Le Fonds mondial s’est engagé à faire preuve de transparence au sujet des données qu’il utilise, des méthodologies qu’il emploie, des résultats qu’il communique et de l’impact réalisé par son partenariat. Il est également désireux d’exposer le raisonnement qui sous-tend ses approches, autant que les limites de celles-ci. L’indice de transparence Aid Transparency Index 2024 a reconnu les systèmes rigoureux du Fonds mondial et son engagement envers la transparence en accordant à l’organisation la mention « Bien ».
L’approche de communication des résultats et de l’impact du Fonds mondial a été élaborée par le partenariat lui-même, sous la direction du Conseil d’administration, des partenaires techniques et d’autres parties prenantes.
L’objectif premier du Fonds mondial est de mettre fin au sida, à la tuberculose et au paludisme d’ici 2030 dans les pays où il investit. Pour préparer sa stratégie pour la période 2017-2022 [ télécharger en English | Français ] , le Fonds mondial a mené, en 2015 et 2016, une vaste consultation auprès du partenariat sur la communication des résultats et la mesure de l’impact des investissements de l’organisation dans les programmes nationaux. Il a été décidé par consensus que les résultats globaux des pays étaient la meilleure référence pour la mesure des progrès par rapport aux cibles fixées dans la stratégie du Fonds mondial pour la période 2017-2022 ainsi que vers l’atteinte de l’objectif ultime : mettre fin aux trois maladies d’ici 2030. Ce sont donc les résultats des pays qui sont le point de départ de toute évaluation de la performance du Fonds mondial. Cette approche a été reprise dans la stratégie du Fonds mondial pour la période 2023-2028 [ télécharger en عربي | English | Español | Français | Português | Русский ] . L’objectif du Fonds mondial est de garantir le succès des programmes nationaux dans lesquels il investit avec d’autres bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, et de compléter les contributions nationales des pays.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, le Fonds mondial publie les résultats globaux des pays dans lesquels il investit, plutôt que ceux de projets ou d’interventions spécifiques. Cette approche reflète l’un de ses principes fondamentaux : soutenir des stratégies et des programmes nationaux de santé visant à atteindre des objectifs à l’échelle du pays. En utilisant les résultats globaux des pays, le Fonds mondial peut montrer l’impact des programmes qu’il finance avec le concours des partenaires nationaux et internationaux. Ces résultats indiquent si les pays sont sur la voie de l’élimination des trois maladies à l’horizon 2030. Cette approche écarte le risque que les réalisations de programmes spécifiques appuyés par le Fonds mondial soient célébrées alors que le pays dans son ensemble stagne ou régresse. En outre, l’utilisation des résultats globaux des pays prévient toute attribution indue d’une part de l’impact à tel ou tel acteur. La plupart des interventions et des programmes appuyés par le Fonds mondial sont de nature mixte, faisant intervenir des ressources nationales et des investissements du Fonds mondial. Plusieurs font également intervenir d’autres donateurs externes. Attribuer les résultats à différents partenaires participant au même programme comporte nécessairement une part d’arbitraire et ignore la nature interdépendante des interventions de santé publique.
Par exemple, dans un programme national de traitement du VIH, le Fonds mondial peut fournir les médicaments antirétroviraux et appuyer le travail de sensibilisation communautaire, le PEPFAR peut financer les interventions cliniques et les tests en laboratoire, et le gouvernement peut financer la chaîne d’approvisionnement et les infrastructures. Dans cette situation, la contribution de chaque partenaire est indispensable au fonctionnement du programme. L’analyse de scénarios où l’on écarte la contribution de l’un des bailleurs de fonds en conservant celle des autres serait probablement trompeuse ou demanderait que l’on pose des hypothèses arbitraires. Fidèle à son approche collaborative de financement des programmes, le Fonds mondial estime que, lorsque les gouvernements, les partenaires bilatéraux, les partenaires techniques et lui-même contribuent au même programme, tous devraient citer les mêmes résultats.
La communication des résultats globaux des pays offre une perspective d’ensemble et permet au Fonds mondial de concevoir des interventions qui maximisent sa contribution à l’atteinte des objectifs globaux de chacun des pays pour les trois maladies.
