Le 10 novembre 2021
GENÈVE – Le Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a approuvé la nouvelle stratégie du Fonds mondial : Combattre les pandémies et bâtir un monde plus sain et plus équitable. Cette nouvelle stratégie place les communautés au centre de la lutte contre le VIH, la tuberculose, le paludisme et vise une transition accélérée vers des modèles de prévention, de traitement et de soins plus intégrés et centrés sur la personne. Les communautés touchées par les maladies représentent une force unique du partenariat du Fonds mondial, et la nouvelle stratégie vise à renforcer leur leadership et leur engagement, ainsi qu’à lever les obstacles à leur entière participation.
« L’élaboration de la stratégie fut un processus inclusif qui a tenu compte des différentes perspectives des circonscriptions du Conseil, des consultations auprès des parties prenantes et des données probantes pour aboutir à un plan audacieux et cohérent » souligne le Dr Donald Kaberuka, président du Conseil. Selon lui, la nouvelle stratégie permettra d’adopter une position plus ferme concernant les inégalités en matière de santé et de genre et les obstacles liés aux droits humains comme la criminalisation des populations clés, et aidera à lever les obstacles juridiques qui entravent fondamentalement la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. « En mettant l’accent sur les populations les plus pauvres et marginalisées, nous aiderons les pays à s’attaquer aux défis mondiaux et aux impacts émergents de la pandémie, en vue de renforcer leurs systèmes de santé et d’offrir une véritable couverture sanitaire universelle », ajoute-t-il.
« Il s’agit d’un plan novateur et audacieux qui place l’individu au cœur de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, affirme Lady Roslyn Morauta, vice-présidente du Conseil. Les gouvernements maîtres d’œuvre, les communautés, la société civile, les partenaires de développement et les partenaires techniques se sont mis d’accord pour redoubler d’efforts en vue de mettre fin à ces maladies. Cette détermination témoigne de la force du partenariat du Fonds mondial et de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous travaillons ensemble, solidairement, vers un objectif commun. La stratégie approuvée aujourd’hui nous met sur la voie du succès pour la reconstitution des ressources l’an prochain, pour la mise en œuvre dans les années à venir et pour la réalisation de notre mission : sauver des vies. »
Reconnaissant que la crise du COVID-19 a occasionné un grave recul dans la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme tout en exacerbant les inégalités et les obstacles liés aux droits humains et au genre qui entravent l’accès aux soins de santé essentiels, le Conseil exhorte le partenariat à passer à l’action pour rétablir la trajectoire vers l’atteinte des cibles de 2030, opérationnaliser la nouvelle stratégie et appuyer la santé des personnes et des communautés.
Le Conseil signale également que la nouvelle stratégie répond aux récents bouleversements dans le domaine de la santé mondiale en reconnaissant explicitement le rôle que le partenariat du Fonds mondial peut et doit jouer dans la préparation et la riposte aux pandémies, compte tenu des impacts des pandémies sur les communautés vulnérables et sur la mission du Fonds mondial, sans oublier la position privilégiée qu’occupe le partenariat dans ce domaine.
