La lutte contre le sida et le COVID-19 nécessite des fondements solides

31 janvier 2022 par Angeli Achrekar et Peter Sands

Il y a vingt ans, le monde faisait face à une pandémie dévastatrice qui se propageait rapidement dans le monde entier. À cette époque, 5 millions de personnes étaient infectées par le VIH et 3 millions de personnes succombaient du sida chaque année. En 2020, on estime que 1,5 million de personnes ont été infectées par le VIH et que 680 000 personnes sont décédées des suites du sida. Ces avancées n'ont pas seulement permis de sauver des vies, elles ont aussi jeté les bases de la santé publique que de nombreux pays utilisent aujourd'hui pour faire face à la pandémie de COVID-19.

Ces fondements existent, en grande partie, grâce au leadership et aux investissements historiques des États-Unis dans la riposte mondiale au sida au cours des vingt dernières années. La première promesse de don des États-Unis au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial) a été réalisée par le président George W. Bush en 2001. Et il y a 19 ans, aujourd’hui, il lançait le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) lors de son discours de 2003 sur l’état de l’Union. Depuis lors, le gouvernement des États-Unis a investi près de 100 milliards de dollars US dans ces deux programmes historiques, grâce au solide leadership bipartite du Congrès et à la compassion et la générosité des Américains.

En plus de réorienter la trajectoire de la pandémie de sida, les investissements des États-Unis en matière de santé mondiale ont aidé les pays à mieux prévenir et détecter d'autres menaces sanitaires et y riposter, et ils ont renforcé la sécurité sanitaire mondiale. Comme l’a déclaré le président Joe Biden à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida en 2021 : « En renforçant les capacités des pays à lutter contre le sida, nous avons également amélioré notre capacité collective à lutter contre d'autres maladies. »

Avec le soutien du PEPFAR et du Fonds mondial, les pays partenaires ont augmenté la portée et la résilience de leurs systèmes de santé, avec la capacité de s'adapter, d'innover et de riposter rapidement aux chocs majeurs. Ensemble, le PEPFAR et le Fonds mondial investissent plus de 2,2 milliards de dollars US chaque année dans le renforcement des systèmes de santé. Le PEPFAR soutient des programmes dans plus de 70 000 établissements de santé et centres de santé communautaires en lien avec 3 000 laboratoires, près de 300 000 agents de santé, des chaînes d'approvisionnement complètes pour les produits de santé, et des systèmes locaux solides pour la collecte et l'utilisation des données sanitaires. Les deux initiatives ont considérablement investi dans les systèmes de santé communautaires, en donnant aux communautés touchées les moyens de concevoir et de fournir des services adaptés à leurs besoins.

Ces mêmes systèmes ont été vitaux dans la riposte mondiale au COVID-19, comme ils l'avaient déjà été pour contenir Ebola et la grippe H1N1. Comme l'a fait remarquer le secrétaire d’État Antony Blinken l'année dernière, au Nigéria : « Le PEPFAR a sauvé des millions de vies, amené le monde aux portes de la première génération libérée du sida et transformé les infrastructures de santé publique, là où les investissements que nous avons faits il y a des années dans les laboratoires et les cliniques ont constitué la base de la riposte de cette nation au COVID-19. »

En travaillant ensemble, le PEPFAR et le Fonds mondial ont soutenu les pays en :

  • réalisant des dizaines de millions de tests du COVID-19 ;
  • utilisant les capacités de surveillance établies pour la détection du VIH afin d'identifier et de traiter les zones sensibles du COVID-19 ;
  • utilisant les systèmes de gestion des informations sanitaires pour les programmes de lutte contre le VIH afin de collecter et d'utiliser les données sur les cas, les décès et les vaccinations du COVID-19 ;
  • fournissant des kits de test du COVID-19, des équipements de protection individuelle, des réactifs de laboratoire et d'autres produits essentiels par le biais des chaînes d'approvisionnement des soins de santé liés au VIH ;
  • administrant des millions de vaccins contre le COVID-19, en abordant notamment la question de la confiance envers les vaccins.

Les programmes de lutte contre le VIH se sont avérés remarquablement résistants face au COVID-19. L'année dernière, le PEPFAR et le Fonds mondial ont non seulement protégé l'accès au traitement antirétroviral vital pour des dizaines de millions de personnes, mais ils ont également ajouté des millions d'autres personnes dans le besoin aux listes de traitement. Alors que les services de prévention du VIH ont été perturbés dans de nombreux pays par la pandémie de COVID-19, l'adoption rapide d'approches numériques et d'autres approches innovantes a atténué ces interruptions et permis un accès continu — et, dans de nombreux cas, élargi — à des millions de personnes.

Cependant, notre travail est loin d’être terminé. Le COVID-19 continue de représenter une menace sanitaire mondiale importante, notamment pour les 37,7 millions de personnes vivant avec le VIH à travers le monde. Dans les pays les plus pauvres du monde, les retombées de la pandémie de COVID-19 sur les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme causent des dommages supplémentaires, notamment aux personnes les plus vulnérables.

La réalisation de l'objectif du programme de développement durable des Nations Unies visant à mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d'ici 2030, ainsi que le contrôle de la pandémie de COVID-19, nécessiteront des efforts et des investissements soutenus, tout comme la préparation à la prochaine grande menace sanitaire mondiale. Le leadership des États-Unis, qui accueilleront la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial cet automne, est un pas en avant, vers la mobilisation mondiale nécessaire pour vaincre le sida et mieux reconstruire. Le PEPFAR et le Fonds mondial ont aidé les pays à établir des fondements solides pour la lutte contre les maladies infectieuses de même que, de façon générale, pour la préparation et la riposte aux pandémies. Nous sommes prêts à continuer à les aider à relever ces défis en constante évolution, encore longtemps, à l’avenir.

La Dre Angeli Achrekar est coordinatrice par intérim de la lutte contre le sida dans le monde et la représentante spéciale pour la diplomatie de la santé mondiale, à la tête du Plan d'urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) au Département d’État américain.

Peter Sands est le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Cette tribune est d’abord parue en anglais dans The Hill.