Pour compléter la communication des résultats globaux des pays, le Fonds mondial dresse des profils de résultats plus détaillés pour les pays à fort impact – c’est-à-dire les pays qui enregistrent la plus lourde charge de morbidité – qui incluent des informations financières et programmatiques clés tout au long de la chaîne de résultats. Ces profils sont dressés séparément pour chaque maladie et pour les systèmes résistants et pérennes pour la santé. Ils sont mis à jour annuellement et disponibles ici.
Le Fonds mondial met également à disposition des données ouvertes sur l’état d’avancement des subventions, accessibles sur le Service de données du Fonds mondial (en anglais). Les données de notre portefeuille sont accessibles au moyen de notre interface de programmation d’applications (API), où des ensembles de données et des rapports sont disponibles en téléchargement. L’API est disponible sur le Service de données.
Bien qu’il mesure sa performance à l’aune des résultats des pays, le Fonds mondial mesure et communique également la performance de programmes et d’interventions spécifiques qu’il subventionne. Cet exercice assure l’optimisation des ressources et le suivi de la performance de ses investissements. Le Manuel des indicateurs clé de performance du Fonds mondial [ télécharger en English ] (Key Performance Indicators Handbook) pour la stratégie 2023-2028 établit les modalités de communication des indicateurs clés de performance au Conseil d’administration pour une série de paramètres couvrant des domaines dépendant de la performance des investissements du Fonds mondial, comme la performance de programmes individuels au regard des jalons et des cibles de la subvention qui ont été convenus, les taux d’absorption, la satisfaction des engagements de cofinancement, les indicateurs de la chaîne d’approvisionnement, la performance des indicateurs d’équité / de genre / de droits humains, le soutien à la prestation de services de haute qualité centrés sur la personne, l’avancement de la préparation aux pandémies et les initiatives d’orientation du marché des produits de santé.
Le Fonds mondial fournit des informations financières et programmatiques additionnelles au moyen de l’ Explorateur de données, une plateforme qui renferme des données et des informations sur la mobilisation des ressources, l’accès au financement, les perspectives financières, les résultats annuels et la performance des subventions. Ces informations complètent les rapports périodiques sur les résultats des pays et les indicateurs clés de performance. Ensemble, ces ressources permettent aux parties prenantes de voir comment les investissements du Fonds mondial s’imbriquent avec les investissements des gouvernements et d’autres partenaires dans les pays à fort impact.
Le Fonds mondial est l’un des principaux investisseurs dans les systèmes d’information sanitaire des pays à revenu faible ou intermédiaire. Au cours du dernier cycle de subvention, le Fonds mondial a investi plus de 150 millions de dollars US par année dans le renforcement des systèmes de santé numérique et d’information sanitaire dans les pays. L’objectif était d’améliorer la disponibilité, la qualité et l’agilité des données, et de faciliter ainsi l’interprétation et l’utilisation des données et des informations sanitaires. Les priorités du Fonds mondial en matière de soutien aux systèmes d’information sanitaire des pays sont les suivantes.
En outre, le Fonds mondial a aidé les programmes nationaux de santé de plus de 80 pays à appliquer des modèles de transmission de la maladie et des outils d’établissement des coûts pour renseigner la préparation de plans stratégiques nationaux et de demandes de financement, et permettre ainsi une allocation stratégique des ressources dans les interventions, les régions et les groupes de population afin de maximiser l’impact. Depuis la pandémie de COVID-19, le Fonds mondial investit systématiquement dans la surveillance des alertes précoces afin d’améliorer la détection et la gestion des maladies et des incidents à potentiel épidémique, à travers les financements du C19RM et ses subventions pour la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et pour les systèmes résistants et pérennes pour la santé.