« Essentiellement, la préparation aux pandémies est un élément intrinsèque d’un système de santé résilient, explique Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. L’intervention rapide et rigoureuse de notre dispositif de riposte au COVID-19 a prouvé que nous sommes un acteur hautement efficace dans la riposte aux pandémies. »
Dans une allocution au Conseil, Peter Sands a souligné les impacts dévastateurs du COVID-19 sur le VIH, la tuberculose et le paludisme, en insistant sur le fait que ce sont les personnes vivant dans la pauvreté et marginalisées qui subissent les plus lourdes conséquences socioéconomiques de la pandémie. « Il faudra de nombreuses années pour effacer ces stigmates, affirme Peter Sands. La communauté internationale peut et doit agir beaucoup plus énergiquement et rapidement pour sauver des vies et mettre fin à cette pandémie. Nous avons les outils qu’il faut — l’équipement de protection individuelle, les tests, les traitements et les vaccins — mais nous devons agir plus rapidement pour les rendre accessibles et les déployer efficacement. » À propos de la nouvelle stratégie, il ajoute : « La nouvelle stratégie nous amène encore plus loin que la stratégie précédente. Elle permettra au partenariat du Fonds mondial de hausser son rendement et ses impacts, alors que nous nous adaptons aux bouleversements découlant du COVID-19 et que nous cherchons à rétablir la trajectoire vers l’atteinte des cibles de 2030 pour le VIH, la tuberculose et le paludisme. »
La réunion du Conseil s’est déroulée pendant la COP26, où l’on a discuté notamment des impacts du changement climatique sur la santé. Le Conseil souligne que la nouvelle stratégie reconnaît l’impératif d’aborder la menace et les impacts du changement climatique sur les trois maladies et la vulnérabilité des populations à risque. Le Fonds mondial continuera d’aider les pays à s’adapter au changement climatique et à en atténuer les impacts sur la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et dans le contexte élargi des programmes de santé et communautaires. Il s’agira notamment de continuer de réagir aux situations d’urgence causées par les catastrophes climatiques et d’aider les pays à mettre sur pied des programmes de lutte contre les maladies et des systèmes de santé mieux adaptés et plus résilients face au changement climatique.
En outre, le Conseil a approuvé le budget de fonctionnement prévu de 322 millions de dollars US pour 2022, portant le budget de fonctionnement total à 930 millions de dollars US pour le cycle de 2020-2022 à l’appui des activités et de la transition vers le nouveau cycle stratégique. Le Conseil a également approuvé la nouvelle répartition des ressources entre les trois maladies à l’échelle mondiale pour les allocations de la période 2023-2025. Pour les sommes allouées aux pays jusqu’à un total de 12 milliards de dollars US, la répartition est de 50 % pour le VIH, 18 % pour la tuberculose et 32 % pour le paludisme. Pour les sommes au-delà du total de 12 milliards de dollars US, la répartition sera de 45 % pour le VIH, 25 % pour la tuberculose et 30 % pour le paludisme.
Le Dr Kaberuka a accueilli favorablement la décision prise aujourd’hui d’augmenter la part du financement de la lutte contre la tuberculose dans cette répartition des ressources : « Ce nouvel équilibre permettra d’accorder une plus grande part du financement à la lutte contre la tuberculose. Il conduira à une intensification des programmes de lutte contre la tuberculose pour les personnes les plus touchées, tout en préservant les acquis face au VIH et au paludisme. »
Le Conseil a également approuvé le nouveau modèle pour la fonction d’évaluation indépendante du Fonds mondial, qui prévoit la création d’un Comité d’évaluation indépendante et d’un poste de directeur de l’évaluation et de l’apprentissage.
Reconnaissant les impacts du COVID-19 sur l’environnement opérationnel et le paysage des risques du Fonds mondial, le Conseil a rappelé qu’il est responsable, en dernier ressort et devant les parties prenantes du Fonds mondial, de la mise en œuvre d’une gestion efficace des risques. Les membres du Conseil ont approuvé une augmentation de l’appétence au risque, tout en insistant sur l’atténuation active des risques, en particulier à l’échelle des pays, et en demandant au Secrétariat de fournir des rapports plus détaillés sur les nouvelles tendances des risques et le suivi de l’efficacité et des résultats des mesures de garantie, y compris les garanties existantes.
En prévision de la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial l’an prochain, et à moins de dix ans de la date butoir des Objectifs de développement durable des Nations Unies, le Conseil appelle l’ensemble du partenariat à se mobiliser dans le but de multiplier les ressources financières pour la lutte contre les trois maladies. Les subventions fondées sur la nouvelle stratégie seront mises en œuvre en janvier 2024 avec des fonds provenant de la septième reconstitution des ressources à venir.