Header photo The Global Fund/Ashley Gilbertson

Guerre en Ukraine : maintien des services vitaux de lutte contre le VIH et la tuberculose

Depuis l’expansion de la guerre en Ukraine fin février 2022, plus de 14 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays ou forcées de chercher refuge dans un pays voisin, perdant souvent dans le processus leur accès à des soins de santé. Les services de prévention et de diagnostic du VIH et de la tuberculose ayant été perturbés, nombre de personnes atteintes de ces infections ont été contraintes d’interrompre leur traitement.

Avant même la guerre, les charges de morbidité du VIH et de la tuberculose étaient déjà élevées en Ukraine. Au cours des deux dernières années, plus de 1 500 établissements de santé ont été attaqués. Des agents de santé et des patients ont été déplacés, blessés et tués. En Ukraine et dans les pays voisins, le travail de dépistage et de traitement du VIH et de la tuberculose effectué par le Fonds mondial et ses partenaires a été perturbé par le climat de danger qui règne depuis la guerre.

Financement d’urgence en soutien aux services de lutte contre le VIH et la tuberculose

Entre mars 2022 et août 2023, le Fonds mondial a approuvé un financement d’urgence totalisant 27,7 millions de dollars US en appui à la continuité des services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH et de la tuberculose en Ukraine. À cette somme s’ajoutent les 165,5 millions de dollars US approuvés en décembre 2023 pour la période de mise en œuvre 2024-2026 à l’appui de la lutte de l’Ukraine contre le VIH et la tuberculose et du renforcement de ses systèmes pour la santé. Cette nouvelle aide financière s’inscrit dans la continuité des subventions et des fonds de contrepartie catalytiques accordés à l’Ukraine (135,7 millions de dollars US) pour sa lutte contre le VIH et la tuberculose pour la période 2021-2023, et des fonds accordés pour sa riposte au COVID-19 (54,5 millions de dollars US). Le financement total s’élève donc à près de 190 millions de dollars US. Le Fonds mondial a également approuvé une aide de 28 millions de dollars US afin de reprogrammer les subventions existantes pour la réponse et l’adaptation aux besoins programmatiques du pays.

Nos récipiendaires principaux – le Centre de santé publique, le ministère de la Santé, 100% Life et l’Alliance pour la santé publique – et plus de 100 organisations à assise communautaires et dirigées par la communauté offrent des services aux personnes vulnérables atteintes du VIH et de la tuberculose. Nous continuons de travailler en étroite collaboration avec tous nos partenaires pour mener à bien les mesures essentielles au renforcement des soins de santé et des systèmes communautaires, et pour garantir aux patients un accès permanent à la prévention, au dépistage et au traitement du VIH et de la tuberculose. Des fonds sont alloués pour ce qui suit :

  • Générateurs pour les laboratoires régionaux où l’alimentation électrique est limitée ou menacée.
  • Conversion de fourgonnettes pour la livraison de fournitures et médicaments essentiels.
  • Achat de médicaments contre le VIH et la tuberculose et d’équipement et de réactifs pour le diagnostic.
  • Organismes communautaires pour le soutien des personnes affectées et déplacées hors de leur collectivité et leur mise en relation avec des services de lutte contre le VIH et la tuberculose.
  • Soutien aux patients déplacés en Ukraine et dans les pays voisins pour l’accès aux soins de santé et aux médicaments essentiels.
  • Aide alimentaire et sanitaire aux patients atteints de la tuberculose ou du VIH et aux bénéficiaires des programmes de prévention et de dépistage.
  • Financement de l’aide juridique pour les communautés et personnes déplacées.
  • Hébergement adéquat pour les patients atteints de maladies infectieuses comme la tuberculose multirésistante.
  • Financement de services de santé mentale supplémentaires, en particulier pour les femmes ayant subi de la violence sexuelle et fondée sur le genre à cause de la guerre.

Situation ukrainienne en matière de VIH et de tuberculose

Avant la guerre, l’Ukraine avait réalisé des avancées remarquables dans la lutte contre le VIH et la tuberculose.

Depuis que le Fonds mondial a commencé à investir dans ce pays il y a plus de 20 ans, des progrès notables ont été accomplis dans la lutte contre le VIH : l’efficacité de la mise en relation des patients avec les services de traitement a été améliorée, la suppression virale a été renforcée, et le nombre d’infections et de décès a été considérablement réduit. En 2021, 75 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique, 83 % des personnes diagnostiquées étaient sous traitement antirétroviral et 94 % d’entre elles avaient une charge virale indétectable. Le financement national des services de prévention du VIH pour les populations les plus vulnérables a également augmenté, tout comme la capacité des organismes communautaires.

Le taux d’incidence de la tuberculose a diminué avec régularité entre 2015 et 2021, passant de 91 à 73 cas par 100 000 habitants, mais ce taux était remonté à 90 cas par 100 000 habitants en 2022 selon les données de l’Organisation mondiale de la Santé. La couverture du traitement antirétroviral chez les personnes vivant avec la tuberculose et le VIH est passée de 65 % en 2015 à 92 % en 2022. Toutefois, la prévalence et la mortalité de la tuberculose demeurent élevées au pays, et la tuberculose pharmacorésistante constitue toujours une menace pour la santé publique.

En dépit de ce contexte difficile, les programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose appuyés par le Fonds mondial ont continué de fonctionner grâce à un modèle adapté et à un recours accru à des unités mobiles, qui ont permis de porter le dépistage du VIH et de la tuberculose aux militaires et d’offrir du soutien social, la prestation à domicile et des services de santé mentale aux personnes déplacées et aux agentes et agents de santé.

Depuis 2003, le Fonds mondial a investi plus d’un milliard de dollars US en Ukraine en soutien à des programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose, en plus des investissements pour adapter la prestation des services de santé en contexte de pandémie de COVID-19. Cette adaptation et cette résilience accrue des services de santé et des systèmes communautaires se sont avérées inestimables, car des hôpitaux ont été endommagés ou détruits et les déplacements forcés continuent de faire perdre aux personnes leur accès aux soins de santé, y compris au traitement du VIH et de la tuberculose.