Pour dénombrer les vies sauvées par les programmes qu’il finance, le Fonds mondial emprunte les méthodes actuellement utilisées par ses partenaires techniques (voir les détails ci-dessous), qui suivent les recommandations d’un comité d’experts réuni en juillet 2014 pour aborder les problèmes méthodologiques liés à l’estimation des vies sauvées. Le comité était composé de sommités dans le domaine, de partenaires techniques et d’autres organisations de la santé mondiale, dont le PEPFAR, l’OMS, l’ONUSIDA, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme et le Partenariat Halte à la tuberculose. Le comité a formulé plusieurs recommandations destinées à améliorer la méthode de calcul du nombre de vies sauvées employée par le Fonds mondial, et publié un compte rendu détaillé de sa réunion intitulé Groupe d’experts sur l’impact sanitaire des investissements du Fonds mondial, Genève (Expert Panel on Health Impact of Global Fund Investments, Geneva [ télécharger en English ] ). De plus, l’examen stratégique 2015 (Strategic Review 2015 [ télécharger en English ] ), réalisé à la demande du Groupe technique de référence en évaluation, un comité indépendant, puis examiné et approuvé par le Comité de la Stratégie du Conseil d’administration du Fonds mondial, a conclu que le modèle utilisé par le Fonds mondial pour mesurer l’impact était satisfaisant.
Afin d’offrir un soutien et des conseils en continu, le Fonds mondial a également mis sur pied un groupe d’orientation pour la modélisation composé de partenaires techniques, dont l’OMS et l’ONUSIDA, d’experts en modélisation provenant d’institutions universitaires de premier plan et d’autres partenaires. Ce groupe d’experts fournit régulièrement des conseils et un soutien technique sur les modèles de transmission des maladies utilisés par le Fonds mondial, décrit en détail les problèmes méthodologiques concernant la mesure de l’impact et de l’efficacité des programmes soutenus par le Fonds mondial et aborde les limites des approches actuelles.
Chaque année, l’OMS et l’ONUSIDA publient des estimations actualisées de la charge de morbidité du VIH, de la tuberculose et du paludisme et produisent une estimation du nombre de vies sauvées par les programmes nationaux de santé pour les trois maladies. Le nombre de vies sauvées indiqué dans le Rapport 2024 sur les résultats du Fonds mondial fait référence au portefeuille de pays dans lesquels le Fonds mondial investit depuis sa création. Il est basé sur les dernières estimations de l’OMS sur les vies sauvées par les programmes de lutte contre la tuberculose et le paludisme et les dernières estimations de l’ONUSIDA et d’Avenir Health sur les vies sauvées par les programmes de lutte contre le VIH. Les calculs sont décrits dans la section suivante.
Le nombre de vies sauvées en une année dans un pays est estimé en soustrayant le nombre de décès enregistré du nombre de décès qui aurait été enregistré dans un scénario contrefactuel où les interventions clés de lutte contre les maladies n’auraient pas été menées.
Durant la période définie par , le nombre de vies sauvées est estimé comme suit :
où représente les décès imputables à la maladie évités et
représente les différentes maladies, soit :
Pour le rapport publié en septembre 2024, représente les années civiles complètes 2005-2023 inclusivement.
Dans chacun des cas, et pour chaque maladie, le nombre de décès évités est la différence entre le nombre de décès enregistré sous deux scénarios durant la période calculée comme suit :
Où : est un modèle pour la maladie
dans le pays
, qui représente l’évolution observée de l’épidémie ;
représente le même modèle estimé dans le scénario contrefactuel, c’est-à-dire l’absence de lutte contre la maladie (les dérivations de ces modèles pour chaque maladie sont décrites ci-après) ;
est le nombre de décès dans l’année
dans l’un ou l’autre des modèles ;
est l’ensemble de pays compris dans le portefeuille du Fonds mondial pour la maladie
.
est la fraction de l’impact à l’échelle nationale pour une maladie donnée et pour une année donnée dans le pays qui est indiquée dans les rapports du Fonds mondial. Jusqu’à la fin de 2016, le Fonds mondial n’indiquait le nombre total de vies sauvées dans un pays que si une série de critères relatifs aux résultats programmatiques communiqués étaient satisfaits. Parmi ces critères, on comptait un seuil minimum de décaissement du Fonds mondial dans les programmes spécifiques, soit en chiffres absolus ou en pourcentage des dépenses publiques officielles. Depuis 2017, après consultation du Conseil d’administration et des partenaires clés, une approche entièrement contributive est appliquée, c’est-à-dire que le nombre total de vies sauvées est compté par année et par pays où le Fonds mondial investit. Ainsi,
est une fonction indicatrice montrant si les résultats d’un pays donné sont inclus dans une année donnée, alors que
.
