En Afrique, les travailleurs du sexe sont plus vulnérables pendant la pandémie de COVID-19

04 juin 2020

En Afrique, les travailleurs du sexe font partie des communautés les plus impactées par la pandémie de COVID-19, le confinement et les répressions policières laissant des millions de personnes sans revenu. Ces groupes de population ont toujours été exposés aux violences et aux maladies infectieuses telles que le VIH, mais le COVID-19 aggrave ces risques.

« Les autorités ont fermé les bars et les discothèques, coupant les vivres à la plupart des travailleurs du sexe, qui ne peuvent plus subvenir à leurs besoins alimentaires, payer leurs loyers ou se procurer des médicaments de base pour eux-mêmes et leurs enfants », déplore Peninah Mwangi, directrice exécutive du Bar Hostess Empowerment and Support Programme (BHESP), la plus ancienne organisation kenyane œuvrant en faveur des travailleurs du sexe. « La situation est désespérée. »

Selon Peninah, les interruptions de distributions de préservatifs et des programmes de prévention de proximité par les pairs, en porte à porte et dans la rue, aggravent l’exposition des travailleurs du sexe au VIH et mettent en péril les avancées obtenues ces dernières années face à la maladie. La hausse du prix des transports publics liée aux restrictions imposées par la pandémie complique l’accès aux antirétroviraux.

Peninah, dont l’organisation compte 10 000 membres à Nairobi, affirme que les travailleurs du sexe se voient contraints d’exercer dans des maisons closes où l’insécurité règne et la violence est latente. Elle ajoute que les revenus des travailleurs du sexe ont diminué de 75 pour cent depuis le début de la crise, aggravant encore une situation déjà catastrophique. De nombreux travailleurs ont dû rentrer dans leurs villages et se retrouvent confrontés à la stigmatisation et au rejet de leurs familles.

« Les filles craignent davantage de mourir de la faim que du COVID-19. Pour bien des travailleurs du sexe, la prévention est loin d’être une priorité actuellement. Le COVID-19 aura un fort impact sur le VIH. »

Soutenue par le Fonds mondial, BHESP a entrepris de nombreuses démarches visant à pallier les difficultés auxquelles les travailleurs du sexe sont confrontés, sollicitant notamment les autorités locales afin d’obtenir des colis alimentaires et des trousses de produits hygiéniques. L’organisation aide les travailleurs du sexe à payer leurs loyers et déploie des activités de sensibilisation et de plaidoyer auprès des forces de police, les invitant à cesser les détentions et les mises en quarantaine forcées. De nombreux travailleurs du sexe abandonnent l’idée de se rendre dans un centre de santé, par peur du harcèlement.

Anciennement présidente de l’African Sex Workers Alliance, Peninah soutient que la pandémie de COVID-19 soulève des problèmes d’inégalité similaires partout en Afrique, où les groupes criminalisés et marginalisés tels que les travailleurs du sexe vivent dans des conditions de santé et économiques précaires, avec très peu de protection sociale.