Le 17 juin 2020
Selon les résultats de la dernière enquête sur les programmes financés par le Fonds mondial, menée auprès de 106 pays, la prestation de services de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme a très souvent été perturbée par la pandémie de COVID-19, ce qui a touché environ trois quarts des programmes existants dans ces domaines.
Selon cette enquête qualitative, des difficultés ont été rencontrées en matière de prévention du VIH ainsi que de dépistage et de détection des cas de VIH, de tuberculose et de paludisme ; des activités de prévention ont été annulées ou retardées ; et des membres du personnel médical et du personnel de laboratoire ont été mobilisés pour des activités de lutte contre le COVID-19. Principaux résultats de la dernière enquête, réalisée le 1er juin :
Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes et les pays d’Afrique à forte charge de morbidité connaissent les niveaux les plus élevés de perturbation de la mise en œuvre de leurs programmes.
Des perturbations importantes ou très importantes ont été signalées dans 20 % des services de laboratoire de VIH et de tuberculose, et en l’absence de diagnostic et de traitement des personnes atteintes, celles-ci peuvent continuer d’en contaminer d’autres. À titre d’exemple, une personne atteinte de tuberculose active peut en contaminer 10 à 15 autres en un an.
Si, d’après les résultats de l’enquête, les chaînes d’approvisionnement continuent largement de fonctionner, 10 % des programmes de lutte contre le VIH, 9 % des programmes de lutte contre la tuberculose et 6 % des programmes de lutte contre le paludisme sont confrontés à des pénuries de fournitures médicales et de médicaments essentiels. Étant donné qu’un nombre croissant de pays ont signalé des perturbations dans leurs systèmes de communication de l’information régulière, il est désormais plus difficile de suivre leurs progrès.
Selon les données qualitatives issues de l’enquête, le confinement, la limitation des rassemblements de personnes et l’arrêt des transports sont les principales raisons pour lesquelles certains activités ont été annulées ou retardées. La perturbation des programmes s’explique également par la stigmatisation liée au COVID-19, par la réticence des agents de santé à prendre en charge des personnes soupçonnées d’être atteintes de la tuberculose ou du paludisme, qui présentent de nombreux symptômes initiaux semblables à ceux du COVID-19, et par le fait que les patients n’ont plus recours aux services de santé habituels par crainte d’être contaminés par le COVID-19 ou en raison des difficultés financières rencontrées à cause de la pandémie.
Comme l’a affirmé Peter Sands, Directeur exécutif du Fonds mondial : « Nous avons constaté des effets similaires par le passé pendant les flambées de maladie à virus Ebola, et nous savons que si les programmes vitaux de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme sont interrompus, le nombre de décès supplémentaires liés à ces maladies peut dépasser largement le nombre de décès liés au COVID-19 ».
Chaque année, les programmes soutenus par le partenariat du Fonds mondial sauvent plus de cinq millions de vies. Les perturbations de ces programmes peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Des études de modélisation récentes ont montré que le nombre de décès liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme pouvait quasiment doubler dans les années à venir à cause de la pandémie de COVID-19, ce qui réduirait à néant les acquis durement obtenus après de si nombreuses années, à moins de fournir de toute urgence la formation, les ressources et les équipements de protection nécessaires aux agents de santé pour pouvoir continuer de travailler en toute sécurité.
Le Fonds mondial, principale source multilatérale de financement des subventions aux systèmes de santé à l’échelle mondiale, a débloqué un financement immédiat à hauteur de 1 milliard de dollars US pour aider les pays à lutter contre le COVID-19, à atténuer les conséquences de la pandémie sur les programmes vitaux de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, et à éviter que les systèmes de santé les plus fragiles ne soient dépassés. Les pays et les communautés s’efforcent de concevoir des approches nouvelles et innovantes pour pouvoir fournir des services en toute sécurité, telles que le suivi virtuel du traitement de la tuberculose à travers une application pour smartphone, la délivrance de plusieurs mois de traitement pour les personnes atteintes du VIH ou de la tuberculose, ou la distribution en porte-à-porte de matériel essentiel, tel que les moustiquaires.
« La pandémie de COVID-19 commence à peine à accélérer dans de nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire et les besoins vont exploser », a affirmé Peter Sands. « Notre financement initial devrait être largement déployé avant fin juin. Des fonds supplémentaires sont absolument nécessaires pour lutter contre le COVID-19 et pour pouvoir adapter les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. À défaut, de nombreuses pertes en vies humaines seront encore à déplorer ».
Quelques mots sur la méthodologie : L’enquête bihebdomadaire est remplie en ligne par des agents locaux du Fonds présents dans les pays qui effectuent le suivi de la mise en œuvre des subventions et des progrès réalisés au nom du Fonds mondial. Cet outil permet de recenser les éventuels risques et les perturbations des programmes mais, compte tenu de sa nature qualitative, il n’a pas pour objet de fournir une évaluation précise de la situation des pays et ses résultats ne doivent pas être interprétés de cette façon. Les informations recueillies regroupent un large éventail de points de vue des parties prenantes dans les pays et n’ont pas été vérifiées ni calibrées. Au total, 106 pays ont répondu à l’enquête.