Cette section offre un survol des modèles utilisés par les partenaires techniques pour estimer le nombre de vies sauvées.
Des informations détaillées sur les modèles AIM et GOALS de Spectrum peuvent être consultées ici.
: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations publiées par le modèle AIM de l’ONUSIDA.
: Ce modèle est identique à
aux exceptions suivantes :
Avant 2017 :
Après 2017 :
Pour estimer le nombre de décès évités par les interventions de lutte contre la tuberculose, on compare le nombre de décès imputables à la tuberculose enregistré au nombre de décès imputables à la tuberculose qui aurait été enregistré en l’absence d’un traitement contre la tuberculose (et sans traitement antirétroviral associé au traitement de la tuberculose dans le cas des personnes séropositives au VIH). Le deuxième nombre peut être estimé de façon prudente comme le nombre de cas incidents multiplié par le taux de létalité estimé de la tuberculose non traitée. On emploie pour ce calcul les taux de létalité des cas séronégatifs au VIH seulement, afin d’éviter de compter deux fois les décès évités chez les patients tuberculeux séropositifs au VIH. L’estimation du nombre de décès évités est prudente, car elle ne tient pas compte de l’impact des services de lutte contre la tuberculose ni de la disponibilité du traitement antirétroviral sur le taux d’incidence de la tuberculose, pas plus qu’elle tient compte des impacts indirects de ces interventions sur les niveaux d’infection, le nombre de cas et la mortalité en aval (des informations détaillées sur les méthodes employées par l’OMS pour estimer la réduction de la charge de morbidité et les décès évités peuvent être consultées ici).
: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations de réduction de la charge de morbidité et de décès évités publiées par le Programme mondial de lutte contre la tuberculose de l’OMS.
: Ce modèle est identique à
à l’exception suivante :
est seulement défini par rapport au nombre de décès, dérivé comme suit :
où est le taux de létalité parmi les cas non traités. (Noter que cette valeur est la même pour tous les pays et toutes les périodes.)
La méthode de l’OMS est appliquée pour le calcul des décès évités. Celle-ci consiste à comparer la mortalité annuelle estimée du paludisme avec les taux de mortalité du paludisme par habitant à risque en l’an 2000.
: Ce modèle produit des estimations exactement identiques aux estimations publiées par le Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS.
: Ce modèle représente l’épidémie à son ampleur estimée à l’an 2000, exprimée comme le maintien pour les années subséquentes du risque de mortalité due au paludisme par habitant à l’an 2000.
est dérivé comme suit :
Où est le ratio entre la population à risque à l’an
et la population à risque à l’an 2000 ; ainsi :
Où est le nombre de personnes vivant dans des zones à risque de paludisme estimé par l’OMS.
