les dynamiques de genre et d’âge qui entrent en jeu.
« Ce sont les communautés à faible revenu et marginalisées qui font les frais des inégalités climatiques. Celles-ci accentuent des inégalités qui existaient déjà, que ce soit au niveau du pouvoir politique, des orientations politiques, des pratiques ou du financement, et qui contribuent également aux disparités des résultats en santé, a expliqué Simon Kaboré, directeur exécutif régional du Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels (RAME). L’accès des individus et des communautés aux services de santé est impacté par un large éventail de déterminants climatiques et sociétaux, à commencer par le genre et l’âge. Voilà pourquoi le soutien à l’adaptation de solutions au changement climatique doit être dirigé vers la sensibilisation des communautés, afin que celles-ci trouvent des solutions adaptées à leur contexte. »
« Les femmes sont plus vulnérables à la sous-nutrition et bénéficient d’un accès limité aux services médicaux par rapport aux hommes, et le changement climatique peut exacerber ces écarts, a affirmé Maelle Ba, directrice principale des communications de Speak Up Africa et coprésidente du Comité partenaire des communications stratégiques du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme. Cette conférence représente une occasion unique pour Speak Up Africa et notre initiative Voix EssentiELLES d’en savoir plus sur les solutions dirigées par les communautés et adaptées au genre mises en œuvre par nos homologues du domaine climatique, et d’explorer les possibilités de créer ensemble des considérations de genre résilientes face au climat pour la santé en Afrique. »
En conclusion, les participants ont lancé un appel au décloisonnement des approches en matière de risques climatiques et sanitaires dans les processus décisionnels. Ils ont également suggéré d’appuyer les porte-paroles communautaires pour souligner et expliquer les relations entre la santé et le climat, et rappelé l’urgence de mettre en œuvre des stratégies abordant conjointement la résilience face au climat et l’équité en santé.
« À l’heure où les impacts du changement climatique sur les communautés se multiplient à travers le monde, il est urgent d’intensifier le soutien aux personnes les plus touchées par la crise climatique, a déclaré Seonmi Choi, conseillère principale, Changement climatique et Environnement au Fonds mondial. Cette conférence a servi de plateforme, même au sein du partenariat du Fonds mondial, pour des conversations essentielles sur l’intégration de la résilience face au climat dans les systèmes communautaires. Nos partenaires trouvent des solutions d’une efficacité et d’un impact extraordinaires qui enrichissent nos connaissances. »
Les différentes délégations et l’organisation de la CBA18 ont fait écho à cette nécessité d’intégration intersectorielle.
« Nous sommes heureux d’avoir accueilli pour la première fois à la CBA18, en collaboration avec le Fonds mondial, des intervenants de la santé dans l’espace du débat sur le climat, a affirmé Tom Mitchell, directeur exécutif de l’IIED. La conférence a été une excellente plateforme pour le renforcement des collaborations. La santé des humains et la santé de la planète vont de pair – nous ne pouvons atteindre la résilience face au climat sans protéger la santé dans un même élan. Voilà pourquoi nous devons aborder ces défis au moyen d’une approche holistique. Nous espérons renforcer encore davantage notre collaboration avec le partenariat du Fonds mondial. »
La stratégie du Fonds mondial pour la période 2023-2028 [ télécharger en عربي | 中文 | Deutsch | English | Español | Français | Italiano | 日本語 | Português | Русский ] place les personnes et les communautés au centre de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et accélère le passage à des modèles de prévention, de traitement et de soins plus intégrés et centrés sur la personne. Elle aborde sans détour la menace et les impacts du changement climatique, ouvrant la porte à la recherche de moyens innovants de s’attaquer aux effets du changement climatique, de les atténuer et de s’y adapter.