Le 25 avril 2024
GENÈVE – La cinquante et unième réunion du Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial) a eu lieu cette semaine à Genève. Des décaissements record sont prévus cette année, sous l’impulsion d’investissements sans précédent dans les systèmes résistants et pérennes pour la santé et la préparation et la riposte aux pandémies. Cependant, le Conseil d’administration a abondamment mis en relief les nombreuses difficultés – changement climatique, conflits, déplacements de population, situation géopolitique et économique et, surtout, l’érosion des droits humains et de l’égalité des genres – qui minent la capacité du partenariat du Fonds mondial à atteindre son objectif de mettre fin aux trois maladies d’ici 2030.
Le Conseil d’administration a signalé l’urgence d’atténuer les impacts inévitables de l’actuelle polycrise sur la poursuite des efforts du partenariat du Fonds mondial pour mettre fin aux trois maladies et renforcer les systèmes pour la santé.
« Le modèle du Fonds mondial fonctionne, a déclaré Lady Roslyn Morauta, présidente du Conseil d’administration du Fonds mondial. Cinquante-neuf millions de vies ont été sauvées. Les investissements dans les systèmes résistants et pérennes pour la santé et la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme sont plus substantiels que jamais. Cela dit, nous devons regarder les défis en face, et mettre de l’avant un projet positif, progresser vers la pérennité et nous adapter aux risques, aux difficultés et à l’incertitude. »
Aider les pays à maintenir leur progrès, dans le contexte de volatilité qui prévaut, a été un thème récurrent de la réunion, à moins de six ans de la date butoir des cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
« L’une des priorités du Conseil d’administration est de veiller à ce que les pays disposent des ressources leur permettant de maintenir l’impact réalisé avec le soutien du Fonds mondial », a affirmé Bience Gawanas, vice-présidente du Conseil d’administration du Fonds mondial.
Les membres du Conseil d’administration représentant les communautés ont manifesté des inquiétudes quant à la durabilité des avancées accomplies jusqu’à présent si le financement mondial pour les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme venait à être réduit. Ils ont souligné l’avantage comparatif du Fonds mondial et la nature inclusive de son action.
Le Conseil d’administration a réitéré l’engagement indéfectible du Fonds mondial envers les droits humains et l’égalité des genres. Une séance préliminaire spéciale consacrée aux approches programmatiques visant à aborder les tendances inquiétantes observées en matière de droits humains et d’égalité des genres a profondément teinté les délibérations du Conseil.
« L’érosion alarmante des droits humains, en particulier ceux des communautés LGBTQI+, et la stagnation – dans certains cas le recul – du progrès en matière d’égalité des genres ont des impacts directs et majeurs sur notre capacité à atteindre nos objectifs en tant que partenariat, surtout pour le VIH, mais aussi pour la tuberculose et le paludisme, a déclaré Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. Pour parler franchement, c’est une menace existentielle au progrès contre le VIH. Nous consacrons beaucoup de temps et d’énergie, en collaboration avec nos partenaires sur le terrain, pour limiter les dégâts, mais nous n’arriverons pas à inverser la tendance à nous seuls. »
En période de crises multiples et de pressions économiques, le Fonds mondial se doit d’unir ses forces avec les partenaires de l’architecture de la santé mondiale. C’est dans cet esprit que le Conseil d’administration a approuvé la création d’un groupe de travail conjoint dont le mandat sera d’intensifier la collaboration et la coordination avec Gavi, l’Alliance du Vaccin et le Mécanisme de financement mondial. Les membres du Conseil ont également salué la participation de la directrice exécutive de Gavi, Sania Nishtar, et du chef du Secrétariat du Mécanisme mondial de financement, Luc Laviolette, à l’une des séances du Conseil. Les trois organisations ont reconnu l’importance vitale de leur étroite collaboration, en particulier dans la lutte contre le paludisme, dont les gains durement acquis sont menacés par le changement climatique et la résistance aux insecticides, entre autres.
« Les impacts du changement climatique sur la santé font déjà des victimes dans les communautés les plus pauvres et vulnérables du monde, que ce soit à cause du stress thermique, du paludisme ou d’autres maladies portées par des vecteurs, comme la dengue, a précisé Peter Sands. Les personnes les plus exposées aux menaces du changement climatique pour la santé sont les personnes qui bénéficient de notre aide. Le partenariat du Fonds mondial devra s’adapter au changement climatique afin d’assurer l’efficacité de ses programmes. »
La mobilisation des ressources de l’actuel cycle de subvention suit son cours prévu, et la planification de la conférence de reconstitution des ressources 2025 a déjà commencé. Reconnaissant le contexte difficile et volatil de la reconstitution des ressources et l’agenda international chargé, le Conseil d’administration a insisté pour que les partenaires de la santé mondiale misent sur la collaboration et la coordination pour mutuellement assurer leur succès. Tous les partenaires, y compris l’Organisation mondiale de la Santé, s’entendent sur le fait que toutes les initiatives de santé doivent être adéquatement financées pour fonctionner en synergie et en complémentarité.
Enfin, le Conseil d’administration a approuvé une politique d’assurance qualité des produits de lutte antivectorielle et la mise à jour de la politique relative aux achats. Ces politiques contribueront à l’équité d’accès à des produits et à des innovations de qualité garantie.