Une prise en charge efficace du VIH, de la tuberculose ou du paludisme peut réduire l’utilisation des soins de santé primaires. Elle évite que les personnes atteintes de l’une de ces maladies tombent malades et doivent se faire soigner, et préviennent la transmission de la maladie qui, à terme, se traduit par de plus mauvais résultats de santé et une hausse de la demande de traitements. Pour estimer l’effet des investissements dans la lutte contre le VIH sur la réduction de l’utilisation des soins de santé primaires, nous avons comparé deux scénarios – un scénario représentant l’intensification réelle des soins pour chacune des trois maladies, et un scénario hypothétique contrefactuel où les soins pour chaque maladie sont limités aux niveaux de l’an 2000 (représentant ce qui aurait pu se produire si les gouvernements, le Fonds mondial ou d’autres sources n’avaient pas haussé leurs investissements après l’an 2000). À l’aide d’un modèle spécifique à chaque maladie, nous avons estimé les effets de ces deux scénarios pour chaque pays ayant reçu des financements du Fonds mondial. Nous avons simulé les résultats sur la période 2000-2023, mais compté les résultats à partir de 2002, année de création du Fonds mondial, aux fins de la présente analyse. À partir de cette modélisation, nous avons estimé la différence dans le nombre d’années-personnes de maladie symptomatique non traitée entre les deux scénarios. Nous avons utilisé le modèle spécifique au VIH pour calculer le nombre de personnes vivant avec le VIH n’étant pas sous traitement antirétroviral, stratifié par numération des CD4, pour chaque pays, année et scénario. Nous avons soustrait les résultats du scénario réel à ceux du scénario contrefactuel pour estimer le nombre supplémentaire de personnes vivant avec le VIH non traitées s’il n’y avait pas eu d’investissements dans la lutte contre le VIH. Nous avons multiplié ce nombre par l’utilisation additionnelle de soins de santé que nécessitent les personnes vivant avec le VIH non traitées (par catégorie de numération des CD4) comparativement aux personnes séronégatives au VIH, sur la base des données publiées et des estimations des tendances d’utilisation des soins de santé par pays de l’IHME. À partir de cette analyse, nous avons estimé la réduction dans l’utilisation des consultations ambulatoires (nombre de rendez-vous en clinique) et dans les hospitalisations (nombre de journées d’hospitalisation). Pour estimer les économies de coûts associées à ces réductions d’utilisation, nous avons multiplié le nombre d’unités de chacun de ces services par leur coût unitaire spécifique au pays, basé sur les estimations WHO-CHOICE de l’OMS. Le total des réductions d’utilisation et des économies de coûts a été calculé en faisant la somme des résultats pour tous les pays et sur toutes les années. Le Fonds mondial a confié la réalisation de cette étude à un professeur associé de la Harvard T.H. Chan School of Public Health. Une étude similaire est en cours pour la tuberculose et le paludisme.
Nous avons réalisé une analyse par modélisation dans le but d’estimer l’impact potentiel des investissements du Fonds mondial dans les installations de production d’oxygène à adsorption par inversion de pression, les concentrateurs et les bouteilles d’oxygène et les articles connexes des systèmes d’oxygène, comme les sphygmo-oxymètres, dans 14 pays prioritaires (Burkina Faso, Cameroun, Éthiopie, Ghana, Guinée, Indonésie, Libéria, Malawi, Mozambique, Nigéria, Sierra Leone, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe) au cours de la période 2024-2026. L’impact potentiel de ces investissements a été estimé pour les infections des voies respiratoires inférieures, le paludisme, la tuberculose, le VIH/sida, la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’asthme, les maladies cardiovasculaires et les troubles maternels et néonatals. Nous avons réalisé l’analyse au moyen d’un modèle déterministe exécuté avec les données (2019-2021) de la charge de morbidité[2] mondiale de l’IHME par maladie, groupe d’âge et pays, dans le but de projeter la demande en oxygène sur la période 2023-2026. Le modèle estime la couverture existante (scénario 1), la couverture avec investissement du Fonds mondial sur la période pour 2023 et 2026 (scénario 2) et l’écart pour répondre à 70 % et 100 % de la demande estimée en oxygène (la valeur de 70 % prenant en compte les inefficacités de couverture attribuables à des problèmes de qualité des soins). L’écart estimatif est exprimé en litres d’oxygène nécessaires et en coûts. L’impact estimatif de ces investissements sur la santé est exprimé en nombre d’années de vie corrigées du facteur d’invalidité (AVCI) et de décès évités. En estimant et en exprimant sous forme monétaire l’écart entre la couverture actuelle d’oxygène et la couverture que l’on obtiendrait avec les investissements du Fonds mondial, nous pouvons estimer le rendement de l’investissement au moyen de seuils de rapport coût-efficacité pour chaque pays, ainsi que la valeur de cet investissement. Le Fonds mondial a confié la réalisation de cette étude à un professeur spécialisé en systèmes de santé mondiaux, épidémiologie et évaluation de l’Institute for Global Health de l’University College London.
