Nous disposons d’outils pour prévenir le VIH – assurons-nous qu’ils atteignent ceux qui en ont le plus besoin

30 novembre 2022 par Susie McLean, conseillère principale, Prévention du VIH, le Fonds mondial

Comme la prévention du VIH évolue, l’approche du Fonds mondial en matière d’investissement dans la prévention du VIH évolue également.

En préparation au prochain cycle de financement du Fonds mondial, nous travaillons avec des programmeurs, des chercheurs et des défenseurs pour adapter nos investissements dans la prévention du VIH afin de tirer parti de nouvelles occasions et d’améliorer les options offertes aux personnes qui en ont le plus besoin.

Ceci est indispensable si nous voulons faire baisser de façon importante le nombre de nouvelles infections à VIH.

De nouveaux outils de prévention émergent grâce aux efforts remarquables investis dans la recherche et le développement. Nous disposons ainsi de nouveaux moyens d’offrir des services de prévention à un plus grand nombre de personnes. 

La prophylaxie préexposition, un médicament que l’on peut prendre pour se protéger du VIH, est disponible sous forme de comprimés depuis un certain temps déjà, mais de nombreuses personnes n’y ont toujours pas accès. Ses formulations évoluent, et nous commençons à entrevoir la possibilité d’une prophylaxie préexposition injectable à action prolongée. Elle existe également sous la forme d’un anneau vaginal : il s’agit de la première option de prévention du VIH efficace et contrôlée par la femme jamais créée. 

Il y a la notion « indétectable = non transmissible ».

Cela signifie que lorsque les personnes séropositives au VIH connaissent leur statut sérologique VIH et prennent un traitement contre le VIH régulièrement, leur charge virale devient indétectable. Lorsque la charge virale d’une personne est indétectable, la personne ne transmet pas le VIH par voie sexuelle. Cela entraîne des conséquences profondes sur les modes de transmission du virus dans de nombreux pays à travers le monde.

Il existe également des tests d’autodiagnostic à domicile du VIH permettant à chacun d’établir son statut sans avoir besoin de se rendre dans une clinique, de fournir ses informations personnelles ou de faire la queue.

Et nous disposons toujours des préservatifs et des lubrifiants, fondements de la prévention du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées.

Nous avons le traitement de substitution et du matériel d’injection propre, notamment des seringues avec un faible volume mort rendant l’injection plus sûre. Nous avons également un remède abordable contre l’hépatite C.

Et nous avons Internet et les médias sociaux. Nous sommes nombreux à avoir entre les mains des appareils qui nous permettent de nous informer sur le VIH, sur sa transmission et sur les endroits où obtenir des outils de prévention rapidement et en toute confidentialité. 

Mais malgré ces nouvelles options et ces plateformes améliorées, les outils de prévention du VIH demeurent hors d’atteinte pour un trop grand nombre de personnes, ou elles n’ont pas le pouvoir ou l’autonomie nécessaires pour y accéder et les utiliser. Et nous n’atteindrons pas ces personnes si nous nous limitons aux modèles de prévention du passé. 

La prévention du VIH doit changer, évoluer et s’adapter pour fournir des outils de prévention du VIH actuels et nouveaux à un plus grand nombre de personnes. Les services doivent être offerts à plus grande échelle.

Pendant des années, les efforts de prévention du VIH ont reposé sur des réseaux d’organisations communautaires qui allaient directement au contact des populations pour leur distribuer des préservatifs ou des seringues propres et les informer sur le VIH et les avantages de la prévention, du dépistage et du traitement. Partout dans le monde, de vastes réseaux d’organisations locales aident des personnes vivant dans des communautés très touchées – dans des maisons closes, des centres de désintoxication, des bars, dans les montagnes, sous des ponts, derrière des devantures de magasins et dans des refuges. C’est – et cela restera – le fondement de la prévention du VIH.

Cependant, pour toucher le plus grand nombre, nous devons aider les organisations communautaires à étendre leur portée grâce à la communication par Internet, à renforcer la sensibilisation par le biais des médias sociaux et à trouver de nouveaux moyens d’atteindre plus de personnes ayant besoin de prévention, en particulier les jeunes. Il faut aider les organisations communautaires à évoluer et à adapter leurs modèles de façon qu’elles soient en première ligne de l’offre d’autodiagnostic à domicile du VIH et de la prophylaxie préexposition.  

Nous devons aussi exploiter les connaissances et la compréhension profonde dont ces organisations disposent au sujet des communautés avec lesquelles elles travaillent pour garantir que les stratégies de prévention du VIH les plus efficaces sont utilisées pour atteindre les personnes les plus à risque.

Par exemple, les jeunes femmes sont souvent très vulnérables au VIH et peuvent ne pas avoir le pouvoir de négocier l’utilisation du préservatif. L’anneau vaginal permet aux femmes d’avoir un meilleur contrôle sur leur corps : elles peuvent insérer l’anneau tous les mois pour augmenter considérablement leur protection contre la transmission du VIH par voie sexuelle.

Mais les organisations communautaires, les pharmacies, les services de santé sexuelle et les programmes nationaux qui planifient la prévention du VIH doivent être soutenus pour garantir que les jeunes femmes ont réellement accès à cet outil.

Les produits de prévention et de dépistage du VIH, y compris l’anneau vaginal, devraient être faciles à se procurer – non seulement dans les cliniques, mais aussi dans des endroits beaucoup plus proches des lieux où les gens vivent, travaillent, ont des relations sexuelles et consomment des drogues. Ces endroits sont souvent très éloignés des cliniques, lesquelles ont des horaires d’ouverture limités, des systèmes d’inscription, des files d’attente et du personnel qui pourrait avoir des préjugés ou enfreindre la vie privée.

Kigali, Rwanda. Des jeunes se tenant devant un kiosque qui fournit des préservatifs gratuits dans un quartier animé de la ville, où l’on trouve de nombreux bars et boîtes de nuit.
Le Fonds mondial / Vincent Becker

Il est temps de donner la priorité au « dernier kilomètre » en ce qui a trait à la prévention et aux produits de dépistage du VIH : les bars, les distributeurs automatiques, les kiosques, les pharmacies, les sites de rencontre, les ruelles et les services de proximité qui garantissent que les options de prévention du VIH sont disponibles plus près des lieux d’activité sexuelle et de consommation de drogues. À l’instar des contraceptifs, les outils de prévention et de dépistage du VIH devraient être facilement accessibles sans ordonnance dans des lieux comme les pharmacies.

Notre vision de la prévention du VIH est d’investir pour garantir qu’un plus grand nombre de personnes disposent d’options de prévention, lorsqu’elles en ont besoin, et qu’elles ont les connaissances et le pouvoir nécessaires pour les utiliser.

Nous pourrons alors mettre un terme aux épidémies de VIH dans les communautés du monde entier.