Nous avons réalisé une analyse par modélisation au moyen du modèle Thanzi La Onse (TLO)[3] dans le but d’estimer l’impact sur la santé des récents investissements dans les ressources humaines pour la santé (RHS) au Malawi. Le modèle TLO est une simulation basée sur l’individu qui évalue les interactions entre les individus et le système de santé à travers une série de modules de maladie comprenant le paludisme, le VIH, la tuberculose, la rougeole, les infections aigües des voies respiratoires, la diarrhée, le diabète, l’hypertension, les maladies cardiaques, l’épilepsie, la dépression, les blessures dues aux accidents de la route, les cancers, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies rénales et la schistosomiase. La demande de RHS dans ces modules de maladie a été estimée, puis le modèle a déterminé les effets potentiels de l’augmentation des RHS et, subséquemment, les effets de cette augmentation sur les AVCI et les décès.
Le modèle de TLO a été étalonné avec les données épidémiologiques et les données sur le système de santé de la période 2015-2019. À partir de ces données, le modèle a « déduit » la productivité effective par agent de santé (par cadre, niveau d’établissement et district). Dans le scénario hypothétique, la capacité globale du personnel a été maintenue constante. Dans le scénario réel, la capacité globale du personnel a été proportionnée à l’augmentation du nombre d’agents de santé.
Des contraintes ont été appliquées dans le modèle pour mettre en évidence l’impact positif de la capacité supplémentaire. Par exemple, les services de soins de santé ne sont fournis que si les cadres concernés sont disponibles. Si un service ne peut être fourni immédiatement, il peut être retardé ou ne pas être fourni du tout. Par conséquent, un plus grand nombre d’agents de santé se traduit par une plus grande productivité du personnel et une plus grande probabilité que des soins de santé soient fournis en temps opportun. Les impacts sur les résultats en matière de santé ont été mis en évidence dans le modèle.
L’impact modélisé de l’augmentation des RHS couvre deux périodes : 1) 2021-2023 (rétrospective) et 2) 2024-2030 (prospective).
Il convient de noter que l’impact projeté pourrait être une sous-estimation de l’impact total, en raison des hypothèses prudentes formulées :
En revanche, d’autres limites pourraient avoir surestimé les impacts :
Le Fonds mondial a confié la réalisation de cette étude à une équipe de modélisation dirigée par un professeur en santé mondiale de l’Imperial College London, en collaboration étroite avec la Kamuzu University of Health Sciences du Malawi et le ministère de la Santé du Malawi.
Le rendement historique des investissements du Fonds mondial dans la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme a été estimé pour chaque pays et chaque maladie au moyen de deux méthodes, soit l’estimation de la valeur « intrinsèque » et l’estimation de la valeur « accessoire » de la réduction de la morbidité des trois maladies. L’estimation de la valeur « intrinsèque » de la santé s’appuie sur ce qu’une personne est disposée à payer pour améliorer son état de santé, tandis que l’estimation de la valeur « accessoire » procure une indication de la mesure dans laquelle la réduction de la morbidité et de la mortalité précoce augmente la productivité.
La charge de morbidité réelle des trois maladies au cours des vingt dernières années a été comparée à un scénario contrefactuel selon lequel la couverture des interventions clés de chaque maladie a été maintenue aux niveaux de 2000. Pour le scénario réel et contrefactuel, nous avons mené un exercice de modélisation pour estimer le nombre annuel de cas, de décès et d’AVCI, ainsi que les coûts. Le coût net du scénario réel comparé au scénario contrefactuel comprend le coût des interventions, c’est-à-dire celles qui préviennent de nouveaux cas ou améliorent les traitements, et les économies pour le secteur de la santé liées à la prise en charge d’un nombre inférieur de patients. Pour ces deux évaluations suivant des démarches standard,[4],[5] la valeur actuelle du flux prévisionnel des coûts et des avantages a été calculée en appliquant un taux d’actualisation de 3 % par an. La part de l’investissement du Fonds mondial dans le coût total variant selon les pays, nous avons calculé un taux de rendement des investissements spécifique au Fonds mondial en pondérant les coûts et les avantages propres à chaque maladie au regard de la part des financements du Fonds mondial allouée à chaque pays entre 2000 et 2022, période pour laquelle des résultats de modélisation et des données d’entrée étaient disponibles. Le rendement des investissements estimé a ensuite été appliqué au décaissement total du Fonds mondial depuis sa création jusqu’à la fin de 2023.
Selon la méthodologie recommandée dans les récentes directives en matière d’analyse coûts-avantages[4],[5], la valeur ajustée d’une année de vie statistique (VSLY en anglais) a été utilisée pour calculer les VSLY pour un pays et pour une année spécifiques, en anticipant la croissance économique dans les pays soutenus par le Fonds mondial :
où : VSLYit est calculé à partir de l’estimation 2019 de la valeur d’une vie statistique (VSL) aux États-Unis, soit 10,9 millions de dollars US[6], qui est ensuite transférée aux pays soutenus par le Fonds mondial au regard de la différence de revenu entre les États-Unis (GDPUSA) et celui du pays (GDPit), où GDPit est le produit intérieur brut (GDP) par habitant ajusté au vu de la parité de pouvoir d’achat du pays i l’année t en dollars internationaux, tiré de la base de données Perspectives de l’économie mondiale d’avril 2024[7] ; GDPUSA est le produit intérieur brut par habitant ajusté au vu de la parité de pouvoir d’achat des États-Unis (estimé à 77 192 dollars US en 2022) ; e est une estimation prudente de l’élasticité de revenu de 1,5, indiquant que les personnes les plus pauvres sont disposées à consacrer une moindre part de leur revenu pour réduire à l’identique les risques pour leur santé comparativement aux personnes ayant de plus hauts revenus ; et PV <0.5*LEBi> est l’espérance de vie résiduelle actualisée à l’âge moyen. À des fins d’approximation (selon les recommandations des directives en matière d’analyse coûts-avantages)[8], ous avons utilisé une moitié d’espérance de vie à la naissance dans le pays i en 2000 selon les données de la Banque mondiale[9]. Nous nous sommes éloignés des directives en matière d’analyse coûts-avantages en actualisant l’espérance de vie résiduelle lors de la conversion VSL en VSLY, ce qui était nécessaire dans un souci de cohérence lors de l’actualisation de tous les coûts et avantages en matière de santé, en tenant compte de l’année au cours de laquelle ils surviennent. Pour calculer le rendement des investissements, nous avons multiplié le nombre total d’années de vie actualisées corrigées du facteur invalidité (DALY) perdues dans chaque pays et chaque année, selon les prévisions de la modélisation, par le VSLY de la paire pays/année. Ainsi, nous avons choisi d’évaluer les décès proportionnellement à l’espérance de vie résiduelle associée au scénario hypothétique de ces décès (combien de temps ces personnes auraient encore vécu si elles n’étaient pas mortes de la maladie), et nous évaluons également la réduction du taux de morbidité non mortel afférent à ces maladies.
Lorsque des cas sont évités ou pris en charge efficacement, les membres du foyer peuvent continuer ou reprendre leurs activités productives. En utilisant la définition standard du capital humain pour calculer les « coûts indirects » des études sur le coût des maladies[10], nous avons calculé la perte de productivité par cas en multipliant une durée moyenne d’incapacité provisoire par un taux de rémunération, pour le scénario d’investissement et pour le scénario hypothétique. La durée représentait le nombre moyen de jours de travail perdus par le patient (ou par le parent du patient dans le cas de paludisme infantile).
Pour la tuberculose et le paludisme, l’accès au traitement n’affectait pas la durée de l’épisode, mais pour le paludisme, la durée variait selon la gravité du cas. Pour les cas de VIH, nous avons postulé que la durée de l’épisode correspondait à la période d’infection symptomatique non prise en charge dans une année (patients adultes [>15 ans] non traités présentant une numération des CD4 inférieure à 200). Nous avons supposé une réduction de la productivité de 15 % durant cette période[11].
Nous avons dérivé le taux de rémunération du PIB par habitant, déduction faite des rentes spécifiques aux pays provenant des ressources naturelles fournies par la Banque mondiale et d’un ajustement à la baisse supplémentaire tenant compte de la concentration disproportionnée de la charge de morbidité au sein des groupes de faible statut économique. Nous avons calculé la perte de productivité due aux décès prématurés (soit les revenus pour la durée de vie restante s’il n’y avait pas eu de décès prématuré) en multipliant la moyenne du nombre d’années de vie utile résiduelles à l’âge du décès par un taux de rémunération. Il a été supposé que chaque décès lié au VIH ou à la tuberculose entraînait une perte de 15 années utiles et que chaque décès lié au paludisme d’une personne âgée de plus ou de moins de cinq ans entraînait une perte de 25 ou 30 années utiles respectivement, après l’application d’un délai de 10 ans avant le début de la période de vie utile.
Plus de 90 % du rendement des investissements fondé sur la productivité dépend de la prévention des pertes de productivité liées aux décès. Notre démarche ne tient pas compte des impacts sociétaux potentiels sur d’autres foyers ne subissant pas de décès lié à la maladie. Dans les contextes présentant une part importante de travail non qualifié et un taux de chômage élevé, il est possible que lorsqu’une personne active quitte son travail à la suite d’une maladie ou d’un décès, elle soit rapidement remplacée par une autre personne qui était au chômage, ce qui réduit la perte nette pour la société. De plus, notre analyse ne tient pas compte des coûts de consommation futurs associés à la prévention d’un décès prématuré lié à la maladie. Enfin, nous ne tenons pas compte des autres changements macroéconomiques pouvant survenir, tels qu’une tendance à la baisse de la fertilité et la hausse des investissements par enfant à mesure que la survie des enfants s’améliore, ou de la hausse subséquente des niveaux d’éducation et de la productivité économique.
Le Fonds mondial a confié la réalisation de cette étude à un professeur spécialisé en science de prise décision en santé du Département des politiques et de la gestion de la santé de la Harvard T.H. Chan School of Public Health.
[1] Pour la tuberculose, les modèles se limitent à la tuberculose chez les personnes séronégatives au VIH ; les résultats chez les personnes séropositives au VIH atteintes de la tuberculose sont comptés dans les statistiques du VIH seulement.
[2] Institute for Health Metrics and Evaluation; https://www.healthdata.org/research-analysis/gbd
[3] https://www.tlomodel.org/
[4] U.S. Department of Transportation (2022). Departmental Guidance on Valuation of a Statistical Life in Economic Analysis. [consulté le 15 janvier 2022]. https:// www.transportation.gov/office-policy/ transportation-policy/revised- departmental-guidance-on-valuation-of-astatistical-life-in-economic-analysis
[5] Robinson LA, Hammitt JK, O’Keefe LO. « Valuing nonfatal health risk reductions in global benefit-cost analysis », Journal of Benefit-Cost Analysis, vol. 10 (suppl. 1):1-36.
[6] Pritchard C, Sculpher M. (2000). Productivity Costs: Principles and Practice in Economic Evaluation. Office of Health Economics, Londres.
[7] FMI. Perspectives de l’économie mondiale, mise à jour d’avril 2024. Fonds monétaire international (2024) https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2024/April
[8] Robinson LA, Hammitt JK, O’Keefe LO. « Valuing nonfatal health risk reductions in global benefit-cost analysis », Journal of Benefit-Cost Analysis, vol. 10 (suppl. 1) : 1-36.
[9] Banque mondiale. Base des indicateurs du développement dans le monde. https://data.worldbank.org/ indicator/SP.DYN.LE00.IN. [consulté le 10 septembre 2024].
[10] Pritchard C, Sculpher M. (2000). Productivity Costs: Principles and Practice in Economic Evaluation. Office of Health Economics, Londres.
[11] Thomas R, Friebel R, Barker K, Mwenge L et Kanema S. (2019). Work and home productivity of people living with HIV in Zambia and South Africa: Evidence from the HPTN 071 (PopART) trial.